A la Une: l`attente des résultats en Côte d`Ivoire

Des résultats partiels ont été dévoilés mardi 2 novembre par la Commission électorale indépendante, la CEI, pour l'intérieur du pays. Mais ces premiers chiffres ne permettent pas de dégager de véritables tendances. Et conséquence: les Ivoiriens doivent encore attendre les résultats provisoires qui doivent être annoncés dans la journée. Ce qui donne... une drôle d'ambiance à Abidjan notamment. «On entend par-ci, par-là qu’il est mieux que les gens rentrent chez eux le plus tôt possible, écrit Le Pays au Burkina, parce qu'un cafouillage est possible à tout moment.»

Le quotidien d'Ouagadougou évoque un léger parfum de «panique générale perceptible le jour et le lendemain du scrutin à travers une ville d’Abidjan très calme, avec de très rares véhicules en circulation (…) Dans certains quartiers, on a l’impression qu’il y a un couvre-feu sur la capitale économique du pays. Mardi, dans l’après-midi, des Ivoiriens ont même quitté leurs bureaux précipitamment.»

Les états-majors sur le qui-vive

Au sein des QG des candidats à la présidentielle, l'ambiance est assez différente. «Les Abidjanais dans l’expectative, les états-majors sur le qui-vive» titre L'Observateur toujours au Burkina. L'envoyé spécial en Côte d'Ivoire du quotidien est allé se promener au sein des quartiers généraux des trois grands favoris. Celui d'Alassane Ouattara avec «sur le terrain gazonné, d’énormes tentes avec air conditionné qui ont été dressées. L’ambiance était assez bon enfant lundi soir. Les débats allaient bon train et chacun y allait de ses petites estimations.»

Au siège de campagne maintenant d'Henry Konan Bédié à Cocody : là, « c’est vraiment le stress et l’angoisse. Comme quelqu’un qui a passé un examen et attend incessamment les résultats.» Enfin toujours à Cocody, dans l’antre du président sortant Laurent Gbagbo, l’impatience dominait face à ce que d’aucuns qualifiaient de « retard voulu » dans l’annonce des scores par la Commission électorale.« Nombreux sont ceux à avoir exigé que leur état-major sorte de son mutisme et annonce enfin les résultats.»

La faute à la CEI ?

A la Une d'ailleurs du site internet de Notre Voie ce mercredi matin, quotidien proche du président sortant, on retrouve un long article, une attaque en règle -en fait- contre la CEI et la méthode du comptage des voix. «Même au temps d’Houphouët-Boigny où la technologie n’était pas avancée, on avait les résultats des élections au plus tard au lendemain de la fermeture des bureaux de vote.» Dimanche, le pays est allé voter en même temps que le Brésil. Et les Brésiliens -eux- ont eu connaissance du verdict des urnes le soir même. Mais en Côte d’Ivoire, la CEI «nous fait ingurgiter une grosse couleuvre : accepter de revenir trente ans en arrière pour faire le comptage manuel avec tout le retard que cela implique. » Les Ivoiriens continuent donc d’attendre dans l’angoisse, l’anxiété. La commission électorale est en train de les torturer psychologiquement à cause des choix inopérants qu’elle a faits. «C’est dur pour les électeurs. C’est même insoutenable.»

Patience

Justement, Guillaume Soro, le Premier ministre, a demandémercredi encore un peu de patience aux électeurs. C'est un autre quotidien ivoirien, Le Nouveau Réveil, qui rapporte ce mercredi matin les propos du chef du gouvernement. «Je lance un appel aux candidats, de demander à leur état-major, aux électeurs, de rester tranquilles, sereins» et d'attendre donc le verdict de la CEI. Les premiers résultats partiels, dévoilés mardi, -on l’a vu- n'ont pas permis véritablement de placer tel ou tel candidat en tête. Titre du coup de Une du Nouveau Réveil : «Bédié, Ouattara et Bagbo, au coude à coude».

«Les choses se précisent» estime de son côté le journal L'Inter. «Les trois grands candidats se disputent les suffrages des électeurs. Et c'est le schéma d'un second tour qui semble se profiler à l'horizon.» Certains médias avancent même déjà les noms des deux participants à la finale. C'est le cas de Soirs Infos ou encore du site d'informations Fasozine au Burkina. A noter, que ce sont à chaque fois les deux mêmes noms qui reviennent.

Par Céline Missoffe
RFI