Gagnoa - Elle verse de la sauce bouillante sur le visage de son logeur

Vivre dans une cour commune n’est pas chose aisée. Ce n’est pas Kpéhi F. qui dira le contraire. Malgré son statut de propriétaire de cour, il n’a pas été ménagé par sa locatrice Leticia, 22 ans, couturière, à qui le plaignant reproche de l’avoir brûlé au visage avec la sauce qu’elle cuisinait. Comment en est-on arrivé là ? Le 3 septembre 2010, Leticia revient du marché et s’attelle à concocter un délicieux plat pour sa petite famille. Elle a l’habitude de cuisiner devant sa porte. Mais ce jour-là, les rayons ardents du soleil lui imposent la délocalisation de la cuisine sur un autre espace. Déplacement qui n’était pas du goût de Kpéhi, le propriétaire de la cour.

Riposte de l’accusée
« J’ai refusé qu’elle prépare à cet endroit parce que la chaleur dégagée par le fourneau risque d’endommager le ciment. Encore qu’elle s’est installée devant la porte d’un futur locataire qui devait emménager dans peu de temps », explique le logeur. Il raconte que Leticia n’a pas voulu entendre raison. Elle est restée indifférente à l’interpellation de Kpéhi en continuant la cuisson. Kpéhi s’est senti offensé et décide de faire déplacer le fourneau manu militari. « J’ai pris son panier de marché et son sachet de charbon pour les mettre devant sa porte, pendant qu’elle menaçait de renverser la sauce sur moi si je persistais dans mon intention de la déplacer », relate le chef de la cour. Ne prenant pas au sérieux les menaces de la jeune femme. « Je me suis abaissé pour récupérer le reste de ses objets. Lorsque je relevai la tête, elle avait déjà lancé le contenu de sa marmite en ma direction. Bien que j’aie tenté d’esquiver la sauce, une partie de mon visage a été atteinte de même que mon thorax », déclare le malheureux homme. Le côté gauche de son visage porte encore de légères séquelles de brûlure en voie de guérison. Il soulève son tee-shirt pour permettre aux juges de se faire une idée de la souffrance qu’a subie cette partie de son corps. Un certificat médical versé au dossier fait état de blessure de second degré avec de multiples plaies et œdèmes. Puis de brûlure au thorax. Cela a valu à la victime une incapacité temporaire de travail de 21 jours. Pour sa part, Leticia fortement soutenue par ses camarades du quartier et ses voisins immédiats, dit ne pas reconnaître les faits mis à sa charge. Elle habite la cour depuis 4 mois et déjà elle a fait l’amer constat que Kpéhi a des rapports difficiles avec ses locataires. Dont elle qui vient d’être épinglée au tableau de chasse du logeur. Elle explique que le plaignant est venu la trouver en pleine préparation sous un hangar, qu’il a ramassé ses ustensiles pour les dépla­cer. « Pourtant il ne m’a jamais dit de ne pas préparer à cet endroit. Sous l’effet de la colère, il a cassé l’appatam et s’est servi de quelques débris pour assaisonner ma sauce. Comme si cela ne suffisait pas, il m’a battue et a renversé tous les aliments que j’avais achetés au marché », s’est plaint Leticia. Ensuite, elle s’est prononcée sur les faits de coups et blessures volontaires mis à sa charge. « Il s’est emparé de la marmite et partait vider son contenu. C’est là qu’il a trébuché sur le caillou dont je me sers pour écraser mes condiments et dans son élan de colère, il est tombé avec la charge qu’il portait.
Une chose est sûre, Kpéhi a fait les frais d’une scène d’échauffourée de cour commune. Il demande 200 mille francs pour réparation. Le tribunal a tranché : 3 mois de prison avec sursis pour Leticia et 30 mille francs d’amende. En plus, elle doit dédommager sa victime à hauteur de 200 mille francs.

Alain Kpapo à Gagnoa