Pendant 8 ans, le Fpi a fait, à raison, du désarmement des Forces nouvelles, une exigence, une condition préalable pour aller aux élections. Au final, les Forces nouvelles ont été regroupées et ne constituent aujourd'hui, aucune menace pour l'organisation de l'élection présidentielle prévue pour le 31 octobre prochain. Mais si les Forces nouvelles ont été cantonnées et sont sous controle, la question des nombreuses milices créées et armées par le Fpi pour protéger son régime est devenue à quelques jours de l'élection, un sujet tabou. Le profilage des miliciens de la zone du Fromager, à peine lancé, s'est arrêté sans que personne ne sache pourquoi. Mais nos sources indiquent que, contrairement à ce qui a été indiqué sur les antennes de la Rti, l'ordre d'arrêter le profilage de ces miliciens a été directement donné aux responsables du CCI depuis Abidjan, au motif qu'il n'y aurait pas de milices dans la région de Gagnoa et que même s'il y en avait, elles devaient achever la mission pour laquelle elles avaient été créées, c'est-à-dire, protéger la victoire du candidat Gbagbo dans sa région natale pour ne pas que le Rdr y fasse encore un " hold-up électoral " comme en 2001 pendant les élections municipales remportées par le Rdr. On se rappelle d'ailleurs que récemment, Blé Goudé, sous l'objectif des caméras de la Rti, s'en est violemment pris aux populations de Gagnoa et de Daloa qu'il a accusé d'avoir trahi leur fils Gbagbo en laissant le Rdr triompher dans ces zones : " Vous devez avoir honte, vous devez avoir honte ! ", l'a-t-on vu vociférer. Apparemment le message est bien passé. Car, les informations récurrentes qui nous parviennent depuis quelques jours de l'Ouest et principalement de Issia, la ville du ministre de l'Intérieur, Tagro Désiré, et du Plan et du Développement, Bohoun Antoine Bouabré, font état d'une préparation de miliciens qui s'apprêteraient à obliger, sous la menace de leurs armes, les populations allogènes à voter le candidat Laurent Gbagbo sous peine de perdre leur vie et leurs biens. Ces miliciens seraient en ce moment à Saioua et à Iboguhé. Ainsi, rapportent nos informateurs, le mercredi 22 septembre 2010 " un chauffeur de camion transportant plusieurs bœufs et d'autres vivres a révélé à un responsable politique de l'opposition vivant à Saioua à qui il demandait son chemin, que la destination de son chargement était Gabia, village natal du ministre de l'Intérieur ". Ces bœufs sont-ils convoyés pour y nourrir les miliciens qui y seraient installés ? Nul ne peut répondre pour le moment à cette question. Toujours est-il que selon nos informateurs, le vendredi 24 septembre, un habitant du village de Krizabahio aurait été violemment " molesté par un groupe de jeunes portant tous un uniforme composé d'un Teeshirt couleur sombre, un pantalon treillis et des chaussures Rangers et armés de matraques et de Kalachnikovs. ". En filant quelques-uns des membres du groupe, nos informateurs auraient identifié " le domicile du chef central du village de Tezié ", comme celui abritant ces miliciens. Plusieurs personnes habitant ce village auraient confirmé la présence de ces jeunes miliciens dans ledit village. Ces miliciens auraient été entraînés au maniement des armes par un dénommé Digbeu Koukoua Apollinaire qui serait en service dans une unité de la " police Sotra " (Société de transport abidjanais). Lequel répéterait à qui veut l'écouter que nul ne peut rien contre lui car bénéficiant de la protection du ministre de l'Intérieur et que les responsables locaux du Fpi auraient pris toutes les dispositions pour en découdre avec les responsables locaux du Rhdp dont la vie se trouve ainsi en danger à Issia. Surtout que des informations en provenance du Fpi de Issia annoncent la descente dans des campements baoulé, " d'unités spéciales " provenant des rangs de la Fesci pour empêcher les allochtones de prendre part au vote à défaut de ne pas pouvoir les obliger à voter le candidat Gbagbo. A l'évidence, ces informations sont à prendre très au sérieux quand l'on sait ce que représente le département de Saioua pour le Fpi et le poids électoral des allochtones que le ministre de l'Intérieur ne cesse de " draguer " depuis des années en pure perte. On se souvient que c'est lui qui a poussé à la création de " l'Association des Baoulés de la diaspora " à Issia et que le chef de l'Etat a effectué personnellement le déplacement pour baptiser cette association dont on ne connait aucune action concrète en dehors de sa sortie officielle. Aussi les responsables du Fpi de cette région seraient convaincus que sans intimider ces populations ou sans violenter les représentants de l'opposition dans les bureaux de vote à Issia, Gbagbo sortirait humilié au soir du 31 octobre. Il n'est donc pas inutile d'interpeller les forces impartiales, le Cci, l'opposition et tous les autres candidats afin qu'une enquête soit rapidement diligentée pour situer la vérité sur ces informations récurrentes provenant de cette zone sensible parce qu'elle est le département des ministres Bohoun Bouabré et Tagro Désiré.
PAUL KOUDOU
PAUL KOUDOU