Le Premier ministre est monté au créneau pour mettre un terme à la polémique autour du traitement des bulletins de vote. Nous levons un coin de voile sur la crise qui secoue la Cei.
La tension est remontée au sein de la Commission électorale indépendante (Cei), à huit jours du premier tour de la présidentielle. La commission centrale de l’institution a refusé de suivre son président dans l’attribution du marché relatif à la transmission des résultats du vote. Le bras de fer a tourné à l’avantage des commissaires opposés au contrat avec la Société d`Informatique de Localisation et de Sécurité Technology (Sils Technology), filiale privée du BNETD. Par un communiqué, rendu public jeudi, la Cei indique, en effet, que ses superviseurs se chargeaient désormais d’acheminer les procès verbaux des bureaux de vote. Ce qui écarte l’option électronique portée par Sils. Pour comprendre ce revirement de la Cei, il faut remonter le temps. L’ancien président de l’institution, Robert Beugré Mambé, entre en négociation avec la filiale du Bnetd. Deux types de contrats sont en vue. Le premier porte sur la gestion des lignes fixes de la Cei, de l’intranet et de la base de données électroniques, avec possibilité de consultation de la liste électorale provisoire par sms. Très vite, un accord est trouvé sur ce volet. Précision de taille : il le sera dans le dos de la commission centrale qui n’a pas été consultée. N’empêche, ce contrat, d’une valeur de 1,2 milliard de Fcfa, conclu de gré à gré, est exécuté.
Ensuite, Beugré Mambé et la Sils entreprennent de passer au deuxième volet qui porte sur le comptage des voix du scrutin. La filiale du Bnetd devait proposer un plateau technique adéquat. Là encore, sans consultation de la commission centrale, le contrat est pré-validé. Mais, les commissaires centraux qui, ont eu vent de l’affaire, attendaient l’occasion pour bien s’informer. Malheureusement pour Beugré Mambé, le ministre de l’Economie n’avalisera pas la transaction. Donc, aucun contrat ne liait jusque-là les deux parties. Le 13 février 2010, Laurent Gbagbo dissout la Cei et le gouvernement.
Après plusieurs jours de crise, la Cei est reconstruite et Youssouf Bakayoko en devient le président. Ce dernier hérite naturellement du dossier à controverses. L’ancien ministre des Affaires étrangères entame aussi des négociations avec Sils Technology. Sans passer par la Commission centrale. Lui aussi demande l’aval du ministre Charles Koffi Diby. Et l’obtient sans coup férir. Malgré des exigences financières plus élevées. Il ne restait plus qu’à obtenir le quitus de l’ensemble de la Commission centrale. Et, patatras ! Les commissaires sont peu rassurés par le manque de transparence dans la conduite du projet et, surtout, l’absence d’un plateau technique éprouvé, à moins de deux semaines du scrutin.
Bakayoko n’arrive pas à rallier ses interlocuteurs à sa cause. Et, les positions deviennent tranchées. La position du président est si fragile que, selon des sources bien informées, le communiqué du 21 octobre aurait été inspiré par les commissaires. Un pis-aller, en quelque sorte.
Le Premier ministre, qui veut éviter la crise politique, a entrepris de ramener le calme. Il a déjà commencé les consultations avec le représentant spécial du Facilitateur, le patron de l’Onuci et les acteurs politiques. Il avait rendez-vous avec le président de la République, hier, dans la soirée. La large concertation devrait aboutir à un système consensuel de gestion des bulletins de vote et donc de comptage des voix. De quoi dégager l’horizon pour le 31 octobre !
Kesy B. Jacob
La tension est remontée au sein de la Commission électorale indépendante (Cei), à huit jours du premier tour de la présidentielle. La commission centrale de l’institution a refusé de suivre son président dans l’attribution du marché relatif à la transmission des résultats du vote. Le bras de fer a tourné à l’avantage des commissaires opposés au contrat avec la Société d`Informatique de Localisation et de Sécurité Technology (Sils Technology), filiale privée du BNETD. Par un communiqué, rendu public jeudi, la Cei indique, en effet, que ses superviseurs se chargeaient désormais d’acheminer les procès verbaux des bureaux de vote. Ce qui écarte l’option électronique portée par Sils. Pour comprendre ce revirement de la Cei, il faut remonter le temps. L’ancien président de l’institution, Robert Beugré Mambé, entre en négociation avec la filiale du Bnetd. Deux types de contrats sont en vue. Le premier porte sur la gestion des lignes fixes de la Cei, de l’intranet et de la base de données électroniques, avec possibilité de consultation de la liste électorale provisoire par sms. Très vite, un accord est trouvé sur ce volet. Précision de taille : il le sera dans le dos de la commission centrale qui n’a pas été consultée. N’empêche, ce contrat, d’une valeur de 1,2 milliard de Fcfa, conclu de gré à gré, est exécuté.
Ensuite, Beugré Mambé et la Sils entreprennent de passer au deuxième volet qui porte sur le comptage des voix du scrutin. La filiale du Bnetd devait proposer un plateau technique adéquat. Là encore, sans consultation de la commission centrale, le contrat est pré-validé. Mais, les commissaires centraux qui, ont eu vent de l’affaire, attendaient l’occasion pour bien s’informer. Malheureusement pour Beugré Mambé, le ministre de l’Economie n’avalisera pas la transaction. Donc, aucun contrat ne liait jusque-là les deux parties. Le 13 février 2010, Laurent Gbagbo dissout la Cei et le gouvernement.
Après plusieurs jours de crise, la Cei est reconstruite et Youssouf Bakayoko en devient le président. Ce dernier hérite naturellement du dossier à controverses. L’ancien ministre des Affaires étrangères entame aussi des négociations avec Sils Technology. Sans passer par la Commission centrale. Lui aussi demande l’aval du ministre Charles Koffi Diby. Et l’obtient sans coup férir. Malgré des exigences financières plus élevées. Il ne restait plus qu’à obtenir le quitus de l’ensemble de la Commission centrale. Et, patatras ! Les commissaires sont peu rassurés par le manque de transparence dans la conduite du projet et, surtout, l’absence d’un plateau technique éprouvé, à moins de deux semaines du scrutin.
Bakayoko n’arrive pas à rallier ses interlocuteurs à sa cause. Et, les positions deviennent tranchées. La position du président est si fragile que, selon des sources bien informées, le communiqué du 21 octobre aurait été inspiré par les commissaires. Un pis-aller, en quelque sorte.
Le Premier ministre, qui veut éviter la crise politique, a entrepris de ramener le calme. Il a déjà commencé les consultations avec le représentant spécial du Facilitateur, le patron de l’Onuci et les acteurs politiques. Il avait rendez-vous avec le président de la République, hier, dans la soirée. La large concertation devrait aboutir à un système consensuel de gestion des bulletins de vote et donc de comptage des voix. De quoi dégager l’horizon pour le 31 octobre !
Kesy B. Jacob