“Le cortège d’Alassane Ouattara tombe dans une embuscade ». Cette information barrait hier, la une d’un confrère de la place. Si elle devrait mériter une attention particulière du fait des nombreux coupeurs de route qui pullulent sur l’axe Tiassalé-Elibou, c’est le caractère sensationnel que l’on a voulu lui donner pour y voir forcement la main de l’adversaire qui intrigue dans cette période où les yeux des Ivoiriens semblent rivés sur la prestation des candidats devant les électeurs dont ils sollicitent les suffrages. En choisissant son angle, le confrère a voulu une fois de plus soutenir l’argument de Ouattara selon lequel il est l’homme à abattre sur l’échiquier politique national. Cela est d’autant plus vrai que l’auteur de l’article a pris soin de mentionner expressément ceci: l’on voudrait «attenter» à la vie de Ouattara pour l’empêcher de prendre part à la compétition électorale du 31 octobre 2010. L’attaque du cortège selon le même auteur se fait à «l’approche d’Elibou, cet ancien corridor des Forces de défense et de sécurité ». Le choix du lieu n’est pas fortuit. Dans l’entendement de ceux qui ont donné l’information, le choix de ce lieu donnerait plus de crédit à ces faits. Parce que Ouattara s’étant toujours considéré comme l’homme dont les Fds de Côte d’ Ivoire rechercheraient activement la tête. Cette information, il faut le dire tout net, n’est pas loin d’une manipulation qui vise à se faire passer pour une sempiternelle victime dans le seul but de s’attirer la sympathie de l’opinion internationale et l’amener à accepter les troubles post électoraux qui se préparent activement dans les officines du Rdr. Hier, c’est lui Ouattara qui criait à la bastonnade de ses militants à l’Université de Cocody par les étudiants de la Fesci. Les journaux qui lui sont proches, se saisissant de l’occasion en avaient fait leur choux gras pendant une semaine. Pourtant, c’est lui Ouattara qui avait déversé des loubards sur le campus pour y semer les troubles. Cet acte avait pour objectif d’accabler l’organisation syndicale des étudiants que ses partisans et lui assimilent à une branche « armée » du pouvoir Gbagbo. Aujourd’hui, c’est à son cortège que des gens s’en prennent sur l’autoroute du Nord. Le confrère qui sait certainement grand-chose n’hésite pas à soupçonner des gens dans le camp des adversaires. “Etaient-ils en mission pour empêcher le candidat du Rdr de se présenter à la présidentielle du 31 octobre et solliciter le suffrage des Ivoiriens” ? S’interroge le confrère avant de conclure qu’il y a “anguille sous roche ». Et c’est là que la manipulation prend tout son sens. Parce que la question et la conclusion du confrère puent l’air d’une accusation voilée. Au lieu de voir cette action d’Elibou comme un acte de banditisme de grand chemin, on veut vaille que vaille accuser des gens dont on aura du mal à prouver la culpabilité devant la justice. Le mentor des républicains qui est si sûr de sa défaite ne voulant pas quitter la scène politique sans s’adonner à son jeu favori qui est celui des troubles, veut passer par ces raccourcis pour endeuiller encore les populations après la proclamation de la victoire de Laurent Gbagbo. Et il veut déjà se donner les moyens pour les justifier comme il en a l’habitude.
Pierre Legrand
gbogoupierre@yahoo.fr
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