Si Henri Konan Bédié voyait, hier, en son meeting de clôture de sa campagne électorale une démonstration de force avant celui de Laurent Gbagbo, il devra se résoudre à accepter qu’il a échoué. En effet, il n’a pu faire le plein du stade Félix Houphouët-Boigny. Les militants du PDCI qui ont effectué le déplacement n’ont pu remplir que les tribunes officielle et lagunaire. Les virages A et B étant très clairsemés. Tout le boucan fait par les organisateurs avec le gros matériel de sonorisation loué pour l’occasion n’ont pu cacher aux observateurs avisés que le Pdci et son candidat n’ont pu relever le défi de la mobilisation au stade Félix Houphouët-Boigny en attendant le meeting du candidat de La Majorité présidentielle qui se tiendra en ce même lieu demain. Pour ce qui est de son intervention, Bédié s’est, comme on pouvait s’y attendre, répandu en injures. Cette fois-ci, sa cible était, en plus du pouvoir en place, le Cnca et la Rti qu’il a cloués au pilori pour justifier son refus de passer au débat radio-télévisé “Face aux électeurs”. «Comme pour l’accès des citoyens aux services et fonctions publics, le principe de l’égalité des chances et de traitements n’est plus respecté. Ainsi, pour la campagne électorale en cours, nous avons décidé de marquer le coup en dénonçant l’inégalité de traitement dont nous avons été constamment l’objet. Nous ne voulons pas être complice de la mascarade du CNCA qui a tout mis en œuvre pour assurer au candidat-président une présence massive sur les antennes pour lui permettre de déverser ses mensonges et ses promesses démagogiques», a-t-il accusé. Pour lui, le Cnca a aménagé un ordre de passage taillé sur mesure pour le président Laurent Gbagbo. Et s’en explique : «Le CNCA a refusé le tirage au sort décidé par la commission des débats qu’il a lui-même mise en place. Il a également récusé l’ordre de dépôt des dossiers de candidature adopté par la CEI et l’ordre alphabétique indiqué par le Conseil constitutionnel. Tout ceci pour aménager au candidat-président une date de passage qui ne laisse à ses adversaires aucune possibilité d’exercer leur droit de réponse». Henri Konan Bédié pense que La Majorité présidentielle est aux abois, c’est pourquoi elle a mis le Cnca et la Rti en service commandé pour elle. Cet «acharnement», à l’en croire, est un signe que «la qualité et l’efficacité» de la campagne de son parti gênent. Bédié se sert aussi de l’image du président Houphouet-Boigny pour battre sa campagne. En effet, omettant volontairement de dire que les textes du Cnca interdisent l’utilisation des armoiries de l’Etat et l’image des anciens chefs d’Etat à des fins électoralistes, il a déclaré : «Ce régime a peur de la parole des sages, la parole de Félix Houphouet-Boigny qu’il n’a pas hésité à bâillonner. Comment peut-on se réclamer d’Houphouët et censurer ses paroles de sagesse ? En vérité, les refondateurs ont été effrayés par le message d’Houphouet. Que disait-il ? Le père de la nation disait : Le combat des indépendances est dépassé, la lutte pour le pouvoir est vide de sens, si ce combat n’a pas le bien-être des populations pour finalité». Koné Modeste
Politique Publié le jeudi 28 octobre 2010 | Notre Voie