PARIS - Le pire semble passé après la déchirure entraînée par les affrontements franco-ivoiriens de 2004, mais la normalisation des relations entre la France et son ex-colonie reste suspendue à l'élection présidentielle de dimanche en Côte d'Ivoire.
Sans cesse reportée depuis 2005, cette élection doit mettre fin à une décennie de crise dans ce pays coupé en deux depuis le putsch manqué d'une rébellion contre le président Laurent Gbagbo en 2002, mais aussi à une cassure dans la relation autrefois qualifiée de "fusionnelle" entre Paris et Abidjan.
A trois jours du vote, Paris se veut positif, estimant qu'il n'y a "plus aucun obstacle politique" au scrutin, dont la tenue était une condition posée par la France avant toute normalisation.
"Le danger, c'est que les résultats ne soient pas acceptés par les uns ou les autres. Nous sommes raisonnablement optimistes mais nous resterons vigilants", affirme-t-on dans l'entourage du président Nicolas Sarkozy.
A l'avenir, "la Côte d'Ivoire a vocation à redevenir un partenaire important de la France en Afrique", ajoute-t-on.
Les rapports Paris-Abidjan s'étaient largement dégradés sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007): les partisans du président ivoirien ont reproché à la France de ne pas avoir apporté son aide contre les rebelles en 2002, et l'ont même accusée de soutien au putsch.
Les tensions avaient atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre), des affrontements sanglants entre armée française et manifestants ivoiriens à Abidjan, et le départ de près de 8.000 ressortissants français.
Le désenchantement mutuel avait été à la mesure de la force du lien entre Paris et sa vitrine de l'ouest africain: "La Côte d'Ivoire est un symbole, comme la prise de la Bastille", expliquait un conseiller de Jacques Chirac.
Aujourd'hui, la France ne compte plus en Côte d'Ivoire qu'environ 12.000 ressortissants (contre cinq fois plus dans les années 1980), elle a fermé en juin 2009 sa seule base militaire permanente mais maintient sur place 900 soldats dans le cadre de sa force Licorne, placée sous bannière onusienne.
La prochaine étape sera la renégociation de l'accord de défense qui lie les deux Etats depuis 1960.
L'élection de Nicolas Sarkozy a amorcé une détente, mais la réconciliation achoppe encore sur plusieurs dossiers.
Paris attend des explications sur les circonstances du bombardement de son camp de Bouaké en 2004 et sur la disparition en avril 2004 à Abidjan du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer.
Côté ivoirien, le ressentiment reste puissant. Laurent Gbagbo, qui dit ne pas avoir digéré "le différend fondamental" de 2002, veut "un geste, une reconnaissance" pour les manifestants ivoiriens tombés sous les balles françaises, selon une source diplomatique à Abidjan.
Chacun est toutefois désireux de tourner la page. Alcide Djédjé, conseiller diplomatique de M. Gbagbo, estime que la visite début octobre du secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a été "le symbole d'un nouveau départ", avant une "relance de la coopération, y compris militaire".
Claude Guéant a assuré que Paris n'avait "pas de candidat" à la présidentielle où Laurent Gbagbo affrontera l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
Pour Antoine Glaser, coauteur de "Comment la France a perdu l'Afrique", "la France joue le trio dans l'ordre et dans le désordre", car aucun des candidats "ne menace ses intérêts".
S'agissant de Laurent Gbagbo, il "est apparu comme l'homme qui dit non à la France, tout en prenant soin de ne jamais s'attaquer aux intérêts des grands groupes français comme Total, Bouygues ou Bolloré", dit le spécialiste, soulignant que Bouygues part favori pour bâtir un nouveau pont sur la lagune d'Abidjan.
Sans cesse reportée depuis 2005, cette élection doit mettre fin à une décennie de crise dans ce pays coupé en deux depuis le putsch manqué d'une rébellion contre le président Laurent Gbagbo en 2002, mais aussi à une cassure dans la relation autrefois qualifiée de "fusionnelle" entre Paris et Abidjan.
A trois jours du vote, Paris se veut positif, estimant qu'il n'y a "plus aucun obstacle politique" au scrutin, dont la tenue était une condition posée par la France avant toute normalisation.
"Le danger, c'est que les résultats ne soient pas acceptés par les uns ou les autres. Nous sommes raisonnablement optimistes mais nous resterons vigilants", affirme-t-on dans l'entourage du président Nicolas Sarkozy.
A l'avenir, "la Côte d'Ivoire a vocation à redevenir un partenaire important de la France en Afrique", ajoute-t-on.
Les rapports Paris-Abidjan s'étaient largement dégradés sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007): les partisans du président ivoirien ont reproché à la France de ne pas avoir apporté son aide contre les rebelles en 2002, et l'ont même accusée de soutien au putsch.
Les tensions avaient atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre), des affrontements sanglants entre armée française et manifestants ivoiriens à Abidjan, et le départ de près de 8.000 ressortissants français.
Le désenchantement mutuel avait été à la mesure de la force du lien entre Paris et sa vitrine de l'ouest africain: "La Côte d'Ivoire est un symbole, comme la prise de la Bastille", expliquait un conseiller de Jacques Chirac.
Aujourd'hui, la France ne compte plus en Côte d'Ivoire qu'environ 12.000 ressortissants (contre cinq fois plus dans les années 1980), elle a fermé en juin 2009 sa seule base militaire permanente mais maintient sur place 900 soldats dans le cadre de sa force Licorne, placée sous bannière onusienne.
La prochaine étape sera la renégociation de l'accord de défense qui lie les deux Etats depuis 1960.
L'élection de Nicolas Sarkozy a amorcé une détente, mais la réconciliation achoppe encore sur plusieurs dossiers.
Paris attend des explications sur les circonstances du bombardement de son camp de Bouaké en 2004 et sur la disparition en avril 2004 à Abidjan du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer.
Côté ivoirien, le ressentiment reste puissant. Laurent Gbagbo, qui dit ne pas avoir digéré "le différend fondamental" de 2002, veut "un geste, une reconnaissance" pour les manifestants ivoiriens tombés sous les balles françaises, selon une source diplomatique à Abidjan.
Chacun est toutefois désireux de tourner la page. Alcide Djédjé, conseiller diplomatique de M. Gbagbo, estime que la visite début octobre du secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a été "le symbole d'un nouveau départ", avant une "relance de la coopération, y compris militaire".
Claude Guéant a assuré que Paris n'avait "pas de candidat" à la présidentielle où Laurent Gbagbo affrontera l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
Pour Antoine Glaser, coauteur de "Comment la France a perdu l'Afrique", "la France joue le trio dans l'ordre et dans le désordre", car aucun des candidats "ne menace ses intérêts".
S'agissant de Laurent Gbagbo, il "est apparu comme l'homme qui dit non à la France, tout en prenant soin de ne jamais s'attaquer aux intérêts des grands groupes français comme Total, Bouygues ou Bolloré", dit le spécialiste, soulignant que Bouygues part favori pour bâtir un nouveau pont sur la lagune d'Abidjan.