Les barons de la filière café-cacao, détenus depuis 28 mois, s`apprêtent comme tout autre citoyen à aller aux élections présidentielles du 31 octobre 2010 prochain. Depuis la maison d`arrêt et de correction d`Abidjan (MACA), le décor est déjà planté, et des barons ont également choisi leur camp. Le samedi 23 octobre dernier, il est 13 heures 30 minutes, lorsque nous accédons à la Maca pour prendre le pouls de la situation à une semaine du scrutin. Tapo Do Lucien, l`ex-président du conseil d`administration (PCA) de la Bourse du café et du cacao (BCC), installé comme à son habitude à l`entrée de la salle du greffe, est le premier à nous annoncer qu`il exercera son droit de vote le 31 octobre prochain. « Nous avons été enrôlés dans l`enceinte de la prison ici. Aujourd`hui, nous avons reçu nos cartes d`identité et d`électeur et nous irons au vote comme tout le monde », a affirmé l`ex-Pca de la BCC. Mieux, il a ajouté que son choix est le candidat de La majorité présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo. Les raisons de ce choix, qu`il a affirmé être celui de tous les détenus, résident dans le fait ``que seul Gbagbo a inscrit dans son programme de gouvernement les préoccupations des producteurs. Ce qui n`est pas le cas des autres candidats qui ont décidé de remettre la gestion de la filière à des privés``. A la question de savoir s`il ne négocierait pas ainsi pour sa sortie de prison, le président Tapé a répondu qu`avant son incarcération, il avait déjà fait la promesse de voter pour le président Gbagbo. « J`ai déjà passé 28 mois en prison, ce n`est pas maintenant que je vais négocier pour ma libération. Gbagbo est le seul président qui a effectivement remis la filière aux producteurs. Grâce à lui, les 375 délégués qui étaient aux affaires ont aujourd`hui chacun un toit », a-t-il mentionné, convaincu qu`ils avaient la gestion de la filière, puisque certaines structures comme le FDPCC et le FRC avaient la signature. Même si aujourd`hui des fautes de gestion les conduisent en prison, ce n`est pas pour autant qu`ils ne voteront pas le candidat Gbagbo. D`ailleurs, dira-t-il, ce ne sont pas des fautes en tant que tel, puisque les `` actes que nous avons posés, l`ont été pour sauver la Côte d`Ivoire en période de crise``. L`on apprendra par ailleurs du président Tapé Do qu`à l`issue d`une réunion organisée dans l`enceinte de la prison, les barons se sont tous mis d`accord, en l`occurrence les Pca qui représentent les vrais producteurs de la filière, pour appeler à voter massivement le candidat de La majorité présidentielle (LMP). Pour corroborer ses dires, le président Tapé Do a interpellé l`ex-Pca de l`Autorité de régulation du café-cacao (ARCC), Placide Zoungrana qui passait par là. Ce dernier est cependant resté évasif et est parti sans rien dire. Citée comme l`une des personnes ressources ayant participé à cette réunion, nous décidons de rencontrer l`ex-Pca du FDPCC, Henri Kassi Amouzou. Installée sur le banc d`attente dans la salle du greffe, nous avons la latitude de voir les allées et venues des détenus ainsi que des visiteurs. Notre regard est attiré par un sachet comportant plusieurs tee-shirts à l`effigie du candidat de LMP, Laurent Gbagbo. A qui sont destinés ces tee-shirts? Personne n`ose nous répondre. Des indiscrétions nous confieront, par ailleurs, que la campagne présidentielle est également ouverte à la Maca. « Certains détenus n`hésitent pas à se présenter à la salle du greffe avec des tee-shirts à l`effigie de Gbagbo. Ce matin (ndlr: samedi 23 octobre), Mme Kili Zilahon Angeline, ex-Pca du Fonds de régulation et de contrôle café-cacao (FRC) était dans un tee-shirt à l`effigie de Gbagbo », a indiqué notre source.
Depuis la Maca, des détenus battent campagne
Cette dernière a poursuivi que c`est pareil pour l`ex-Pca de l`ARCC et de son directeur général, Didier Gbogou, qui reçoivent des visiteurs arborant des tenues avec l`effigie de Gbagbo. Ce samedi 23 octobre, l`ex-Dg du Fonds de garantie des coopératives de café-cacao (FGCCC), Bayou Bagnon Jean-Claude raccompagnait des parents habillés dans des tenues à l`effigie de Gbagbo. Revenu de sa longue absence, l`ancien patron du FDPCC, Henri Kassi Amouzou accepte de nous recevoir. Mais pas seul. Il appelle Kouassi Théophile, son ex-secrétaire exécutif, Mme Obogui née Houssou Aménan Roselyne, ex-Daf et Mme Aka épouse Elloh Évelyne, ex-Dg de Coco Service, une filiale du FDPCC. Très en colère et brandissant un quotidien de la place où il est écrit que les barons de la filière soutiennent la candidature de Gbagbo, le président Amouzou et ses camarades ont dit ne pas se reconnaître dans de telles affirmations. Pis, ils disent qu`en tant que détenus, ils n`ont pas le droit d`organiser une réunion politique. «Ce que Tapé Do a dit n`engage que lui et sa petite bande. S`il veut voter Gbagbo, qu`il le fasse. Mais de grâce, qu`il ne nous mêle pas à la politique. Les Ivoiriens savent qui nous a envoyé en prison. Le gouvernement de Côte d`Ivoire avec à sa tête Gbagbo nous ont foutus ici. C`est la seule volonté de Gbagbo qui nous maintient encore ici», ont dénoncé les ex-responsables du FDPCC, qui croupissent depuis 28 mois à la Maca. Très amers, ils en veulent terriblement au président Gbagbo et semblent déterminés à ne pas lui accorder leurs suffrages. Si voter Gbagbo était la seule façon de négocier leur libération, ces ex-dirigeants du FDPCC disent ne pas être prêts à opter pour ce choix. En dehors du candidat de la LMP, pour qui voteront-ils le 31 octobre prochain? Visiblement, aucun candidat affilié à un parti politique. Parce que, séquestrés depuis 28 mois, ``aucun parti politique n`a mené d`action pour nous``, ont-ils déploré. Ancien président de l`Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d`Ivoire (ANAPROCI), Amouzou a indiqué que même dehors, avant leur incarcération, ils n`ont jamais eu à poser un acte politique. Puis d`ajouter que le vote étant secret et personnel, il appartient à chaque Ivoirien de faire discrètement son choix. « Et puis d`ailleurs, quelle serait la crédibilité et la portée d`un mot d`ordre de quelqu`un qui est censé avoir détourné 600 milliards de FCFA? Après 28 mois passé en prison, je n`accepterai pas qu`on me fasse un chantage », s`est indigné l`ex-Pca du FDPCC. Pour les ex-dirigeants du FDPCC, ce qui est à l`ordre du jour, ce ne sont pas les élections présidentielles, mais plutôt « leur liberté confisquée ». « C`est notre prise d`otage qui nous préoccupe. On garde des gens méchamment en prison pour confisquer la vérité. On n`est pas content parce qu`on a sali nos familles », ont-ils dénoncé, avant d`insister qu`ils ne subissent aucune pression politique. Le président Amouzou a mentionné qu`il parlera politique le jour où le FPI ou le PDCI ou le RDR ou encore tout autre parti politique viendra les rencontrer à la Maca. S`agissant de la gestion de la filière café-cacao, l`ancien Pca du FDPCC a battu en brèche les affirmations selon lesquelles la filière était aux mains des producteurs. « Gbagbo ne nous a pas donné la filière. C`est faux de le dire. Nous avons géré un pan de la filière. Nous avons eu à conduire le mouvement paysan », a rectifié le président Amouzou. Au total, les ex-dirigeants du FDPCC ne sont pas prêts pour le candidat de la LMP. « Il n`y a jamais eu de réunion », a tranché Amouzou. Le président Tapé Do à qui nous avons rapporté tous ces propos s`est dit indigné et compte réagir dans les jours à venir. Il est 15 heures 50 lorsque nous quittons la prison sous un coup de sifflet qui nous indiquait la fin des visites aux détenus.
Irène BATH
Depuis la Maca, des détenus battent campagne
Cette dernière a poursuivi que c`est pareil pour l`ex-Pca de l`ARCC et de son directeur général, Didier Gbogou, qui reçoivent des visiteurs arborant des tenues avec l`effigie de Gbagbo. Ce samedi 23 octobre, l`ex-Dg du Fonds de garantie des coopératives de café-cacao (FGCCC), Bayou Bagnon Jean-Claude raccompagnait des parents habillés dans des tenues à l`effigie de Gbagbo. Revenu de sa longue absence, l`ancien patron du FDPCC, Henri Kassi Amouzou accepte de nous recevoir. Mais pas seul. Il appelle Kouassi Théophile, son ex-secrétaire exécutif, Mme Obogui née Houssou Aménan Roselyne, ex-Daf et Mme Aka épouse Elloh Évelyne, ex-Dg de Coco Service, une filiale du FDPCC. Très en colère et brandissant un quotidien de la place où il est écrit que les barons de la filière soutiennent la candidature de Gbagbo, le président Amouzou et ses camarades ont dit ne pas se reconnaître dans de telles affirmations. Pis, ils disent qu`en tant que détenus, ils n`ont pas le droit d`organiser une réunion politique. «Ce que Tapé Do a dit n`engage que lui et sa petite bande. S`il veut voter Gbagbo, qu`il le fasse. Mais de grâce, qu`il ne nous mêle pas à la politique. Les Ivoiriens savent qui nous a envoyé en prison. Le gouvernement de Côte d`Ivoire avec à sa tête Gbagbo nous ont foutus ici. C`est la seule volonté de Gbagbo qui nous maintient encore ici», ont dénoncé les ex-responsables du FDPCC, qui croupissent depuis 28 mois à la Maca. Très amers, ils en veulent terriblement au président Gbagbo et semblent déterminés à ne pas lui accorder leurs suffrages. Si voter Gbagbo était la seule façon de négocier leur libération, ces ex-dirigeants du FDPCC disent ne pas être prêts à opter pour ce choix. En dehors du candidat de la LMP, pour qui voteront-ils le 31 octobre prochain? Visiblement, aucun candidat affilié à un parti politique. Parce que, séquestrés depuis 28 mois, ``aucun parti politique n`a mené d`action pour nous``, ont-ils déploré. Ancien président de l`Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d`Ivoire (ANAPROCI), Amouzou a indiqué que même dehors, avant leur incarcération, ils n`ont jamais eu à poser un acte politique. Puis d`ajouter que le vote étant secret et personnel, il appartient à chaque Ivoirien de faire discrètement son choix. « Et puis d`ailleurs, quelle serait la crédibilité et la portée d`un mot d`ordre de quelqu`un qui est censé avoir détourné 600 milliards de FCFA? Après 28 mois passé en prison, je n`accepterai pas qu`on me fasse un chantage », s`est indigné l`ex-Pca du FDPCC. Pour les ex-dirigeants du FDPCC, ce qui est à l`ordre du jour, ce ne sont pas les élections présidentielles, mais plutôt « leur liberté confisquée ». « C`est notre prise d`otage qui nous préoccupe. On garde des gens méchamment en prison pour confisquer la vérité. On n`est pas content parce qu`on a sali nos familles », ont-ils dénoncé, avant d`insister qu`ils ne subissent aucune pression politique. Le président Amouzou a mentionné qu`il parlera politique le jour où le FPI ou le PDCI ou le RDR ou encore tout autre parti politique viendra les rencontrer à la Maca. S`agissant de la gestion de la filière café-cacao, l`ancien Pca du FDPCC a battu en brèche les affirmations selon lesquelles la filière était aux mains des producteurs. « Gbagbo ne nous a pas donné la filière. C`est faux de le dire. Nous avons géré un pan de la filière. Nous avons eu à conduire le mouvement paysan », a rectifié le président Amouzou. Au total, les ex-dirigeants du FDPCC ne sont pas prêts pour le candidat de la LMP. « Il n`y a jamais eu de réunion », a tranché Amouzou. Le président Tapé Do à qui nous avons rapporté tous ces propos s`est dit indigné et compte réagir dans les jours à venir. Il est 15 heures 50 lorsque nous quittons la prison sous un coup de sifflet qui nous indiquait la fin des visites aux détenus.
Irène BATH