Souvenez-vous. En 1990, il y a de cela vingt ans, Laurent Gbagbo faisait son apparition sur nos écrans de télévision. C'était à Agboville, si mes souvenirs sont exacts. Il traitait les ministres d'Houphouët-Boigny de tocards, pendant que le journaliste Georges Coffi, en transe, lui essuyait le visage en le comparant à Jésus. A cette époque, rien ne trouvait grâce aux yeux de Laurent Gbagbo. Tout ce qui avait été fait dans le pays avant son avènement était mauvais. L'agriculture qui faisait vivre la Côte d'Ivoire, c'était mal fait. Le système de santé, c'était mal fait. L'éducation, c'était n'importe quoi. La politique industrielle, il n'y en avait pas. Mieux, aux yeux de Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire n'était qu'un océan de corruption et de médiocrité où la seule poche de moralité et de compétence était constituée par lui et ses suiveurs. Souvenez-vous ! Il nous disait qu'il avait les hommes et les femmes capables de redresser notre pays en un temps record. Concernant l'université, souvenez-vous toujours. Laurent Gbagbo avait dit que si on lui donnait seulement 10 milliards de francs, il réglerait les problèmes de notre université. Il promettait aux paysans qu'il leur achèterait leur cacao à plus de trois fois le prix auquel il était alors acheté. Nous étions alors dans le mythe de la refondation.
Et de nombreux Ivoiriens l'ont cru. Ils l'ont cru d'autant plus facilement que nous étions à la fin du règne d'Houphouët-Boigny et effectivement, le pays se portait plutôt mal. Gbagbo n'avait pas hésité à faire descendre les enfants dans les rues pour qu'ils traitent Houphouët-Boigny de voleur. Le Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara avait alors été appelé en renfort pour tenter de redresser la situation, mais nous n'étions qu'au début de sa thérapie. Le temps a passé. Houphouët-Boigny est mort en 1993. Henri Konan Bédié lui a succédé. Lui non plus n'a pas trouvé grâce aux yeux de Laurent Gbagbo. Tout le règne de Bédié sera marqué par les grèves, les marches, les manifestations d'étudiants instrumentalisés, jusqu'à ce qu'un coup d'Etat balaie ce pouvoir fragilisé. Et c'est là que les Ivoiriens vont se faire avoir. Excédés par les exactions du pouvoir militaire, ils vont donner leurs voix à Laurent Gbagbo, qui, en complicité avec Robert Guéï, avait pris le soin d'écarter les candidats des principaux partis ivoiriens que sont le RDR et le PDCI. Très naïvement, les Ivoiriens vont croire que des deux maux, le moindre était Laurent Gbagbo. Funeste erreur que nous n'avons pas fini de payer.
Quelle est la réalité de la refondation aujourd'hui, dix après son arrivée au pouvoir ? Parlons d'abord de la moralité. Nous sommes tous témoins et victimes de la corruption qui a gangréné tout le tissu social ivoirien. Il n'existe aucune administration où les pauvres usagers que nous sommes ne soient obligés de débourser de l'argent pour se faire servir. Allez à l'hôpital, dans un commissariat, dans n'importe quel bureau de notre administration. Pour le plus petit papier, il vous faut payer. Mais le pire, vous vous en doutez, ce sont les diplômes et concours qui sont payants. Même le ridicule CEPE est payant. Personne ici n'ignore qu'à l'ENA, à l'école de police, à l'école de gendarmerie, il faut payer pour être admis. Si vous avez bonne mémoire, en 2007, M. Laurent Gbagbo avait été interrogé sur la question, en direct à la télévision. On lui avait parlé des diplômes achetés. Sa réponse avait été : " Moi, je n'ai jamais passé de concours pour entrer à l'ENA ou à l'école de police. Mais si tout le monde en parle, c'est que ça doit être vrai. Mais ce sont les élèves qui cherchent toujours un parapluie qui sont responsables. " C'était cela la réponse d'un chef d'Etat devant un problème aussi sérieux. Quel genre d'administration veut-on avoir quand les concours sont payants ? Dans cette même interview, les journalistes avaient interrogé M. Gbagbo sur les détournements dans la filière du cacao. Il avait répondu que lui, en tant qu'Etat, lorsqu'il avait touché le DUS (Droit unique de sortie) le reste ne l'intéressait plus. J'avais à l'époque écrit un article dont le titre était " un chef d'Etat incompétent et méprisant ". Cela m'avait valu d'être convoqué à la police criminelle, pour offense au chef de l'Etat et incitation à la révolte. Non seulement les paysans n'ont rien vu de ce que Laurent Gbagbo leur avait promis, mais le peu qui leur restait a été volé, pillé à grande échelle. Souvenez-vous de cette fameuse usine à Fulton, aux Etats-Unis qui a servi à pomper plus de cent milliards de francs. Il a fallu que la Banque Mondiale et le FMI fassent pression sur M. Laurent Gbagbo pour qu'il arrête tous ceux qui travaillaient dans la filière du café et du cacao. Mais tout le monde constate que depuis deux ans, ces hommes et femmes, dont certaines sont plus que très proches des hommes de la refondation, je parle de Madame Angéline Kili, sont en prison, sans jugement. Je crois que tout le monde a compris que s'il y a jugement, nous saurons tous que si ceux qui sont en prison en ce moment ont détourné de l'argent, une bonne partie de cet argent a été emplir plusieurs poches refondatrices et non des moindres. Allez aujourd'hui dans n'importe quel village de la Côte d'Ivoire, en zone gouvernementale et vous verrez la misère dans laquelle vivent nos parents paysans. Et tout le monde voit le luxe insolent dans lequel vivent nos refondateurs. Lorsqu'il y a eu la crise alimentaire, je me suis souviens d'Affi Nguessan qui fustigeait le PDCI. Il disait que ce parti avait gouverné pendant 40 ans, et n'avait pas développé l'agriculture vivrière. Ce monsieur avait oublié qu'il avait été premier ministre pendant deux bonnes années, et que pour faire pousser du riz, six mois suffisent largement. Et j'ai remarqué que chaque fois qu'un problème se pose, nos refondateurs oublient qu'ils sont au pouvoir et accusent ceux qui étaient là avant eux.
Toujours sur le plan de la moralité, j'ai découvert un jour en lisant dans la Lettre du Continent que la plupart des boîtes de nuit et super-maquis d'Abidjan où nos jeunes sœurs sont obligées de se prostituer pour survivre appartiennent aux refondateurs. Le journal a cité les noms du fils de Laurent Gbagbo, de son gendre et de bien d'autres de ses proches. Pour les gens de ce pouvoir, il faut se faire de l'argent partout, partout, même en prostituant les Ivoiriennes.
Parlons de l'école qui, pour moi, est la priorité des priorités pour tout Etat qui veut se développer. Laurent Gbagbo l'a livrée à la FESCI pour commettre ce que j'appellerai un génocide intellectuel. La seule chose qu'on y apprend est la violence. Et cela, parce que M. Laurent Gbagbo a compris une chose. C'est en manipulant les étudiants qu'il a pu accéder au pouvoir. C'est l'école qu'il a utilisée contre Houphouët-Boigny et contre Henri Konan Bédié. Il sait que c'est de l'école que son pouvoir dictatorial peut être contesté. Alors, il a livré l'école à la FESCI, à charge pour elle de veiller à ce qu'aucune contestation n'en sorte. Et c'est ainsi que le jeune Habib Dodo qui voulait créer un syndicat estudiantin concurrent de la FESCI a été tué, et qu'une jeune fille de ce même syndicat a été sauvagement violée, sans qu'aucun procureur ne se sente concerné.
Voici la réalité de la refondation. A notre époque, seuls allaient dans les écoles privées ceux qui avaient échoué dans le système public. Aujourd'hui, quiconque veut que ses enfants réussissent doit les envoyer dans une école privée. Or combien d'Ivoiriens ont les moyens d'envoyer leurs enfants dans une école privée ? Voici donc des prétendus socialistes dont la politique exclut délibérément les pauvres. Remarquez que lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, les seules augmentations de salaire auxquelles ils ont procédé ont été ceux du chef de l'Etat, des ministres, des députés et des conseillers économiques et sociaux dont j'avoue que je n'ai pas encore bien compris à quoi ils servent. On pourrait décortiquer tous les mythes de la refondation et l'on aboutira à la même conclusion : tout n'était que mythe. Un jour où je participais à une émission à la radio Nostalgie, un type qui était là m'a demandé si je pense que le bilan de Gbagbo est totalement négatif, s'il n'y a pas des choses positives qu'il a faites. Je lui ai dit, pour aller plus vite, de me citer ce que Laurent Gbagbo a fait de positif pour le pays. Je l'ai vu se plisser le front, chercher, chercher, et finalement, il a été incapable de me citer une seule chose positive. La réalité est que la refondation n'est pas venue pour développer la Côte d'Ivoire. C'est une bande de gens, qui observaient le PDCI gérer, ils ne voyaient que l'aspect matériel des choses, à savoir, " ils vivent dans de belles maisons, ils ont de l'argent, " et ils se sont mis à les envier. Et par un concours extraordinaire de circonstances, ils sont arrivés au pouvoir. Et ils n'en ont vu que le côté jouissif. Ça ne les intéresse absolument pas de construire quelque chose. Regardez le troisième pont par exemple. Le dossier était déjà bouclé au temps de Bédié. L'Etat n'a pas à sortir de l'argent puisqu'il devait être construit sous la forme BOT. C'est-à-dire que Bouygues devait le construire, et l'exploiter pendant un certain temps pour se rembourser et nous le rendre après. Eh bien, depuis dix ans, Gbagbo n'a absolument rien fait. Il sait pourtant combien ce troisième pont sera utile pour les Abidjanais. Mais il a dit que ce n'est pas une priorité pour lui. Puisque lui, ne connaît pas les embouteillages. L'école n'est pas une priorité pour lui, la santé des Ivoiriens n'est pas une priorité pour lui, l'industrialisation de notre pays, l'agriculture vivrière, l'entretien des infrastructures, rien n'est une priorité pour lui. La vie humaine, elle n'a aucune valeur à ses yeux. On n'a jamais autant tué dans ce pays que sous la refondation. La seule chose qui compte aux yeux de M. Gbagbo est son maintien au pouvoir. Les problèmes qui se posent aux Ivoiriens ? Une fois qu'il a dit " ce n'est pas normal ! ", pour lui, le problème est réglé. Une fois il a dit que ce n'est pas normal que dans un pays comme le nôtre, il y ait des médecins au chômage. Et il est passé à autre chose. Récemment à Agboville, il a dit que ce n'est pas normal que les routes du département soient dans un aussi mauvais état. Pour lui, il a fini avec ce problème. C'est aux gens d'Agboville de se démerder. Eh bien, que les Ivoiriens comprennent une bonne fois pour toutes que leurs problèmes n'intéressent pas les refondateurs. Ils doivent se débrouiller pour les résoudre tout seuls. Comme ils l'ont toujours fait depuis dix ans. La réalité est que nous avons affaire à un pouvoir totalement incompétent. Le vrai problème de Laurent Gbagbo, qu'il essaie de cacher derrière ses rires gras et son langage de rue, c'est qu'il est foncièrement incompétent pour la fonction de président de la république. Il reste à savoir si les Ivoiriens seront assez maso pour en redemander pour cinq ans encore. Je vous remercie.
Venance Konan
Et de nombreux Ivoiriens l'ont cru. Ils l'ont cru d'autant plus facilement que nous étions à la fin du règne d'Houphouët-Boigny et effectivement, le pays se portait plutôt mal. Gbagbo n'avait pas hésité à faire descendre les enfants dans les rues pour qu'ils traitent Houphouët-Boigny de voleur. Le Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara avait alors été appelé en renfort pour tenter de redresser la situation, mais nous n'étions qu'au début de sa thérapie. Le temps a passé. Houphouët-Boigny est mort en 1993. Henri Konan Bédié lui a succédé. Lui non plus n'a pas trouvé grâce aux yeux de Laurent Gbagbo. Tout le règne de Bédié sera marqué par les grèves, les marches, les manifestations d'étudiants instrumentalisés, jusqu'à ce qu'un coup d'Etat balaie ce pouvoir fragilisé. Et c'est là que les Ivoiriens vont se faire avoir. Excédés par les exactions du pouvoir militaire, ils vont donner leurs voix à Laurent Gbagbo, qui, en complicité avec Robert Guéï, avait pris le soin d'écarter les candidats des principaux partis ivoiriens que sont le RDR et le PDCI. Très naïvement, les Ivoiriens vont croire que des deux maux, le moindre était Laurent Gbagbo. Funeste erreur que nous n'avons pas fini de payer.
Quelle est la réalité de la refondation aujourd'hui, dix après son arrivée au pouvoir ? Parlons d'abord de la moralité. Nous sommes tous témoins et victimes de la corruption qui a gangréné tout le tissu social ivoirien. Il n'existe aucune administration où les pauvres usagers que nous sommes ne soient obligés de débourser de l'argent pour se faire servir. Allez à l'hôpital, dans un commissariat, dans n'importe quel bureau de notre administration. Pour le plus petit papier, il vous faut payer. Mais le pire, vous vous en doutez, ce sont les diplômes et concours qui sont payants. Même le ridicule CEPE est payant. Personne ici n'ignore qu'à l'ENA, à l'école de police, à l'école de gendarmerie, il faut payer pour être admis. Si vous avez bonne mémoire, en 2007, M. Laurent Gbagbo avait été interrogé sur la question, en direct à la télévision. On lui avait parlé des diplômes achetés. Sa réponse avait été : " Moi, je n'ai jamais passé de concours pour entrer à l'ENA ou à l'école de police. Mais si tout le monde en parle, c'est que ça doit être vrai. Mais ce sont les élèves qui cherchent toujours un parapluie qui sont responsables. " C'était cela la réponse d'un chef d'Etat devant un problème aussi sérieux. Quel genre d'administration veut-on avoir quand les concours sont payants ? Dans cette même interview, les journalistes avaient interrogé M. Gbagbo sur les détournements dans la filière du cacao. Il avait répondu que lui, en tant qu'Etat, lorsqu'il avait touché le DUS (Droit unique de sortie) le reste ne l'intéressait plus. J'avais à l'époque écrit un article dont le titre était " un chef d'Etat incompétent et méprisant ". Cela m'avait valu d'être convoqué à la police criminelle, pour offense au chef de l'Etat et incitation à la révolte. Non seulement les paysans n'ont rien vu de ce que Laurent Gbagbo leur avait promis, mais le peu qui leur restait a été volé, pillé à grande échelle. Souvenez-vous de cette fameuse usine à Fulton, aux Etats-Unis qui a servi à pomper plus de cent milliards de francs. Il a fallu que la Banque Mondiale et le FMI fassent pression sur M. Laurent Gbagbo pour qu'il arrête tous ceux qui travaillaient dans la filière du café et du cacao. Mais tout le monde constate que depuis deux ans, ces hommes et femmes, dont certaines sont plus que très proches des hommes de la refondation, je parle de Madame Angéline Kili, sont en prison, sans jugement. Je crois que tout le monde a compris que s'il y a jugement, nous saurons tous que si ceux qui sont en prison en ce moment ont détourné de l'argent, une bonne partie de cet argent a été emplir plusieurs poches refondatrices et non des moindres. Allez aujourd'hui dans n'importe quel village de la Côte d'Ivoire, en zone gouvernementale et vous verrez la misère dans laquelle vivent nos parents paysans. Et tout le monde voit le luxe insolent dans lequel vivent nos refondateurs. Lorsqu'il y a eu la crise alimentaire, je me suis souviens d'Affi Nguessan qui fustigeait le PDCI. Il disait que ce parti avait gouverné pendant 40 ans, et n'avait pas développé l'agriculture vivrière. Ce monsieur avait oublié qu'il avait été premier ministre pendant deux bonnes années, et que pour faire pousser du riz, six mois suffisent largement. Et j'ai remarqué que chaque fois qu'un problème se pose, nos refondateurs oublient qu'ils sont au pouvoir et accusent ceux qui étaient là avant eux.
Toujours sur le plan de la moralité, j'ai découvert un jour en lisant dans la Lettre du Continent que la plupart des boîtes de nuit et super-maquis d'Abidjan où nos jeunes sœurs sont obligées de se prostituer pour survivre appartiennent aux refondateurs. Le journal a cité les noms du fils de Laurent Gbagbo, de son gendre et de bien d'autres de ses proches. Pour les gens de ce pouvoir, il faut se faire de l'argent partout, partout, même en prostituant les Ivoiriennes.
Parlons de l'école qui, pour moi, est la priorité des priorités pour tout Etat qui veut se développer. Laurent Gbagbo l'a livrée à la FESCI pour commettre ce que j'appellerai un génocide intellectuel. La seule chose qu'on y apprend est la violence. Et cela, parce que M. Laurent Gbagbo a compris une chose. C'est en manipulant les étudiants qu'il a pu accéder au pouvoir. C'est l'école qu'il a utilisée contre Houphouët-Boigny et contre Henri Konan Bédié. Il sait que c'est de l'école que son pouvoir dictatorial peut être contesté. Alors, il a livré l'école à la FESCI, à charge pour elle de veiller à ce qu'aucune contestation n'en sorte. Et c'est ainsi que le jeune Habib Dodo qui voulait créer un syndicat estudiantin concurrent de la FESCI a été tué, et qu'une jeune fille de ce même syndicat a été sauvagement violée, sans qu'aucun procureur ne se sente concerné.
Voici la réalité de la refondation. A notre époque, seuls allaient dans les écoles privées ceux qui avaient échoué dans le système public. Aujourd'hui, quiconque veut que ses enfants réussissent doit les envoyer dans une école privée. Or combien d'Ivoiriens ont les moyens d'envoyer leurs enfants dans une école privée ? Voici donc des prétendus socialistes dont la politique exclut délibérément les pauvres. Remarquez que lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, les seules augmentations de salaire auxquelles ils ont procédé ont été ceux du chef de l'Etat, des ministres, des députés et des conseillers économiques et sociaux dont j'avoue que je n'ai pas encore bien compris à quoi ils servent. On pourrait décortiquer tous les mythes de la refondation et l'on aboutira à la même conclusion : tout n'était que mythe. Un jour où je participais à une émission à la radio Nostalgie, un type qui était là m'a demandé si je pense que le bilan de Gbagbo est totalement négatif, s'il n'y a pas des choses positives qu'il a faites. Je lui ai dit, pour aller plus vite, de me citer ce que Laurent Gbagbo a fait de positif pour le pays. Je l'ai vu se plisser le front, chercher, chercher, et finalement, il a été incapable de me citer une seule chose positive. La réalité est que la refondation n'est pas venue pour développer la Côte d'Ivoire. C'est une bande de gens, qui observaient le PDCI gérer, ils ne voyaient que l'aspect matériel des choses, à savoir, " ils vivent dans de belles maisons, ils ont de l'argent, " et ils se sont mis à les envier. Et par un concours extraordinaire de circonstances, ils sont arrivés au pouvoir. Et ils n'en ont vu que le côté jouissif. Ça ne les intéresse absolument pas de construire quelque chose. Regardez le troisième pont par exemple. Le dossier était déjà bouclé au temps de Bédié. L'Etat n'a pas à sortir de l'argent puisqu'il devait être construit sous la forme BOT. C'est-à-dire que Bouygues devait le construire, et l'exploiter pendant un certain temps pour se rembourser et nous le rendre après. Eh bien, depuis dix ans, Gbagbo n'a absolument rien fait. Il sait pourtant combien ce troisième pont sera utile pour les Abidjanais. Mais il a dit que ce n'est pas une priorité pour lui. Puisque lui, ne connaît pas les embouteillages. L'école n'est pas une priorité pour lui, la santé des Ivoiriens n'est pas une priorité pour lui, l'industrialisation de notre pays, l'agriculture vivrière, l'entretien des infrastructures, rien n'est une priorité pour lui. La vie humaine, elle n'a aucune valeur à ses yeux. On n'a jamais autant tué dans ce pays que sous la refondation. La seule chose qui compte aux yeux de M. Gbagbo est son maintien au pouvoir. Les problèmes qui se posent aux Ivoiriens ? Une fois qu'il a dit " ce n'est pas normal ! ", pour lui, le problème est réglé. Une fois il a dit que ce n'est pas normal que dans un pays comme le nôtre, il y ait des médecins au chômage. Et il est passé à autre chose. Récemment à Agboville, il a dit que ce n'est pas normal que les routes du département soient dans un aussi mauvais état. Pour lui, il a fini avec ce problème. C'est aux gens d'Agboville de se démerder. Eh bien, que les Ivoiriens comprennent une bonne fois pour toutes que leurs problèmes n'intéressent pas les refondateurs. Ils doivent se débrouiller pour les résoudre tout seuls. Comme ils l'ont toujours fait depuis dix ans. La réalité est que nous avons affaire à un pouvoir totalement incompétent. Le vrai problème de Laurent Gbagbo, qu'il essaie de cacher derrière ses rires gras et son langage de rue, c'est qu'il est foncièrement incompétent pour la fonction de président de la république. Il reste à savoir si les Ivoiriens seront assez maso pour en redemander pour cinq ans encore. Je vous remercie.
Venance Konan