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Politique Publié le mercredi 3 novembre 2010 | Nord-Sud

En attendant les résultats de la présidentielle : Les marchés se vident

© Nord-Sud Par Emma
Grève des transporteurs : Les prix flambent sur les marchés
Jeudi 15 avril 2010. Abidjan. Grand marché de Koumassi
De nombreux commerçants de la capitale économique se sont mis en congés forcés. Ils veulent se prémunir des actes de pillages que pourrait entraîner l’annonce des résultats électoraux.


A cause des tensions liées aux élections présidentielles, plus rien n’a l’air de marcher comme sur des chapeaux de roue à Abidjan. Les opérateurs économiques, en l’occurrence les commerçants, sont sur le qui-vive. Au grand marché d’Adjamé, si quelques uns ont jugé nécessaire de rouvrir leurs boutiques, la grande majorité, par contre, préfère venir chaque matin inspecter les étagères pour voir si tout va bien au niveau de leurs propriétés. C’est le cas de Mamadou Sidibé, importateur d’ignames. «Nous sommes dans un pays où chacun fait ce qu’il veut, surtout en période de crises politiques. En attendant de voir le ciel politique se dégager, je préfère ne pas ouvrir mon magasin.

Risque de vandalisme

Vous savez, il y a toujours des vandales qui profitent du désordre pour nous voler nos marchandises», explique le commerçant. Oumar Samassa, un jeune vendeur ambulant, ajoute que l’at­­mos­phère n’est pas du tout propice pour faire de bonnes affaires. «Je me débrouille auprès des grands commerçants. Mais, avec cette crise qui ne prend pas fin, je me demande ce que je serai si ça continue», justifiant que les opérateurs économiques ont parfaitement raison de fermer leurs magasins». Dans ce décor froid du marché, des forces de l’ordre, en petits groupes, déambulent entre les gens pour, dit-on, empêcher des troubles.

Mais, aux yeux de certains vendeurs, ces agents de sécurité se transforment souvent en bourreaux lorsque l’occasion se présente. «Si vous voyez que les propriétaires des magasins refusent d’ouvrir leurs portes, ce n’est pas seulement à cause des délinquants, c’est aussi à cause de certaines forces de l’ordre qui ne jouent pas leur rôle. Lorsqu’il y a casse, au lieu de préserver les biens des marchands, ils contribuent à la besogne », déclare Modou Guèye, un vendeur de chaussures. Autant dire que l’occasion fait le larron ... En dehors du grand marché, plusieurs autres marchés ont tendance à entrer dans la danse. A Cocody-Saint-Jean, les clients ne se bousculent pas comme à l’accoutumée. Sans doute normal dans la mesure où beaucoup de magasins ont baissé rideaux. En effet, entre 12 et 14 heures, véhicules, motos et charrettes ayant à leur bord de nombreuses personnes ont dû quitter le centre commercial. Au «marché gouro» de Yopougon, ce n’est pas l’atmosphère des grands jours. Le site est un peu clairsemé. Ce marché est pourtant réputé pour sa fréquentation par une clientèle qui y vient s’approvisionner en produits vivriers. A l’entrée sud du marché, un petit groupe de femmes, vendeuses de légumes, échangent. «Je suis arrivée de bonne heure au marché, mais je n’ai encore rien vendu, faute d’acheteurs», lâche Irène Lizié, assise devant son étalage de vêtements. Elle incrimine les rumeurs de violences qui circulent. En face d’elle, trois femmes qui vendent des bananes, conversent, la mine grise. On lit sur leur visage, l’inquiétude de ne pouvoir rien vendre. A l’abattoir de Port-Bouët, la situation est tout aussi morose. Il n’y a pas assez de clients et le petit troupeau de bêtes est campé aux alentours de l’étable. Les animaux sont destinés à la vente. Mais, les propriétaires attendent que le marché soit animé, avant de les y conduire, renseigne un percepteur de taxes, assis à l’ombre d’un préau qui tient lieu de bureau. «Aujourd’hui, les clients sont tous à la maison devant la télévision. Ils attendent la proclamation des résultats des élections. Si ça se poursuit, c’est la mort de nos activités», grommelle Mariam Kouyaté, vendeuse de parures. Pourtant, en cette veille de tabaski, les commerçants de bétail et de produits de beauté attendaient mieux. Pour eux, c’est une période faste pendant laquelle les commerçants profitent pour réaliser de gros bénéfices. «La période de la fête du mouton est toujours un moment de grandes ventes pour nous. Mais cette année, la météo politique n’annonce pas de bonnes moissons», analyse un marchand qui se dit tout de même optimiste. «Les clients vont massivement venir au marché après la mauvaise parenthèse», note-t-il, regrettant aussi les difficultés d’approvisionnement. Conséquence, les prix des denrées alimentaires ont démesurément flam­­bé. Par exemple, un kilo de lait culmine aujourd’hui à 3.000 et 1.000 Fcfa pour le sucre. Quant au gombo, le tas qui s’échangeait à 100 Fcfa, a par endroit atteint les 200 Fcfa. Même son de cloche pour la viande. «Je voudrais acheter un mouton, mais le prix dépasse ma bourse», évoque Moussa Diop, un revendeur. A cause de la poussée spéculative, en effet, un mouton moyen est passé de 60. 000 à 100.000 Fcfa. En attendant que tout redevienne normal, le pessimisme continue de gagner du terrain.


Lanciné Bakayoko
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