Chassé-croisé électoral au Nord - Gbagbo et Ouattara à l’assaut de Korhogo

La précampagne pour l’élection présidentielle vient de prendre un tournant fou mais bon enfant dans la région des Savanes. Korhogo, le chef-lieu de cette région, est, depuis hier, au rythme du président Laurent Gbagbo et du Dr. Alassane Ouattara. Alassane Ouattara, le candidat du Rassemblement des Républicains (RDR), a pointé le premier, hier mercredi 6 octobre en fin de matinée, à l’aéroport de Korhogo. Aussitôt accueilli par son staff, l’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international a été happé par un long cortège de voitures, de motos et de vélos. Direction, les villes et villages de Sirasso, Dikodougou, Guiembé, Napié, et Tioro. Ce matin et demain, il visitera successivement les villes et villages de Kolia, Gbon, Kouto, Kasséré, Boundiali, Tengréla, Siempurgo Sinématiali, etc.. Sa tournée prendra fin avec un méga-meeting annoncé pour samedi au Stade municipal de Korhogo. C’est exactement dans ce même stade municipal que Laurent Gbgabo, chef de l’Etat, président de la République, candidat à sa propre succession à la présidentielle du 31 octobre prochain, anime un méga-meeting aujourd’hui, à partir de 10h. Le candidat de La Majorité présidentielle, LMP, regroupement de plus de dix (10) organisations politiques et mouvements qui le soutiennent, a atterri hier à l’aéroport de Korhogo aux environs de 17 heures et demie, quelque temps après Ouattara. Le chef de l’Etat a pris ses quartiers à la résidence présidentielle de la capitale de la cité du Poro. Pour recevoir en audience les responsables des structures de gestion des cultures du coton, de l’anacarde et des mangues et accorder d’autres entretiens publics ou privés. Aujourd’hui, après son méga-meeting, Laurent Gbagbo passera une partie de l’après-midi à Lamékaha, le village de son photographe personnel, Jean Sékongo Nagnéhé. Là-bas, il procédera à l’inauguration du centre de santé du village et à la pause de la première pierre du château d’eau qui va y être bâti. Sur la route du retour, le président-candidat marquera un arrêt à Napié pour apporter le réconfort de la République aux religieux qui, dit-on, ont assisté impuissants au pillage du sanctuaire mariale de cette ville située à 16 km de Korhogo. C’est de là que le président Gbagbo se rendra à l’aéroport pour le retour sur Abidjan. Comme il fallait s’y attendre, la capitale de la cité du Poro, est devenue exiguë depuis le début de la semaine. La ville a pris des allures de cité en fête. Et depuis, le chef-lieu de la région des Savanes grouille de monde. Les réceptifs hôteliers ont été vite dépassés. Les états-majors des deux camps sont aux abois. Il n’y a plus de chambres pour se loger alors que les militants et partisans des deux candidats ne font qu’y affluer. Nombreux seront ceux qui ne pourront trouver à loger que dans les villes périphériques comme Sinématiali (30 km), Ferkessédougou (50 km) et Dikodougou (50 km non bitumés) et même Katiola. En attendant, à Korhogo, toute la journée d’hier, l’on pouvant voir, à chaque carrefour, des jeunes gens tenir des tee-shirts frappés aux couleurs et effigies de Gbagbo ou de Ouattara. Sur ces tricots, sont marqués des slogans concurrents : « ADO solutions », lit-on d’un côté de la rue. « Gbagbo me suffit », voit-on affiché juste en face. Entre les deux slogans, ont circulé des véhicules surmontés de haut-parleurs et invitant les partisans de chacun des camps à sortir massivement « pour la démonstration de force et de popularité ». Gbagbo et Ouattara sont à l’assaut de Korhogo, dans le même moment, par le hasard de leurs calendriers respectifs. Ici, la chasse aux voix s’annonce épique mais l’on aurait pu s’en féliciter si, hier soir, quelques jeunes partisans d’Alassane Ouattara, ne s’étaient pas offert le spectacle d’une bruyante manifestation, à la limite de l’hostilité et de l’inélégance, autour de la résidence du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. L’on nous a signalé d’ailleurs que, aux environs de 15h, une des hôtesses de LMP aurait subi quelques points de sutures sur les lèvres, suite à une agression des partisans du président du RDR. Malgré ces écarts des fanatiques d’Alassane Ouattara, écart sûrement attribuables à la proximité des lieux d’hébergement des deux candidats, tout se déroule avec un fair-play salutaire. En vérité, aucune parole blessante ou de provocation n’a été proférée par aucun responsable qui compte. En dehors des slogans pour marquer sa différence. Pourvu que cela dure à Korhogo, jusqu’au 31 octobre et après la présidentielle. César Etou cesaretou2002@yahoo.fr envoyé spécial à Korhogo