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Politique Publié le mercredi 29 septembre 2010 | L’Inter

Election présidentielle - Félix Akoto Yao, candidat indépendant: « Le 31 octobre, il y aura quelque chose »

Le candidat indépendant à l'élection présidentielle, Félix Akoto Yao était au Groupe Olympe, hier mardi 28 septembre dans le cadre d'une série de visites qu'il a décidé de rendre aux rédactions ivoiriennes pour échanger avec les journalistes sur sa vision de la politique et sur son projet de société. Ci-dessous, la substance de ses propos


PROGRAMME DE GOUVERNEMENT
La paix est mon programme de gouvernement. Elle est le préalable à tout développement. Aujourd'hui, tout le monde a la preuve que sans paix, il n'y a pas de développement. C'est la crise ivoirienne qui a fait que la pauvreté s'est accentuée. Le chômage s'est accru. Que dire de nos infrastructures sanitaires, universitaires et scolaires. L'université ne fonctionne pas correctement, les routes sont dégradées, les bailleurs de fonds nous ont abandonnés, toutes les institutions financières, notamment la Banque africaine de développement (Bad) ont délocalisé. Tout cela, parce qu'il n'y a pas de paix. Quand je dis que je peux apporter la paix, je m'appuie sur certains actes. Rappelez-vous, je suis député et président du conseil général de Sakassou. J'ai été le premier élu à avoir foulé le sol de ma région occupée par une rébellion en 2003 pour parler de paix, alors que le président Gbagbo refusait de tendre la main. Pour le faire, il fallait vraiment être un homme de paix. Qui pouvait aller à Bouké ou à Man en 2003? Félix Akoto Yao l'a fait. Je vous rappelle que c'est à Sakassou qu'il y a eu des combats. C'est également à Sakassou qu'on a tué les femmes d'Adjanou aux premières heures de la rébellion. Parmi les 14 candidats, c'est Félix Akoto Yao qui a posé un acte majeur. Le président de la République a mis un hélicoptère à la disposition du ministre Issa Diakité pour aller être témoin de cet acte. Malheureusement, le ministre n'a pas saisi la balle au bond. On ne peut pas être homme de paix et faire des palabres d'abord avant de faire la paix. Le président Houphouët-Boigny l'a dit, le dialogue est l'arme des forts. Pour moi, le président Laurent Gbagbo ne peut pas être un homme de paix. C'est-à-dire si rentré d'Italie, il avait eu la réaction d'homme de paix, peut-être que la crise n'allait pas durer aujourd'hui. Est-ce qu'on peut ressusciter ceux qui sont morts? Non. Pour moi, ce n'est pas Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara qui peuvent apporter la paix. C'est la raison pour laquelle je dis que je suis un homme de paix. C'est à Sakassou que j'ai amené ceux qu'on appelait les rebelles à demander pardon. Au nom des rebelles, le ministre Issa Diakité a demandé pardon aux Ivoiriens. Ce n'est pas ailleurs, c'est à Sakassou que cela s'est passé et ça ne sert à rien de continuer à tuer les gens.

« GBAGBO NE PEUT ETRE UN HOMME DE PAIX »
Cela veut dire que c'est Félix Akoto Yao seul qui a compris que quoi qu'il en soit, il faut s'asseoir autour d'une table pour discuter et que ça ne sert à rien de tuer les gens, piller l'économie, détruire le pays et huit ans après venir parler des accords de Ouaga. Félix Akoto Yao avait déjà signé les accords de paix. Quels sont les moyens de Félix Akoto Yao? De tout ce que les journalistes ont écrit sur moi, nulle part il n'est dit que Félix Akoto Yao a insulté quelqu'un. Je n'insulte personne et je dis ce qui est vrai. La preuve, quand ils vont à Ouaga, est-ce que nous faisons partie de la délégation. Ce qui prouve que ce sont les trois qui constituent le problème de la Côte d'Ivoire et en conséquence, ne peuvent être des solutions. Quant au développement, il faut savoir que c'est le bien-être des populations; leur donner de l'eau, créer des conditions pour qu'elles aillent à l'école, bref, faire en sorte que le taux de pauvreté diminue. C'est également faire en sorte que les jeunes qui ont un diplôme après leur formation, puissent avoir un emploi. Mais s'il n'y a pas de paix, les entreprises ne peuvent pas fonctionner. C'est le travail qui produit la richesse qui est distribuée pour le développement économique. Pour nous, les grands axes de notre programme s'articuleront autour de la réhabilitation de l'économie ivoirienne. La remettre là où elle était avant la crise. Je dis ce que je peux faire parce qu'en tant qu'élu, je l'ai déjà appliqué dans mon département. Je considère Sakassou comme mon petit laboratoire. Je considère qu'étant une partie de la Côte d'Ivoire, les problèmes de Sakassou sont les mêmes partout en Côte d'Ivoire. Les problèmes qu'on a à Boundiali sont les mêmes à Yamoussoukro. Avec Félix Akoto Yao, c'est du concret (il montre ses réalisations, en tant que président du conseil général de Sakassou à travers des images). L'école sera ma priorité au niveau de l'État. Aujourd'hui, quand quelqu'un qui a une maîtrise écrit, vous vous rendez compte que le niveau est devenu très bas. Il y a la tricherie et la corruption à l'école. Si les Ivoiriens veulent que tout cela change, il leur faut un homme rigoureux, élu quelque part et qui a fait ses preuves. Je prends rendez-vous avec les Ivoiriens après le 31 octobre.

« J'AURAI UN GOUVERNEMENT DE 16 MINISTRES »
J'aurai un gouvernement réduit où la nomination des membres se fera à partir des critères de rigueur, de compétence et d'expériences. Par exemple, pour résoudre le problème de l'école, je nommerai quelqu'un qui s'y connait etc. Je n'aurai pas de gouvernement N'Zassa où chacun viendrait représenter sa chapelle politique. J'ai l'ossature de mon gouvernement. Il sera composé de 25 membres avec 16 ministres pleins et 9 secrétaires d'État qui appuieront les ministres dans leurs tâches. Ça me permettra d'avoir une petite équipe avec laquelle à n'importe quel moment, on peut se retrouver pour prendre des décisions en vue d'aller vite. Je vais instaurer la journée continue dans l'administration pour maintenir la dynamique du travail. Quand j'étais à la Société ivoirienne de raffinage (Sir), j'ai expérimenté ce mode de travail. C'est efficace et productif. En ce qui concerne la politique de la décentralisation, je la rendrais effective parce que j'en connais les rouages. Même le président Laurent Gbagbo qui l'a rêvée ne la connait pas mieux que moi-même. J'ai exécuté le programme de la décentralisation parce que je suis président du conseil général et je connais toutes les difficultés liées à sa mise en œuvre. En tant que député membre de l'Uemoa, j'ai été à Dakar et là-bas, la décentralisation est très avancée. Je vais m'inspirer des exemples des pays qui ont réussi en la matière pour avancer rapidement.

LE 31 OCTOBRE
Ce que j'ai entendu du président de la Commission électorale indépendante (Cei), Youssouf Bakayoko, me rassure que les élections auront bel et bien lieu le 31 octobre prochain. Les cartes d'électeur et d'identité, selon le président de la Cei, ont déjà été établies sur la base de la liste électorale provisoire. Les bulletins sont presque prêts puisqu'ils sont venus nous tirer des photos le dimanche dernier. C'est pourquoi nous n'avons pas encore le spécimen. Mais les imprimeurs ont déjà été sélectionnés pour commencer le tirage. Je ne vois donc pas les raisons qui peuvent pousser certains à douter de la date du 31 octobre mais comme chacun à ses raisons, alors on attend. Sinon le 31, il y aura quelque chose dans ce pays. On est tous fatigué. Félix Akoto Yao n'acceptera jamais d'être dans un gouvernement de Gbagbo, Bédié ou Ouattara au cas où l'un parmi eux est élu président de la République. Parce que si l'un des trois est élu, nous aurons les mêmes problèmes dans les mois qui vont suivre parce que les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Si deux des personnes que j'ai citées passent au second tour, je ne donnerai pas de consigne de vote. Par contre, si parmi ceux qui seront au second tour, il y a un indépendant, alors je donnerai des consignes de vote en faveur de celui-ci. Si Gbagbo, Bédié ou Alassane passe au second tour, Félix Akoto Yao prendra ses responsabilités. Cela ne veut pas dire que je ne serai plus en Côte d'Ivoire. Je n'accepterai pas d'être dans un gouvernement de l'un de ces trois quel que soit le poste qu'on me proposera.

« JE N'ACCEPTERAI JAMAIS D'ETRE UN MINISTRE DE GBAGBO, BEDIE OU ADO »
Félix Akoto Yao est légaliste. La loi sur le dédommagement a été votée à l'Assemblée nationale en 2004. C'est cette même loi là qui en son premier dispositif parle du financement des partis politiques. Pourquoi appliquer le financement des partis politiques et refuser de prendre en compte le dédommagement des candidats qui auront au moins 10% des suffrages à l'issue de la présidentielle. Quand les députés votent les lois, c'est le gouvernement qui est chargé de les faire exécuter. Une loi sans décret d'application n'est pas une loi. Pourquoi voter une loi qui est appliquée au profit des uns et au détriment des autres. Même si je n'étais pas candidat, en tant qu'élu, j'allais dire attention, qu'ont-ils prévu pour le financement des candidats (…)? Ce n'est pas l'argent de Laurent Gbagbo! C'est l'argent du contribuable ivoirien. La loi dit en résumé que un pour mille (1/1000) du budget de l'État servira au financement des partis politiques chaque année. Ils ont commencé à le faire. Ils ont fait une note pour exécuter cela. La deuxième partie de la même loi est relative au financement des candidats à l'élection présidentielle. Là, c'est comme un dédommagement en fait, c'est-à-dire que c'est après le premier tour que les candidats qui auront 10% auront un dédommagement inscrit au budget de l'année en cours. On a commencé à préparer les élections depuis 2005 et pourtant la loi a été votée en 2004. Trouvez-vous ça normal? Jusqu'en 2010, la seconde partie de la loi tarde à être appliquée. Mais le pays n'est pas gouverné? Un décret c'est quoi? On organise des conseils de ministres pour faire quoi? On leur demande de prendre un décret aussi important, ils disent qu'ils ont oublié! Ce n'est pas normal. Je ne dis pas ça pour moi, mais je veux que la loi soit appliquée. Est-ce que prendre un décret pour appliquer une loi est compliqué? C'est le manque de volonté politique. Nous pensons que ce n'est pas sérieux que l'Etat qui devait organiser des élections, qui ne réussit pas à le faire, entraine certains de ses enfants à engager des dépenses, ce n'est pas normal qu'on ne les informe pas s'il y a des reports. On a déposé notre candidature le 26 août 2009 et c'est par voie de presse que nous avons appris le report. C'est un manque de respect pour nous. Nous demandons qu'on nous dédommage dans la mesure où eux, ils se partagent des ressources de l'Etat pendant qu'on reporte les élections sans nous prévenir et sans se soucier des dépenses que nous avons engagées. Ce que nous demandons, c'est un droit parce que nous le considérons comme tel. A cause de l'Etat de Côte d'Ivoire, j'ai pris une retraite anticipée. Je ne travaille pas. On ne fait que reporter les élections et cela donne l'impression que c'est un complot. Ce qu'on demande, c'est qu'on nous donne les mêmes chances de compétir.

« PLATE-FORME DES INDEPENDANTS, NON MERCI »
L'indépendance est un concept. Quand on dit qu'on est indépendant, cela veut dire que vous dépendez de vous-mêmes. Je n'ai pas de directeur de campagne, ni de porte-parole. Je ne dépends que de moi-même. Certains candidats indépendants m'appellent pour parler de plate-forme. Je leur dis ''faites-le''. Il n'a jamais été question pour Félix Akoto Yao d'aller m'asseoir avec eux. Pourquoi aller m'asseoir pour discuter? Je ne suis pas d'accord avec cette notion de plate-forme. Jamais je ne vais accepter d'aller m'asseoir avec eux. Par contre, au deuxième tour, si d'aventure un indépendant passe, j'accepterai d'aller discuter avec eux de façon sereine parce que nous sommes en train de plaider pour la même cause (…).

Propos retranscrits par Y.DOUMBIA


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