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Politique Publié le vendredi 15 octobre 2010 | Le Mandat

Interview /Présidentielle - Dr Prao Séraphin (Président du Mlan) : « Le misérabilisme dans lequel on a plongé l’Ivoirien comptera énormément dans son choix »

Le président du Mouvement de Libération de l’Afrique Noire (Mlan), Dr Prao Séraphin, également enseignant à l’Université de Bouaké, à quelques jours de l’élection présidentielle, lève un coin de voile sur la situation actuelle de la Côte d’Ivoire. Aussi, précise-t-il l’enjeu de cette élection. Pour lui, la situation dans laquelle la Côte d’Ivoire a été plongée pendant les 10 ans de règne du Fpi devrait guider les Ivoiriens dans leur choix le 31 octobre prochain.

Cela fait un moment que le Mouvement que vous dirigez ne dit presque rien sur les événements politiques en Côte d’Ivoire. Quelles sont les raisons de ce silence ?

Le Mlan travaille toujours pour la dignité de notre continent. Nous sommes engagés corps et âme dans un effort immense de conscientisation pour changer notre continent en profondeur. Nous réfléchissons aux stratégies à adopter pour sortir l’Afrique de l’ornière dans laquelle elle se trouve et cela commande une certaine lucidité et une concentration. Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, vous savez, à un moment donné, le leader doit garder un silence pour regarder les choses, non pas parce qu’il est impuissant mais par sagesse. Notre pays traverse une période plus que difficile depuis 1999 et tout leader d’opinion ou chef de parti devrait, à notre sens, agir avec sagesse pour fermer cette parenthèse de notre histoire commune. Nous avons donc gardé ce silence pythagorique pour ne pas jeter l’huile sur le feu à un moment où toute déclaration incontrôlée risque de rompre le mince équilibre de notre pays.

Maintenant que la date de la présidentielle est connue, avez-vous un commentaire à faire?
Je voudrais féliciter la CEI et le gouvernement pour les efforts consentis afin de fixer, enfin, une date qui semble raisonnable. Le peuple est fatigué de vivre dans la pauvreté démentielle et nous croyons, au MLAN, que les élections constituent le point de départ d’une nouvelle Côte d’Ivoire, le début d’un processus de pacification de notre pays.

Pensez-vous que cette date sera respectée ?
Je crois que la CEI doit tout faire pour que les Ivoiriens choisissent celui qui va être le commandant en chef, le 31 octobre 2010. La paix que nous avons est précaire et ce mince équilibre politico-social risque de virer en équilibre de la terreur si, encore une fois, les Ivoiriens se sentent floués. Au-delà du 31 octobre, nous irons demander à Monsieur Bakayoko de nous donner le nom de notre président, auquel cas, le peuple prendra ses responsabilités historiques de finir une bonne fois pour toute avec ses reports à répétition.

Le parti au pouvoir dit qu’il remportera les élections au premier tour. Est-ce possible ?
Ce sont des déclarations imprudentes et purement électoralistes. Je pense qu’il est mathématiquement impossible pour un candidat de gagner les élections au premier tour. Un deuxième tour sera nécessaire pour donner un président à ce pays. Il y a quand même trois grands partis : le FPI, le PDCI et le RDR. A côté de ces partis, ne négligez pas les autres (PIT, UDPCI, UPCI…).

Qu’est-ce qui départagera donc les ténors ?
En démocratie, je pense qu’on choisit son candidat en fonction de deux facteurs au moins : le bilan du candidat et son projet de société. Je crois qu’on a vu ce que les trois partis valent dans ce pays. Le PDCI et le RDR ont le bilan que nous connaissons tous avant l’arrivée du FPI au pouvoir. En 10 ans, nous avons vu ce que le FPI pouvait faire et en fonction de tous ces facteurs, les Ivoiriens choisiront librement leur chef. Ce que je puis dire, c’est que l’Ivoirien vit aujourd’hui dans une pauvreté jamais imaginée dans notre pays. L’école est en panne, le modèle social, dans son ensemble, est grippé. On a assisté à un pillage à huit clos des deniers publics, à un affaissement de l’homme et à un dérèglement du système. Le peuple est devenu un paillasson sur lequel les autorités essuient les pieds. Le misérabilisme dans lequel on a plongé l’Ivoirien comptera énormément dans le choix.

A vous entendre, vous en avez gros sur le cœur contre les refondateurs ?
Le MLAN milite pour la restauration de la dignité des Africains, pour l’indépendance de notre continent. Tout ce qui concourt à la dégradation du bien-être de mes frères me révolte. Depuis 10 ans, notre pays a ressemblé à une belle Mercedes qui n’avance pas, faute de bon chauffeur. Et c’est ce bon chauffeur que nous allons choisir le 31 octobre prochain, Dieu voulant. Vous savez, un conducteur a la vie de ses passagers entre ses mains. S’il est prudent, rigoureux et sage, la vie de ses passagers sera préservée jusqu’à destination. La Côte d’Ivoire, notre Mercedes, est en route pour le développement et nous avons besoin donc d’un chauffeur qui luttera contre le népotisme, la corruption, le favoritisme, et partagera équitablement les richesses de notre pays.

Pensez-vous que les élections se dérouleront dans la paix ?
Je souhaite vivement que les élections se déroulent dans la paix. Notre pays n’a pas besoin d’une mauvaise publicité à l’image de ce qui s’est passé, souvenons-nous, au Kenya où l’on a assisté à des morts. Nous ne voulons pas non plus le schéma guinéen où le second tour ne se conforme pas à la constitution. Pour que ces élections se déroulent dans la paix, il faudra qu’avant et après les élections, le peuple ivoirien prenne une certaine hauteur d’esprit pour ne pas que notre pays bascule à nouveau dans une spirale de violence dont les conséquences seront regrettables pour nous. Pendant la campagne électorale, il faudra que nos candidats tiennent un langage sage, civilisé, apaisant. Les militants doivent également faire preuve d’une profondeur d’esprit pour ne pas sombrer dans des provocations gratuites. Une campagne électorale n’est pas un moment pour faire le procès de tel ou tel candidat mais une période où les candidats doivent convaincre les électeurs avec un programme ou un projet de société. Et après la proclamation des résultats, il faudra que tous les candidats se soumettent au verdict des urnes en respectant les déclarations de la CEI. Les candidats aventuriers qui oseront s’autoproclamer présidents se retrouveront seuls dans cette aventure car, désormais, le peuple ne suivra pas de tels putschistes. Il va également falloir que les militants se gardent de répugnants incidents qui risquent de ternir encore une fois l’image de notre pays. La démocratie, c’est fondamentalement le règne du droit. Il faudra donc que nous acceptions tous le verdict des urnes.

Avez-vous un appel particulier ?
Je voudrais dire aux Ivoiriens et à tous ceux qui vivent dans ce beau pays, de ne pas désespérer de la Côte d’Ivoire. Les grands pays ont presque tous connu des moments similaires. La Côte d’Ivoire renaîtra de ses cendres et ces élections nous confèrent un vernis de responsabilité qui fera de notre pays, un pays mature. Nous sommes à un carrefour de l’Histoire et les élections constituent des indicateurs. C’est aux Ivoiriens de choisir une bonne direction et un bon sens. Le peuple de Côte d’Ivoire a un esprit robuste. C’est pourquoi, je sais que nous sortirons unis, forts de ces élections pour enfin accorder un peu de temps au développement de notre pays, en abrégeant ainsi notre souffrance qui traîne en longueur.

Réalisée par
Benoît Kadjo
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