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Politique Publié le jeudi 9 septembre 2010 | Courrier d’Afrique

Bénin – Présidentielle de 2011 :Abt, un sérieux troisième larron dans la course

Il était vainement attendu dans le starting-block du scrutin de mars 2006. Annoncé aujourd’hui comme un outsider, Abdoulaye Bio Tchané s’impose chaque jour davantage comme un candidat crédible capable de déjouer tous les pronostics.

Maurel Obangue

La présidentielle de 2011 au Bénin sera tout sauf un match amical. Boni Yayi qui estime à avoir réalisé un bilan historique, est condamné à confirmer son score tout aussi historique de 75% en 2006. Adrien Houngbédji, candidat unique de l’opposition et jouant sa dernière chance au scrutin présidentiel (en 2016, il sera frappé de la limite d’âge de 70 ans) a retrouvé de l’optimisme en construisant sa philosophie politique sur les scandales financiers du régime Yayi.

Face à ces deux poids lourds, Abdoulaye Bio Tchané, président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), est parti pour être un prétendant de second rang. Mais c’est sans compter avec l’activisme de ses partisans dont les rangs ne cessent de grossir. L’aura politique de celui que les Béninois connaissent désormais sous les initiales d’Abt (Abdoulaye Bio Tchané) s’étend de jour en jour. Sa popularité ne fait plus de doute. Son discours marque les esprits et ses militants s’organisent et quadrillent le pays. Comme ce fut le cas le week-end du 7 août où Abt a soulevé des foules entières dans tout le nord du pays. Une mobilisation humaine qui révèle non seulement la capacité du camp Tchané à sortir le grand jeu mais aussi la notoriété d’un homme décidé à faire plus que de la simple figuration. Abt prend en tout cas de l’ampleur politique. De Cotonou à Malanville, il marque son territoire.

Dans toutes les communes du pays, de petits comités, de grandes personnalités politiques, des sages et notabilités rejoignent la coalition Abt apportant du crédit à une candidature mais aussi de la chance de prospérer. De plus en plus, les observateurs sont convaincus qu’Abdoulaye Bio Tchané, sera au second tour, du moins sera le faiseur de roi en 2011 s’il n’est pas roi lui-même. Et le contexte s’y prête progressivement. Les partisans du régime montrent des signes de panique face à la montée en puissance de la marée Abt dont les sympathisants dénoncent chaque jour des actions de persécution. Un collectif d’avocats béninois et étrangers s’est récemment constitué pour prendre la défense de ces militants persécutés et violentés par les proches du pouvoir.

Au Bénin, cette atmosphère de persécution a toujours eu des répercussions fastes pour ceux qui en sont victimes. La dernière fois où le pays en a fait l’expérience, c’était en 2006. La classe politique d’alors avait tout mis en œuvre, y compris le recours à la loi, pour compromettre la candidature de Boni Yayi. Les Béninois se souviennent encore de ce débat interminable sur le critère de résidence dont les observateurs avaient qu’il était dirigé contre le président de la Boad d’alors, logé à Lomé. On connaît la suite. La coalition ABT a surtout retenu la leçon, tenant avec réussite un discours sur la victimisation de Tchané.


Grand gestionnaire

Mais le plus grand atout de cet économiste et banquier est lié à sa personnalité et à son parcours professionnel. Ses amis le décrivent comme un homme «humble, discret, posé, compétent, expérimenté, rigoureux, tenace, patriote méthodique, ayant un goût très prononcé pour la justice et l’équité sociale». A 58 ans, Abdoulaye Bio Tchané a réussi à se forger une carrière qui l’a propulsé parmi les grands cadres d’Afrique et du monde. En accédant en 2008 à la présidence de la Boad, l’ancien assistant du gouverneur de la Bceao (1992-1996) venait de passer cinq ans à la tête du département Afrique du Fonds monétaire international (Fmi). C’est la plus haute fonction qu’un Béninois n’ait jamais occupée sur le plan international.

Mais c’est son passage au ministre de l'Economie et des Finances du Bénin qui a surtout marqué les esprits. En quatre ans (1998-2002), Abdoulaye Bio Tchané a fait preuve d’une «efficacité hors pair» et d’une «volonté tenace de lutter contre la corruption». Les Béninois se souviennent de cette période comme celle d’une gestion rigoureuse des finances publiques, d’une détente de l’économie nationale et d’une lutte renouvelée contre les prédateurs des deniers publics. Pour beaucoup, Abt reste le meilleur ministre des Finances du Renouveau démocratique qui a fêté ses 20 ans cette année.

La coalition ne manque pas d’arguments pour pousser son leader. On peut lire sur le site créé pour la promotion de la candidature d’Abt : «Il a non seulement une expérience inédite en matière de gestion des institutions financières et monétaires régionales et internationales, il a surtout un savoir-faire et une gouvernance exemplaire à la tête du ministère de l’Economie et des Finances du Bénin. Le profil idéal pour le peuple béninois, [est] sans doute lui. L’homme a toutes les qualités aussi bien humaines que matérielles…Ce technocrate quinquagénaire a tout l’arsenal

indispensable pour sortir le Bénin de la léthargie». Si des milliers de Béninois sont progressivement sensibles à ce discours, l’enjeu est de faire le carton plein en mars 2011 face à Boni Yayi et Adrien Houngbédji. Abt et ses partisans prouvent lentement mais sûrement qu’ils en ont les muscles et le bagou.

Aurore Ganlo
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