Quand la peur et l’angoisse s’installent, tout se complique. Et même l’armée a du mal à redonner la quiétude et la sérénité aux populations. C’est ce qui prévaut en Côte d’Ivoire depuis le dimanche dernier, jour du scrutin historique pour la présidence de la république. La veille de ce rendez vous, les forces de défense et de sécurité ont cru bien faire en faisant monter le mercure. Dans une déclaration radiotélévisée, le chef d’état major a parlé de montée de l’intolérance, d’actes d’incivisme et menacer de fermer les frontières sur ceux qui veulent brûler le pays. La sortie du général Philippe Mangou a eu le chic d’angoisser une population pour à qui tout annonçait une élection à haut risque. Le jour du scrutin, les ivoiriens ont bravé la peur pour être acteurs de l’histoire de leur pays. Mais, à peine les bulletins glissés dans l’urne, que l’armée se déployait de façon démesurée. Des moyens colossaux en hommes et en matériel. Les soldats, gendarmes et policiers stationnées un peu partout dans la ville d’Abidjan. Comme si le pays vivait en état de siège. Tous les points stratégiques occupés. De quoi raviver chez les ivoiriens les moments de traumatisme du pouvoir militaire, et les excès vécus lors du déclenchement de la crise militaire interne. Pour ne pas arranger les choses, cette même armée procède violement à l’arrestation d’un officier supérieur à la retraite. Le colonel major Gaoudi Oulata est accusé de préparation d’actes subversifs. De ce fait, la peur et l’angoisse ont regagné du terrain dans la ville. Les ivoiriens ont été abreuvés de rumeurs. Et le retard dans la proclamation des résultats ne faisait qu’aggraver la situation. Les bureaux se sont vidés, les marchés ont fermé. La circulation s’est arrêtée. Obligeant le général Mangou à se précipiter sur les antennes pour appeler au calme. Le pays aurait pu éviter ces moments de peur si la grande muette avait moins parlé. Et s’était contenté de rassurer.
D. Al Seni
D. Al Seni