TOKPAKRO — Le cacao acheté en dessous du prix officiel, des promesses de mieux-être jamais tenues: les petits planteurs de Tokpakro (sud-ouest) sont amers avant la présidentielle de dimanche en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial.
Dans ce campement d'une vingtaine d'habitations, situé le long d'une piste étroite et poussiéreuse et proche de la ville de Divo, à moins de 200 km à l'ouest d'Abidjan, les paysans ne décolèrent pas.
Le prix record d'achat du cacao aux planteurs, fixé début octobre par les autorités ivoiriennes à 1.100 francs CFA (1,67 euro) le kilo pour 2010-2011, n'est pas respecté, disent-ils.
"Je ne peux pas croire aux politiciens parce qu'ils ne font pas ce qu'ils disent. Ils disent qu'ils vont payer le cacao à 1.100 francs CFA, ils nous +blaguent+", accuse Souleymane Ouattara, ouvrier agricole de 41 ans.
N'ayant pas les moyens de se déplacer pour vendre leur marchandise aux coopératives ou à des acheteurs agréés, les petits planteurs se trouvent souvent contraints de traiter avec les négociants qui viennent à eux et peuvent leur offrir pas plus de 800 ou 750 francs, explique-t-il à l'AFP.
Le cacao et le café représentent 40% des recettes d'exportation de la Côte d'Ivoire et environ 20% du PIB. Mais cette manne est en outre ponctionnée par de lourdes taxes prélevées par l'Etat et les organismes en charge du secteur, comme le dénoncent régulièrement les institutions financières internationales.
"Nous les planteurs, on souffre. On travaille, on ne +bouffe+ (profite) pas, c'est ceux qui sont assis en ville qui +bouffent+", lance Souleymane qui, machette en main, coupe les branches mortes d'un cacaoyer. Près de lui, le jeune manoeuvre Ismaël Koné acquiesce.
"Comment en Côte d'Ivoire, premier producteur de cacao, le planteur peut-il vivre mal?", s'indigne le patron de Souleymane, Lamine Koné, la cinquantaine.
Accroupi dans la cour de sa modeste concession au toit de tôle rouillée, Lamine trie le cacao qui sèche au soleil, aidé de ses deux fils.
Alors que la campagne bat son plein à Abidjan et dans les villes, les murs des cases en banco dans les campements sont aussi tapissés d'affiches électorales.
Et des candidats ou leurs représentants n'hésitent pas, pour tenter de conquérir les électeurs, à affronter les pistes défoncées de la brousse et les récriminations des paysans.
Ces agriculteurs disent ainsi avoir reçu "dans la plantation même" la visite d'un "petit" candidat, l'ex-patron des douanes Gnamien Konan.
Mais Lamine et ses compagnons ne veulent plus des "promesses qui ne se concrétisent pas". "Quand on vote pour eux, c'est fini, ils oublient les planteurs", lâche-t-il, le regard perdu.
Souleymane va plus loin. Pour lui, les jeunes paysans ne doivent tout simplement "pas voter" tant qu'"on ne paie pas le cacao à 1.100 francs".
De Evelyne AKA
Dans ce campement d'une vingtaine d'habitations, situé le long d'une piste étroite et poussiéreuse et proche de la ville de Divo, à moins de 200 km à l'ouest d'Abidjan, les paysans ne décolèrent pas.
Le prix record d'achat du cacao aux planteurs, fixé début octobre par les autorités ivoiriennes à 1.100 francs CFA (1,67 euro) le kilo pour 2010-2011, n'est pas respecté, disent-ils.
"Je ne peux pas croire aux politiciens parce qu'ils ne font pas ce qu'ils disent. Ils disent qu'ils vont payer le cacao à 1.100 francs CFA, ils nous +blaguent+", accuse Souleymane Ouattara, ouvrier agricole de 41 ans.
N'ayant pas les moyens de se déplacer pour vendre leur marchandise aux coopératives ou à des acheteurs agréés, les petits planteurs se trouvent souvent contraints de traiter avec les négociants qui viennent à eux et peuvent leur offrir pas plus de 800 ou 750 francs, explique-t-il à l'AFP.
Le cacao et le café représentent 40% des recettes d'exportation de la Côte d'Ivoire et environ 20% du PIB. Mais cette manne est en outre ponctionnée par de lourdes taxes prélevées par l'Etat et les organismes en charge du secteur, comme le dénoncent régulièrement les institutions financières internationales.
"Nous les planteurs, on souffre. On travaille, on ne +bouffe+ (profite) pas, c'est ceux qui sont assis en ville qui +bouffent+", lance Souleymane qui, machette en main, coupe les branches mortes d'un cacaoyer. Près de lui, le jeune manoeuvre Ismaël Koné acquiesce.
"Comment en Côte d'Ivoire, premier producteur de cacao, le planteur peut-il vivre mal?", s'indigne le patron de Souleymane, Lamine Koné, la cinquantaine.
Accroupi dans la cour de sa modeste concession au toit de tôle rouillée, Lamine trie le cacao qui sèche au soleil, aidé de ses deux fils.
Alors que la campagne bat son plein à Abidjan et dans les villes, les murs des cases en banco dans les campements sont aussi tapissés d'affiches électorales.
Et des candidats ou leurs représentants n'hésitent pas, pour tenter de conquérir les électeurs, à affronter les pistes défoncées de la brousse et les récriminations des paysans.
Ces agriculteurs disent ainsi avoir reçu "dans la plantation même" la visite d'un "petit" candidat, l'ex-patron des douanes Gnamien Konan.
Mais Lamine et ses compagnons ne veulent plus des "promesses qui ne se concrétisent pas". "Quand on vote pour eux, c'est fini, ils oublient les planteurs", lâche-t-il, le regard perdu.
Souleymane va plus loin. Pour lui, les jeunes paysans ne doivent tout simplement "pas voter" tant qu'"on ne paie pas le cacao à 1.100 francs".
De Evelyne AKA