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Politique Publié le jeudi 7 octobre 2010 | L’Inter

Remise de la CNI du Président du RDR - La longue histoire de la carte d’identité d’ADO

Le mardi 5 septembre 2010 restera gravé dans le cahier intime du président du Rdr, Alassane Ouattara. C’est ce jour-là, en effet, qu’il a reçu sa carte d’identité « Soro ». Dans la discrétion, comme les autres ténors de la scène politique. Alassane Ouattara, comme les 5 725 720 personnes inscrites sur la liste électorale, est donc « certifié » ivoirien. La délivrance de cette carte d’identité au président du Rdr, au terme d’un long processus d’identification, n’est pas un fait banal. Et ses « messieurs communication » l’ont bien perçu, qui ont ameuté la presse, afin qu’elle soit témoin de la remise de la nouvelle carte d’identité. C’est donc des journalistes déçus qui se sont entendus dire à la résidence du président du Rdr, que la Commission électorale indépendante (Cei) a opté pour la discrétion. Mais on l’aura compris, ce qui s’est passé à la résidence privée d’ADO mardi dernier, marque un tournant dans la crise identitaire qui tourmente la Côte d’Ivoire depuis plus d’une quinzaine d’années. Une carte d’identité pour Alassane Ouattara ! On ne peut évoquer la remise de cette précieuse pièce au « Mélédouma » de la scène politique ivoirienne (allusion au personnage de Jean-Marie Adiaffi dans son roman « La Carte d’identité »), sans remonter aux années de braise sur fond de crise identitaire, qui ont fait basculer le pays dans la guerre. Que de péripéties douloureuses pour en arriver là ! Assurément, la pièce délivrée au leader du Rdr est chargée d’histoire, elle est lourde des agitations sociopolitiques consécutives à sa longue quête identitaire. Tout a commencé quand l’ex-Premier ministre a semblé lorgner le fauteuil présidentiel en déshérence après la mort d’Houphouët-Boigny en 1993 ; fauteuil que Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, croyait lui être destiné. Bédié lance alors le concept d’ivoirité, vite exploité à des fins politiciennes.
DES ANNEES BEDIE A LA REBELLION
S’ensuivra une polémique sur les origines d’Alassane Ouattara, sur fond d’ivoirité. Il est l’objet d’un lynchage politico-juridique qui finira par pourrir l’atmosphère sociopolitique. Dans la foulée, un certificat de nationalité qui lui a été délivré par le juge Epiphanie Zoro Bi Balo sous l’ère Bédié, est remis en cause, tout comme une carte d’identité ivoirienne qu’il détient depuis 1982. Des ressortissants du Nord, considérés comme des « Alassane Ouattara », sont l’objet de tracasseries policières. Ce climat sociopolitique délétère va déboucher sur le coup d’Etat de 1999. La transition militaire va en rajouter à l’atmosphère pourrie par la polémique sur la nationalité du leader du Rdr. La guerre des prépositions « et » et « ou » née du débat autour de la nouvelle Constitution, accentuera la fracture sociale. Le feu couve jusqu’aux élections de 2000, qui verront l’exclusion d’Alassane Ouattara de la course à la présidence pour… « nationalité douteuse ». Le Forum de réconciliation nationale, inspiré par le successeur du général Robert Guéi, Laurent Gbagbo, échouera à mettre un terme à la crise identitaire qui secoue le pays. Survient l’insurrection armée du 19 septembre 2002, qui va se muer en une rébellion. Avec des centaines de morts et des milliers de victimes. Guillaume Soro, l’ancien leader du syndicat des élèves et étudiants (Fesci), qui en prend la tête, clame avoir pris les armes contre l’ivoirité. La quête identitaire, dont Alassane Ouattara était jusque-là le porte-flambeau, trouve en Guillaume Soro un nouvel héraut. Huit ans durant, la question de la nationalité va rythmer la vie politique, avec par moments de vives tensions. Les audiences foraines, le contentieux sur la liste électorale ont ainsi connu des moments houleux. Encore des morts. Finalement, la nouvelle carte d’identité est attribuée au président du Rdr. Pour lui, c’est assurément l’aboutissement d’une quête identitaire, jonchée de moments douloureux, qui s’apparentent aux épreuves initiatiques subies par le prince Mélédouma, dans « La Carte d’identité » de Jean-Marie Adiaffi. Est-ce pour autant la fin de la crise identitaire qui a tourmenté le pays des années durant ? On aurait répondu par l’affirmative si la fermeture brutale du contentieux judiciaire n’avait pas laissé des ressentiments qu’il faudra nécessairement vider au sortir des élections. En effet, on aurait tort de penser que le débat sur la nationalité est définitivement clos avec la remise de la nouvelle carte d’identité à ADO. Il faudra aller au-delà en exhumant les dossiers litigieux du contentieux judiciaire mis en berne pour cause d’élection. Mais aussi en se penchant une fois pour toutes sur le cas des milliers de descendants d’immigrés, dont la situation reste pendante, les solutions préconisées à la table ronde de Linas-Marcoussis étant demeurées lettres mortes.
Assane NIADA
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