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Politique Publié le jeudi 21 octobre 2010 |

Les 11 années de crise qui ont ébranlé le "miracle ivoirien"

© Par Fatai photorush
Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire: le préfet Konin Aka préside le défilé militaire à Bouaké
Samedi 7 août 2010. Bouaké. Soldats des Forces nouvelles, de l`ONUCI, du Centre de commandement intégré (CCI) et forces vives défilent en présence des autorités administratives, politiques et militaires, à la faveur du 50è anniversaire de l`indépendance de la Côte d`Ivoire
France24.com - Du coup d`État de Noël 1999 au long et douloureux processus de réconciliation, retour sur une décennie de crise politico-militaire qui a secoué un pays longtemps érigé en "locomotive économique" des anciennes colonies françaises d`Afrique.

* Aux racines de la crise

7 décembre 1993 - Le chef de l’État, Félix Houphouët-Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire, décède des suites d’un cancer. Le "père de la nation" meurt sans avoir désigné de véritable successeur. Le président de l’Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, assure de fait l’intérim.

8 décembre 1994 - Révision du Code électoral, qui restreint davantage les critères d’éligibilité. Dorénavant, tout candidat à la présidence doit prouver son ascendance et son identité ivoiriennes. Une mesure qui permet à Henri Konan Bédié d’évincer son principal rival, l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, dont l’"ivoirité" est contestée.

22 octobre 1995 - Opposé à un seul candidat, Henri Konan Bédié remporte l’élection présidentielle avec 96,44 % des voix. Les leaders des principaux partis d’opposition, Alassane Dramane Ouattara, du Rassemblement des républicains (RDR), et Laurent Gbagbo, du Front populaire ivoirien (FPI), ont boycotté le scrutin.

24 décembre 1999 - Henri Konan Bédié est renversé par un coup d’État militaire. Le général Robert Guéï prend la tête d`un Conseil national de salut public. La junte au pouvoir est chargée d’assurer la transition, avant la tenue d’une élection présidentielle.

6 octobre 2000 - La Cour suprême invalide les candidatures à la présidentielle d`Alassane Dramane Ouattara et d`Henri Konan Bédié. Le premier est exclu pour "nationalité douteuse", le second pour dossier incomplet.

22 octobre 2000 - Laurent Gbagbo remporte l’élection présidentielle face à Robert Guéï. Le chef de la junte conteste le résultat et s’autoproclame président de la République. Les partisans de Gbagbo se soulèvent.

La majorité de la population, la gendarmerie et une partie de l’armée rejoignent le mouvement de protestation. Les manifestations donnent lieu à des affrontements entre la population et la garde prétorienne du général Guéï, qui sera rapidement défaite.

26 octobre 2000 - La Commission électorale proclame officiellement la victoire de Laurent Gbagbo à la présidentielle.

* La Côte d’Ivoire coupée en deux

19 septembre 2002 - Profitant de l’absence de Laurent Gbagbo, alors en visite officielle en Italie, des hommes armés venus du nord mènent des attaques simultanées à Abidjan, la capitale économique du pays, à Bouaké (centre) et à Korhogo (nord). Le ministre de l’Intérieur, Émile Boga Doudou, et l’ancien chef de la junte, Robert Guéï, sont assassinés.

Les jours suivant, plusieurs opposants politiques - parmi lesquels des membres du RDR soupçonnés d`être à l`origine de la rébellion -, sont exécutés par l’armée loyaliste. Entre septembre et novembre 2002, 300 personnes sont assassinées.

22 septembre 2002 - La France intervient militairement pour protéger les ressortissants étrangers. Quelque 3 000 Occidentaux sont évacués. C’est le début de l’opération Licorne.

28 septembre 2002 - Au nom des accords de défense qui lient Abidjan et Paris depuis 1961, le gouvernement ivoirien sollicite l’aide de l’armée française. Considérant qu’il s’agit d’une affaire "ivoiro-ivoirienne", la France refuse. Tout juste concède-t-elle à délimiter une "zone de confiance" coupant le pays en deux. Les insurgés prennent position dans le nord. Le sud du pays reste sous le contrôle du gouvernement ivoirien.

29 septembre 2002 - La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) crée un "groupe de contact" et envoie une force de paix dans le pays.

17 octobre 2002 - Signature d’un cessez-le-feu entre les rebelles, représentés par leur chef politique Guillaume Soro, et le "groupe de contact" de la Cedeao.

* L’intenable processus de Marcoussis

26 janvier 2003 - Sous l’égide de la France, les différents partis politiques ivoiriens et les factions rebelles, réunis à Linas-Marcoussis (région parisienne), se mettent d’accord sur un plan de sortie de crise. Selon les termes de l’accord, Laurent Gbagbo, maintenu au pouvoir, s’engage à former un gouvernement de "réconciliation nationale" regroupant l’ensemble des partis ainsi que des rebelles du nord.

4 février 2003 - Premières manifestations anti-françaises. Les militants pro-Gbagbo accusent Paris d’avoir poussé le président ivoirien à signer les accords de Marcoussis.

17 avril 2003 - Le gouvernement de "réconciliation nationale" se réunit pour la première fois.

4 juillet 2003 - La fin de la guerre civile est officiellement déclarée.

21 octobre 2003 - Le correspondant de Radio France internationale (RFI) à Abidjan, Jean Hélène, est tué d`une balle tirée à bout pourtant par un gendarme ivoirien.

27 février 2004 - L’ONU met sur pied l’Opération des Nations unis en Côte d’Ivoire (Onuci), chargée de veiller au respect du cessez-le-feu.

25 mars 2004 - Les forces gouvernementales, la gendarmerie et la milice pro-gouvernementale des Jeunes patriotes répriment dans le sang une marche pacifique organisée pour protester contre les blocages du processus de Marcoussis. L’ONU fait état d’au moins 120 morts et 20 disparus.

30 juillet 2004 - Réunis à Accra, au Ghana, le président Gbagbo et les différents partis ivoiriens signent les accords d’Accra III qui fixent un calendrier de désarmement des milices et des rebelles.

15 octobre 2004 - Les rebelles, réunis au sein des Forces nouvelles (FN), refusent de déposer les armes, comme le prévoient les accords d’Accra III.

4 novembre 2004 - Les forces gouvernementales lancent l’opération "Dignité". Deux avions de combat Sukhoï-25 bombardent Bouaké, "capitale" de la rébellion. L’Onuci et les troupes françaises de l’opération Licorne restent neutres. En visite au Togo, Guillaume Soro, chef des FN, déclarent les accords de Kléber et d’Accra III "caducs".

* Flambée de violences antifrançaises

6 novembre 2004 - Deux chasseurs de l’armée ivoirienne bombardent les positions rebelles à Bongora, Brobo et Bouaké. Un Sukhoï-25 lâche des roquettes contre le lycée Descartes de Bouaké qui sert de cantonnement à l’armée française. Neuf soldats et un ressortissant américain sont tués.

L’armée française riposte en détruisant les deux chasseurs qui viennent de se poser à l’aéroport de Yamoussoukro. Un mécanicien ivoirien est tué.

À Abidjan, militants pro-Gbagbo et Jeunes patriotes mettent le feu au lycée international Jean-Mermoz et lancent une "chasse aux Blancs". Des hommes armés attaquent des soldats de l’opération Licorne postés à l’aéroport.

Un raid français détruit l`ensemble de la flotte militaire ivoirienne.

9 novembre 2004 - Des milliers de manifestants ivoiriens encerclent l’Hôtel Ivoire d’Abidjan, où des troupes françaises se sont repliées. Un gendarme ivoirien est tué dans une fusillade.

9 - 17 novembre 2004 - L’armée française organise le rapatriement des ressortissants occidentaux. En un peu plus d’une semaine, 9 000 étrangers, dont 8 300 Français, sont évacués.

15 novembre 2004 - L’ONU décrète un embargo total sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire.

23 novembre 2004 - Alors que le calme semble revenu à Abidjan, les troupes françaises lèvent les barrages qu’elles avaient dressés dans la capitale économique.

* La longue marche vers la paix

6 avril 2005 - Sous le patronage du président sud-africain Thabo Mbeki, les protagonistes de la crise signent, à Pretoria, en Afrique du Sud, un texte aux termes duquel ils s`engagent à mettre immédiatement fin aux hostilités et à reprendre le processus de désarmement.

24 juin 2005 - En prévision de l`élection présidentielle du 30 octobre 2005, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l`unanimité la résolution 1609, qui renforce les effectifs de l`Onuci et proroge le mandat de l`opération Licorne jusqu’au 24 janvier 2006.

9 septembre 2005 - Estimant que les conditions nécessaires à la bonne tenue de la présidentielle ne sont pas réunies, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, annonce le report sine die du scrutin.

4 décembre 2005 - Le patron de la Banque centrale des États de l`Afrique de l`Ouest (BCEAO), Charles Konan Banny, est nommé à la tête du gouvernement chargé d’assurer la transition jusqu’à la tenue d’une élection présidentielle, qui doit avoir lieu avant le 31 octobre 2006.

28 février 2006 - Pour la première fois depuis 2002, un sommet extraordinaire réunit, à Yamoussoukro, tous les protagonistes de la crise : le président Laurent Gbagbo, le Premier ministre Charles Konan Banny, le chef des rebelles Guillaume Soro, l`ex-Premier ministre Alassane Ouattara et l`ancien chef de l`État Henri Konan Bédié.

1er novembre 2006 - L’élection présidentielle est une nouvelle fois reportée. Le Conseil de sécurité de l`ONU adopte à l`unanimité la résolution 1721, selon laquelle "le président Laurent Gbagbo demeurera chef de l`État à partir du 1er novembre 2006 pour une nouvelle période finale de transition n`excédant pas 12 mois".

4 mars 2007 - Au terme d’un mois de dialogue entamé à l’initiative de Laurent Gbagbo, les différents protagonistes signent, à Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, une série d’accords prévoyant le départ des soldats français et des casques bleus de l`ONU après la formation d`un nouveau gouvernement de transition. Le texte prévoit également la relance du processus d`identification et d`enregistrement des électeurs en vue de la présidentielle, prévue à la fin de 2007. L’ONU et les soldats français de l`opération Licorne sont invités à supprimer la "zone de confiance" qui sépare le nord du pays, aux mains des rebelles, du sud, contrôlé par les forces gouvernementales.

29 mars 2007 - Faisant suite aux accords de Ouagadougou, le président Laurent Gbagbo nomme Guillaume Soro, chef rebelle des FN, au poste de Premier ministre. L’élection présidentielle est prévue pour novembre.

29 juin 2007 - L`avion du Premier ministre Guillaume Soro est la cible d’une attaque à l’arme lourde lors de son atterrissage à Bouaké. L’attentat fait quatre morts et des dizaines de blessés parmi la délégation.

30 juillet 2007 - Lors d`une cérémonie censée marquer le début du processus de désarmement, le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre Guillaume Soro brûlent symboliquement des armes dans un stade de Bouaké, l`ancien fief insurrectionnel.

* L’impossible élection

27 novembre 2007 - Nouveau report de l’élection présidentielle. Le chef de l’État et son Premier ministre s’entendent sur une nouvelle échéance : les élections présidentielle et législatives devront se tenir au plus tard à la fin du premier semestre de 2008.

14 avril 2008 - Le premier tour de l’élection présidentielle est fixée au 30 novembre 2008.

15 septembre 2008 - Coup d’envoi du recensement général destiné à mettre à jour les registres électoraux en vue du scrutin présidentiel.

10 novembre 2008 - L`élection présidentielle du 30 novembre est une nouvelle fois reportée en raison des retards pris dans la préparation du scrutin et le recensement des électeurs.

25 décembre 2008 - Le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro signent un accord intégrant les ex-rebelles des FN aux forces de sécurité ivoiriennes.

15 mai 2009 - Sous la pression internationale, la Commission électorale indépendante (CEI) fixe la tenue du scrutin présidentiel au 30 novembre 2009.

31 octobre 2009 - Pour la sixième fois, l’élection présidentielle est reportée sine die. En cause : le retard pris dans l`élaboration des listes électorales.

12 février 2010 - Laurent Gbagbo annonce la dissolution du gouvernement et de la CEI dont le chef, Robert Beugré Mambé, est accusé de fraude dans le traitement des litiges sur la liste électorale. L`opposition dénonce un "coup d`État" du président. Reconduit dans ses fonctions, le Premier ministre Guillaume Soro dispose de deux jours pour former un nouveau gouvernement.

19 février 2010 - Des affrontements entre forces de police et opposants au président Laurent Gbagbo réclamant le rétablissement de la CEI font plusieurs morts à Gagnoa, dans le centre-ouest du pays.

24 février 2010 - Après plusieurs jours de manifestations émaillées de violence, Guillaume Soro nomme un gouvernement de 27 membres. Onze portefeuilles ministériels reviennent aux deux principales formations d’opposition : le PDCI d’Henri Konan Bédié et le RDR d`Alassane Ouattara.

26 février 2010 - Laurent Gbagbo nomme un membre de l’opposition à la tête de la CEI. Issu des rangs du PDCI, Youssouf Bakayoko reçoit pour mission de relancer le laborieux travail d`élaboration de listes électorales définitives.

6 août 2010 - Le Premier ministre Guillaume Soro annonce que le premier tour de l`élection présidentielle se tiendra le 31 octobre 2010, cinq ans après la date initialement prévue.

15 octobre 2010 - Coup d’envoi de la campagne électorale pour le premier tour de l’élection présidentielle. Favori du scrutin, le président sortant Laurent Gbagbo (FPI) sera opposé à Alassane Dramane Ouattara (RDR) et Henri Konan Bédié (PDCI).

Par FRANCE 24
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