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Politique Publié le mardi 19 octobre 2010 | L’Inter

Compagne électorale en Côte d`Ivoire - Un expert analyse les stratégies des candidats - Dr Allangba Yéboué: "Ce qui va faire la différence"

© L’Inter Par DR
Election Présidentielle : Cérémonie d`investiture de Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle,.
Samedi 09 octobre 2010 - Hôtel Ivoire.
La campagne électorale ouverte le 15 octobre dernier pour l`élection présidentielle du 31 octobre prochain, est l`occasion pour les différents candidats de développer des stratégies à l`effet de faire adhérer les électeurs à leurs projets de société. Dr Allangba Yéboué, enseignant chercheur au Centre d`Etude et de Recherche en Communication (CERCOM) de l`université de Cocody, jette un regard sur cette communication électorale. Entretien!

Quel regard jetez-vous sur les différents instruments utilisés par les différents candidats pour faire passer leurs messages ?

Les moyens utilisés actuellement par les candidats pour faire passer leurs messages sont multiples. Le principal outil que nous voyons, c’est bien la télévision. Indépendamment de la télévision, il y a d’autres moyens qu’ils pourraient utiliser, tels que les médias privés, la radio également, les nouvelles technologies de l`information et de la communication comme l’Internet, la vidéo-conférence, le cellulaire. Il en existe une panoplie.

Quelle est aujourd’hui la place qu’occupent ces médias dans la conquête de l’électorat ?

Ces médias ont une place primordiale dans la mesure où la compétition électorale s’étend sur l’étendue du territoire, il faut que les messages des candidats puissent être portés à la connaissance de tous. Et donc, ces personnes utilisent les moyens existants actuellement. Notamment la télévision et la radio.

Mais il se pose le problème de l`accès aux médias publics...

Le Conseil national de la presse (Cnp) et le Conseil national de la communication audiovisuel (Cnca) qui sont les organes de régulation de l’usage des médias en Côte d’Ivoire, ont été clairs sur ce point. Tous les médias doivent être ouverts de façon légale à tous les candidats. Mais qu’est-ce qu’on constate dans la réalité ? C`est qu`il y a une grande distorsion entre le président candidat sortant, qui est toujours le chef de l’Etat, et qui bénéficie des moyens de l’Etat, à savoir la télévision principalement pour faire passer de façon insidieuse, son message.

A quoi faites-vous référence concrètement ?

Par exemple, le président de la République organise des visites d’Etat, et la télévision se croit obligée de couvrir ces événements. Mais, nous savons quels sont les messages sont délivrés.

Au niveau des médias privés, on sait que des partis politiques ont leurs supports, certains candidats n’en possèdent pas. Est-ce que cela ne va pas quand même pas biaiser la campagne?

On ne peut pas se faire hara-kiri. Vous êtes propriétaire de votre journal par exemple, vous l’utilisez à bon escient. Les autres n’en ont pas, c’est à eux d’organiser des activités qui peuvent être susceptibles d’être couvertes. La loi en période électorale, c`est que les médias doivent pouvoir ouvrir leurs pages, en ce qui concerne les journaux, à tous les candidats. Si tous les candidats n’ont pas les moyens pour faire passer leurs messages, il n’y a pas que les journaux. On a vu un candidat faire usage de l’affiche et même le sms (short message sending ndlr). Je pense qu’il appartient aux candidats de développer une certaine stratégie de communication qui puisse leur permettre de contourner peut-être cette façon de faire des journaux privés ou de l’Etat. Parce qu’il n’y a pas que ces moyens-là pour faire passer le message. Il y a aussi bien des moyens traditionnels que des moyens modernes qu’on peut utiliser.

Le constat, c`est que les différents messages véhiculés par les candidats ont tous trait à la paix. Est-ce que ces messages de paix et les différents slogans vont toujours dans le même sens ?

Ce n’est pas forcément dans le même sens. Le slogan ‘’On gagne ou on gagne’’ veut dire qu’on n’émet même pas l’hypothèse de perdre. Ou alors, qu`on se dit que si on perd, qu’est-ce qui va arriver? Est-ce qu’on va accepter de façon pacifique les résultats? Vous savez que la Côte d’Ivoire a vécu au moins trente ans dans la paix, et le fait que le pays ait été perturbé ces dix dernières années, fait que la grande majorité des Ivoiriens aspirent d’abord à la paix. Parce que sans paix, on ne peut rien faire.

Est- ce qu’aujourd’hui on ne sent pas une certaine inadéquation entre les actions que posent les hommes politiques et leurs différents messages ?

Je pense que tout le monde est devenu lucide. Chacun veut qu’il y ait la paix pour avancer. Chacun fait ce qu’il peut. Actuellement, ce ne sont que des éléments hybrides. Celui qui est au pouvoir fait actuellement tout, pour faire connaître ses œuvres, ses réalisations. On découvre subitement qu’il a fait des réalisations pendant cette guerre. Les autres n’ont pas de bilan à donner. Donc, je ne pense pas qu’il y ait véritablement une contradiction entre ce qu’ils expriment et ce qui est dit.

Quelle sera la place du vote ethnique dans cette campagne?

C’est vrai qu’on a 50 ans d’âge, mais la notion de nation n’est pas encore bien ancrée dans nos mentalités. Donc de façon instinctive, chacun vote d’abord pour le candidat de son ethnie. On doit essayer de fédérer tout le monde. C’est pour cela que j’apprécie que les trois grands candidats se déplacent librement dans toutes les régions du pays.

Qu’est-ce qui doit faire la différence au cours de cette campagne, du point de vue communicationnel ?

Vous savez qu’actuellement, il y a une différence entre la communication politique et le marketing politique. Il s’agit ici de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre, de répondre un peu aux préoccupations qui sont les leurs. Donc, je pense que ce qui va faire la différence entre les différents candidats, c`est l`usage des nouveaux médias. Mais combien d’Ivoiriens sont en contact avec ces nouveaux médias ? Bon, je pense que la télévision reste encore le support le plus habituel à travers lequel les gens vont passer pour faire connaître leurs messages. La différence se fera au niveau de celui qui va toucher les préoccupations réelles des populations, notamment le chômage, la santé, etc., si on donne les mêmes chances aux candidats d’avoir accès aux moyens de communication.

Parlant de message, on a vu Alassane Ouattara à Wassakara ( Bas quartier de Yopougon), Jacqueline Lohouès Oble au marché Gouro rencontrer les vendeuses, où encore Gbagbo à la rencontre des étudiants à l`université de Cocody. Quel commentaire faites-vous de ces différentes démarches vers ces cibles?

Ce sont des Ivoiriens comme tout le monde. On peut dire que la Côte d’Ivoire est stratifiée de telle sorte qu’on a au bas de l`échelle sociale, ceux qui n’ont peut-être pas assez de moyens. Mais en matière de vote, une voix est égale à une voix. Il n’y a pas la voix des grands et la voix des petits. Alors, c’est la manière de convaincre les gens de voter en allant vers eux tout simplement, qui va faire la différence. Je crois que c’est le marketing politique, aller vers les populations et vivre leurs réalités, leurs problèmes et en faire des messages qu’on va leur livrer.

Quels sont les facteurs qui vont favoriser le vote partisan, selon vous ?
En matière politique, il y a le comportement des populations. Il y en a qui sont des inconditionnels. Avec ceux-là, il n’est pas facile d’enlever de leur esprit ce qui les lie au candidat. Maintenant, c’est ceux qui hésitent, qui font d’ailleurs la majorité de la population, c’est eux qu’il faut convaincre à aller voter.

Réalisée par Bertrand Gueu
Coll : D. OUATTARA (stg)
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