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Politique Publié le mercredi 6 octobre 2010 | L’Inter

Campagne présidentielle - Les techniques pour attirer les électeurs

Les candidats à l’élection présidentielle ont brillé par leur absence au séminaire organisé par l’Ufrica (Unité de formation en informatique, communication et art) de l’Université de Cocody, du 28 au 30 septembre dernier au Centre des métiers de Bingerville. Et pourtant, cette rencontre était riche en informations susceptibles de booster un tant soit peu la campagne de chacun des candidats. Dans le cadre de cet article, nous revenons sur des techniques données par des spécialistes de la communication et qui peuvent permettre aux candidats à la présidentielle et plus généralement aux hommes politiques, de séduire les électeurs en cette période de campagne. Enseignant à l’Ufrica, Pr. Blé Raoul Germain a montré qu’il est bon pour un candidat de recourir aux « mixmedias » en usant de tous les outils de communication aussi bien traditionnels que modernes. Toutefois, a-t-il prévenu, « il ne suffit pas de mobiliser les médias, il faut savoir les utiliser dans les contextes où ils peuvent porter le mieux votre message. On n’utilise pas n’importe quel moyen pour n’importe quel public ». Il a par ailleurs conseillé certains outils de communication, jugés plus efficaces tout en déconseillant d’autres. Il a notamment recommandé de mettre l’accent sur les campagnes de proximité sous forme de visites personnelles aux électeurs, qu’il a appelées le « convassing ». Par ailleurs, il a conseillé l’utilisation de l’internet, notamment du Twitter, dont les avantages sont inestimables : « Avec tiwtter, on peut s’adresser à 50 000 jeunes en moins de 20 secondes sans dépenser le moindre centime ». Il a également recommandé d’exploiter la radio pour au moins quatre raisons. Elle répond à la tradition de l’oralité des Africains, ne nécessite pas qu’on sache écrire, est mobile et n’a pas forcément besoin d’électricité pour fonctionner. En revanche, l’expert a déconseillé la télévision, notamment pour des candidats et hommes politiques qui aiment improviser : « La télévision peut être dangereuse avec un effet boomerang pour des personnes politiques complaisantes qui improvisent. Il faut donc bien préparer son passage à la télévision en soignant son look, sa posture, sa diction et surtout quand vous avez la parole, il faut aller à l’essentiel en respectant la règles des 3 C ( concis, concret, cohérent). ».
LA PRISE DE PAROLE EN PUBLIC
Les communicateurs ont par ailleurs filé quelques tuyaux pour communiquer efficacement devant un public. Le Pr Serge Théophile Balima, de l’Université de Ouagadougou, qui a exposé sur la stratégie de communication en période électorale, a donné dix règles pour un marketing politique gagnant : bien connaître les attentes de son électorat ; communiquer pour se faire connaître, notamment en soulignant sa différence d’avec les autres candidats ; axer sa campagne sur un thème central, avec un fil directeur clair ; répéter chaque fois l’idée principale pour que l’essentiel reste dans les esprits ; cibler ses interventions en évitant d’agir en vrac ; valoriser sa propre image par des comportements exemplaires, par exemple témoigner sa compassion aux populations quand elles sont victimes d’un drame ; être simple, modeste, accessible ; rester crédible en bannissant les vulgarités et propos de bas étages. Devant un auditoire, le candidat doit observer une attitude visant à accrocher. Il doit soigner sa tenue vestimentaire, notamment veiller à l’harmonie des couleurs ; soigner également sa posture. Concernant son message, l’orateur doit le délivrer en ayant pour souci d’être concis, précis et concret en étayant son propos de chiffres, d’exemples, de témoignages. « Trop de mots tuent les mots. L’impact d’un discours n’est pas proportionnel à sa longueur », a dit l’expert en communication, qui a conseillé d’être cohérent dans l’argumentation. Il a également conseillé de recourir à ce qu’il a appelé des « biscuits », c’est-à-dire ces petites phrases qui font mouche, qui lui auront été inspirées par ses conseillers en communication. Il a par ailleurs recommandé d’user de l’humour pour parler du quotidien des gens. Le candidat, a-t-il ajouté, doit savoir improviser, par exemple en trouvant, dès l’entame, des petits mots pour titiller l’auditoire. Par-dessus tout, il doit développer une certaine capacité d’écoute. A la suite du Pr. Balima, les Dr Mathieu Koua Saffo et Raymond Kra Kouassi, enseignants à l’Ufrica, ont eux aussi donné des recettes pour conduire avec succès une prise de parole en public. Ils ont conseillé, pour tuer le trac, de bien maîtriser son sujet, de s’entraîner en faisant une répétition à l’aide du magnétoscope pour s’entendre ; de visualiser c’est-à-dire imaginer à l’avance et de façon précise, le déroulement de l’exposé. Ils ont également recommandé de faire référence, pendant son intervention, aux noms, lieux et événements connus de l’auditoire. « Les gens s’intéressent à ce qui leur est familier : aux personnes qu’ils connaissent, aux sports qu’ils pratiquent, aux endroits où ils ont vécu », ont souligné les spécialistes. Ils ont également conseillé à tout orateur de recourir aux gestes, mais pas des gestes fermés ( bras et jambes croisés, tête rentrée dans les épaules…), plutôt des gestes ouverts, qui décrispent. Ce sont là quelques aspects du riche enseignement prodigué lors de ce séminaire piloté par M. Philippe Ibitowa, enseignant à l’Ufrica et directeur général du cabinet Abraham et Abraham Consulting.
Assane NIADA

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