Présidentielle du 31 octobre en Côte d`Ivoire : Les Burkinabè interpellent le Facilitateur et les Ivoiriens

A la fin de la réunion du Cadre permanent de concertation, les populations se sont prononcées sur la sortie de crise en Côte d'Ivoire. Avant d'interpeller leurs autorités que leur pays ne serve plus de base arrière pour déstabiliser son voisin ivoirien.

Les lampions se sont éteints sur la septième réunion du cadre permanent de concertation à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Les acteurs politiques ivoiriens ont regagné leurs bases. Afin de mettre en place une stratégie pour occuper le terrain. Pendant ce temps à Ouaga, les populations interrogées sont confiantes pour la tenue du premier tour de la présidentielle le 31 octobre. Au niveau de la direction de communication de la présidence du pays des hommes intègres, il n'y a pas de doute. Tout en reconnaissant les progrès enregistrés dans la sortie de crise, elle appelle toutes les parties impliquées dans la crise en Côte d'Ivoire à ne pas “perdre de vue les défis qui restent à relever en termes organisationnel et sécuritaire avant le scrutin présidentiel du 31 octobre 2010”. Et d’inviter tous les acteurs ivoiriens ainsi que les partenaires techniques et financiers à s'investir davantage dans le franchissement des ultimes étapes de sortie de crise. Les populations ne sont pas en reste. Au niveau de l'avenue Kwame Nkrumah, toutes les personnes rencontrées sont unanimes que tout va bien se passer. “Nous sommes tous contents de savoir que les ivoiriens semblent être sérieux avec cette date qui est le 31 octobre prochain. Mais ce qu'il faut savoir et retenir pour toujours est que la sortie de crise en Côte d’Ivoire a été négociée. C'est-à-dire qu'elle repose sur un arrangement et non une justice. Il faut donc absolument éviter de créer des mécontents ou des lésés. Car ce sont ces derniers qui remettront en cause le processus. C'est dire que le véritable travail commence à partir de maintenant. J'exhorte donc les acteurs de la crise à ne point jouer avec le feu. C'est tellement dangereux que personne ne doit l'oser. A bon entendeur, salut !” fait remarquer Balamine Traoré, un commerçant d'articles ménagers. Et de donner ce proverbe : “Lorsqu'on lave ton dos. Il faut te laver toi-même le visage”. Salimata Ouédraogo, enseignante ne dit pas le contraire : “vivement l'élection car j'ai hâte que Laurent Gbagbo, qui a tant souffert de cette guerre injuste, soit confirmé aux commandes du beau pays qu'est la côte d'ivoire. Il le mérite ! J'espère et prie pour que cette fois soit la bonne pour la République de Côte d'Ivoire et aussi pour notre peuple. Bon courage à tous les acteurs”. Au marché, c'est le même son de cloche. Le refrain est le même. “Nul n'est parfait et nul n'a obligation de l'être, le peuple ivoirien à travers ses dirigeants (conducteurs) se trouve aujourd'hui au sommet de la montagne après une montée difficile. Au peuple frère, il reste cette descente, elle est sûrement moins fatigante mais aussi dangereuse car un faut pas d'un des conducteurs entraine une chute fatale, ce peuple ne mérite plus une telle chose, le plus difficile est toujours le tournant final rempli d'embuches”, indique Benjamin Sawadogo, étudiant. Par ailleurs, les populations pensent qu'il faut mettre tout en œuvre pour que le processus aboutisse. Dans la mesure où la Côte d'Ivoire est le poumon de l'économie de la sous-région. "Lorsque ce pays est enrhumé, c'est toute la sous région qui tousse ", soutiennent-ils en chœur. Et de mettre en garde tous ceux qui, tapis dans l'ombre, veulent créer le désordre encore sur les bords de la lagune Ebrié. Et de poursuivre: “Notre pays ne doit plus servir de base arrière pour quiconque veut mettre le feu en Côte d'Ivoire. Notre président doit jouer sincèrement franc jeu avec ce pays voisin. Nous sommes liés historiquement”. En plus, elles demandent aux hommes politiques de faire en sorte que les élections se déroulent dans un environnement apaisé. Le peuple ivoirien a trop souffert de cette crise qui a trop duré.

Ce que dit la presse burkinabé

Les principaux journaux de la place en font leurs choux gras. Selon L'Observateur Paalga, celui qui a suivi les différents Cpc sait qu'ils se suivent mais ne se ressemblent guère. Si l'on était superstitieux, on dirait que la salle polyvalente de Kosyam, où se sont déroulés les derniers conclaves ivoiro-ivoiriens, porte plus de chance que celle des conférences de Ouaga 2000, où les débats furent houleux pour la plupart. Ce journal va plus loin pour dire que cette 7e session du Cpc aura eu le mérite de souligner que les palabres antérieures n'ont pas été inutiles, car elles ont, à l'évidence, fait tomber la pression et la passion. En effet, outre les visages déridés qu'on a pu observer du début à la fin des travaux, il y avait les propos optimistes observés de part et d'autre. Et ce n'était ni des sourires feints ni de la démagogie. Le journal L'Opinion pense que c'est le dernier round. Ce journal estime que tout est fin prêt. Et qu'il n'y a plus d'obstacles pour empêcher le respect de la date du 31 octobre. Il appartient aux hommes politiques ivoiriens de jouer franc jeu. L'hebdomadaire Le Pays, quant à lui, soutient qu'il n'y a plus d'obstacle politique. Toutes les questions politiques étant réglées. Un éventuel retard serait simplement imputable à des questions d'intendance. Il s'agit aujourd'hui de relever les défis de la publication de la cartographie électorale, l'affichage de la liste électorale, la production ainsi que la distribution des cartes nationales d'identité, des cartes d'électeur, et bien d'autres aspects importants mentionnés dans le communiqué final qui montrent qu'il y a encore des détails à résoudre au plus vite. Le journal pro gouvernemental Le Sidwaya abonde dans le même sens. En tout cas, la tenue des élections est une préoccupation pour les Ouagalais et leurs presses.

Yacouba Gbané
Envoyé spécial à Ouagadougou