Ils grimpent… encore. Les prix des denrées alimentaires de grande consommation enregistrent, depuis quelques jours, de nouvelles remontées fulgurantes .Pendant que la campagne s’emballe.
Les candidats à la présidentielle envahissent le marché des voix. Pendant ce temps, le marché des denrées alimentaires échappe aux clients. En effet, depuis l’ouverture de la campagne politique, le panier de la ménagère se fait de plus en plus léger. Sur les étals, tout se passe comme si les commerçants se sont donné le même mot d’ordre : afficher des prix exorbitants. En cette période électorale, les prix des denrées de première nécessité ne cessent de connaître une flambée vertigineuse. En l’espace de quelques jours seulement, ils se sont littéralement envolés. Les produits concernés sont l’huile, le sucre, les produits laitiers et les fruits verts. La hausse frôle pratiquement les 15%. Au niveau de l’agro-industrie, la folie touche surtout l’huile de palme raffinée dont le prix a pris quelques francs de plus. La bouteille de 90 centilitres se vend aujourd’hui à 900 Fcfa contre 750 Fcfa auparavant.
Fièvre électorale
Il y a moins d’une année, la même quantité s’échangeait à 600 Fcfa. Au même moment, la boîte de lait non sucré, comme le «Bonnet rouge» s’est propulsée à 400 Fcfa chez certains détaillants, alors qu’elle ne dépassait guère les 300 Fcfa il n’y a pas si longtemps. Le secteur des granulés connaît aussi des palpitations. Le sucre est en effervescence. De 550 Fcfa le kilo, le prix du roux a augmenté de 125 Fcfa. Conséquence, chez les vendeuses d’aliments, la tasse de lait affiche des niveaux ronflants à 300 Fcfa. Ce n’est pas tout. Le lait en poudre n’arrête pas de bouillir et s’échange entre 2.900 Fcfa et 3.200 Fcfa selon les marques.
L’emballement des prix n’épargne pas les œufs. Sous certains étals comme à Cocody-Riviera, l’œuf a franchi les 125 Fcfa chez certains détaillants contre 75 à 100 Fcfa auparavant. Comment expliquer que les prix disjonctent à ce point ? A quel mécanisme économique obéit cette hausse exponentielle des prix des aliments de base ? Les commerçants évoquent la pénurie. Autant dire que les prix sont commandés par l’offre et la demande. En effet, explique Moussa Kanté, importateur de produits divers, ces augmentations sont la conséquence des yoyos des matières premières sur le marché international. Mais, selon les pouvoirs publics, c’est plutôt le fait de commerçants véreux. «S’il y a augmentation de prix, c’est à cause de la spéculation », tranche Joseph Konan Blé, inspecteur des prix. En attendant l’épilogue de cette polémique, les augmentations tendent à se généraliser. En fait, les produits agroindustriels ne sont pas les seuls concernés par les hausses. Même si la proportion semble bien limitée, les vivriers donnent également le vertige aux consommateurs ivoiriens. Certains fruits et légumes sont devenus inabordables, du moins pour les petites bourses. Les prix changent au gré des commerçants dont «les sautes d’humeur» ne font que malmener le marché local. Par exemple, l’igname reste toujours hors de portée. Le kilogramme se négocie entre 400 et 500 Fcfa. La pomme de terre, elle, fait encore parler d’elle. Les prix se situent entre 800 et 900 le kilo. La «grosse patate», s’emballe mais il y a aussi la tomate dont le kilo oscille entre 500 et 700 Fcfa. Les carottes, le piment et le poivron enregistrent de légers frémissements. Malgré la saison des pluies, favorables à la denrée, l’assiette de salade ressort clairsemée. Quant aux boucheries, il faut avoir du courage pour s’en approcher. La viande, qu’elle soit blanche ou rouge, voit rouge. La viande de bœuf est à 2.000 Fcfa, le kilo. Le poulet, quant à lui, s’est vu pousser des ailes. Un coquelet se négocie sur le marché d’Adjamé-Extension à 5.000 Fcfa. Mais la surprise vient du poisson machoiron : il vole la vedette et ne décore plus les tables des familles démunies puisqu’il est vendu à prix d’or. A certains endroits, comme à Yopougon-Siporex, 6.000 Fcfa, ce n’est pas exagéré. Par ailleurs, les prix des matériaux de construction sont aussi dans la spéculation. Le sac de ciment de 50 kilogrammes, vendu il y a un mois à 5000 Fcfa, se vend aujourd’hui à plus de 6.000.
Le fer à béton a également subi un réaménagement. «Ce sont des augmentations anormales dans la mesure où les cours des matériaux de construction chutent de plus en plus sur le marché mondial à cause du déclin de la demande en raison de la récession économique ambiante », analyse Maxime Gnédéa, expert immobilier. Pour lui, les conséquences de cette flambée se feront ressentir bientôt notamment sur les grands chantiers. «L’augmentation des prix peut engendrer des retards dans le parachèvement des projets. Les délais de livraison ne seront ainsi pas respectés. Il en sera de même pour la facturation de ces surcoûts », argumente-t-il. Où s’arrêtera cette flambée des prix ? La situation est d’autant explosive que le mécontentement des petits revenus est quasi-général. Ils s’interrogent sur les raisons qui sous-tendent ces hausses sauvages.
Opportunisme commerçant
Pour Noel Adiko, enseignant de collège à Koumassi, cette subite folie est inexplicable. Certains clients n’hésitent pas à établir un lien entre la flambée et la fièvre électorale. «Nous pensons qu’il y a une relation entre la campagne et la hausse», se convainc-t-il, ajoutant que les commerçants profitent de ce moment de relâchement au niveau des contrôles pour mettre plein les poches. Il affirme que c’est le manque de contrôle qui ouvre les portes à la spéculation qui fait rage. «Malheureusement, c’est le pauvre citoyen qui subit silencieusement, qui en fait les frais », dit-il. Une thèse d’autant plus plausible que les autorités concernées par la régulation du marché se signalent par une absence prolongée, complètement happées par la fièvre électorale. En attendant, les hausses du prix des denrées de base poussent les ménages précaires à changer leur régime alimentaire en termes de qualité et de quantité. Ils sacrifient la quantité ou la qualité des produits qu’ils achètent. C’est la principale stratégie de survie qu’ils appliquent pour se nourrir sans tomber dans la dèche.
Lanciné Bakayoko
Les candidats à la présidentielle envahissent le marché des voix. Pendant ce temps, le marché des denrées alimentaires échappe aux clients. En effet, depuis l’ouverture de la campagne politique, le panier de la ménagère se fait de plus en plus léger. Sur les étals, tout se passe comme si les commerçants se sont donné le même mot d’ordre : afficher des prix exorbitants. En cette période électorale, les prix des denrées de première nécessité ne cessent de connaître une flambée vertigineuse. En l’espace de quelques jours seulement, ils se sont littéralement envolés. Les produits concernés sont l’huile, le sucre, les produits laitiers et les fruits verts. La hausse frôle pratiquement les 15%. Au niveau de l’agro-industrie, la folie touche surtout l’huile de palme raffinée dont le prix a pris quelques francs de plus. La bouteille de 90 centilitres se vend aujourd’hui à 900 Fcfa contre 750 Fcfa auparavant.
Fièvre électorale
Il y a moins d’une année, la même quantité s’échangeait à 600 Fcfa. Au même moment, la boîte de lait non sucré, comme le «Bonnet rouge» s’est propulsée à 400 Fcfa chez certains détaillants, alors qu’elle ne dépassait guère les 300 Fcfa il n’y a pas si longtemps. Le secteur des granulés connaît aussi des palpitations. Le sucre est en effervescence. De 550 Fcfa le kilo, le prix du roux a augmenté de 125 Fcfa. Conséquence, chez les vendeuses d’aliments, la tasse de lait affiche des niveaux ronflants à 300 Fcfa. Ce n’est pas tout. Le lait en poudre n’arrête pas de bouillir et s’échange entre 2.900 Fcfa et 3.200 Fcfa selon les marques.
L’emballement des prix n’épargne pas les œufs. Sous certains étals comme à Cocody-Riviera, l’œuf a franchi les 125 Fcfa chez certains détaillants contre 75 à 100 Fcfa auparavant. Comment expliquer que les prix disjonctent à ce point ? A quel mécanisme économique obéit cette hausse exponentielle des prix des aliments de base ? Les commerçants évoquent la pénurie. Autant dire que les prix sont commandés par l’offre et la demande. En effet, explique Moussa Kanté, importateur de produits divers, ces augmentations sont la conséquence des yoyos des matières premières sur le marché international. Mais, selon les pouvoirs publics, c’est plutôt le fait de commerçants véreux. «S’il y a augmentation de prix, c’est à cause de la spéculation », tranche Joseph Konan Blé, inspecteur des prix. En attendant l’épilogue de cette polémique, les augmentations tendent à se généraliser. En fait, les produits agroindustriels ne sont pas les seuls concernés par les hausses. Même si la proportion semble bien limitée, les vivriers donnent également le vertige aux consommateurs ivoiriens. Certains fruits et légumes sont devenus inabordables, du moins pour les petites bourses. Les prix changent au gré des commerçants dont «les sautes d’humeur» ne font que malmener le marché local. Par exemple, l’igname reste toujours hors de portée. Le kilogramme se négocie entre 400 et 500 Fcfa. La pomme de terre, elle, fait encore parler d’elle. Les prix se situent entre 800 et 900 le kilo. La «grosse patate», s’emballe mais il y a aussi la tomate dont le kilo oscille entre 500 et 700 Fcfa. Les carottes, le piment et le poivron enregistrent de légers frémissements. Malgré la saison des pluies, favorables à la denrée, l’assiette de salade ressort clairsemée. Quant aux boucheries, il faut avoir du courage pour s’en approcher. La viande, qu’elle soit blanche ou rouge, voit rouge. La viande de bœuf est à 2.000 Fcfa, le kilo. Le poulet, quant à lui, s’est vu pousser des ailes. Un coquelet se négocie sur le marché d’Adjamé-Extension à 5.000 Fcfa. Mais la surprise vient du poisson machoiron : il vole la vedette et ne décore plus les tables des familles démunies puisqu’il est vendu à prix d’or. A certains endroits, comme à Yopougon-Siporex, 6.000 Fcfa, ce n’est pas exagéré. Par ailleurs, les prix des matériaux de construction sont aussi dans la spéculation. Le sac de ciment de 50 kilogrammes, vendu il y a un mois à 5000 Fcfa, se vend aujourd’hui à plus de 6.000.
Le fer à béton a également subi un réaménagement. «Ce sont des augmentations anormales dans la mesure où les cours des matériaux de construction chutent de plus en plus sur le marché mondial à cause du déclin de la demande en raison de la récession économique ambiante », analyse Maxime Gnédéa, expert immobilier. Pour lui, les conséquences de cette flambée se feront ressentir bientôt notamment sur les grands chantiers. «L’augmentation des prix peut engendrer des retards dans le parachèvement des projets. Les délais de livraison ne seront ainsi pas respectés. Il en sera de même pour la facturation de ces surcoûts », argumente-t-il. Où s’arrêtera cette flambée des prix ? La situation est d’autant explosive que le mécontentement des petits revenus est quasi-général. Ils s’interrogent sur les raisons qui sous-tendent ces hausses sauvages.
Opportunisme commerçant
Pour Noel Adiko, enseignant de collège à Koumassi, cette subite folie est inexplicable. Certains clients n’hésitent pas à établir un lien entre la flambée et la fièvre électorale. «Nous pensons qu’il y a une relation entre la campagne et la hausse», se convainc-t-il, ajoutant que les commerçants profitent de ce moment de relâchement au niveau des contrôles pour mettre plein les poches. Il affirme que c’est le manque de contrôle qui ouvre les portes à la spéculation qui fait rage. «Malheureusement, c’est le pauvre citoyen qui subit silencieusement, qui en fait les frais », dit-il. Une thèse d’autant plus plausible que les autorités concernées par la régulation du marché se signalent par une absence prolongée, complètement happées par la fièvre électorale. En attendant, les hausses du prix des denrées de base poussent les ménages précaires à changer leur régime alimentaire en termes de qualité et de quantité. Ils sacrifient la quantité ou la qualité des produits qu’ils achètent. C’est la principale stratégie de survie qu’ils appliquent pour se nourrir sans tomber dans la dèche.
Lanciné Bakayoko