Fini le suspense. Les rumeurs et autres spéculations des trois jours d’attente des résultats de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ont pris fin, hier jeudi 3 novembre. Le verdict des urnes est en effet, tombé. Point de victoire au premier tour de l'élection présidentielle de dimanche dernier, puisqu'aucun des 14 candidats n’a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés pour clore les débats en un tour. En tête du classement des voix obtenues, Laurent Gbagbo, candidat de La Majorité présidentielle (LMP), passe à un second tour face à l’ancien Premier ministre, Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des Républicain (RDR). Le président sortant l’emporte par un score de 38,3% contre 32,8 % pour son adversaire direct. Soit 1.755.495 suffrages obtenus contre 1.480.610 pour un différentiel de 274.885 voix. Vu les scores réalisés par ces deux prétendants au fauteuil présidentiel, c’est un véritable duel de titan qui s’annonce dans les semaines à venir pour le 2e tour. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara sont deux hommes qui se connaissent très bien, eux qui ont eu à sceller un destin commun à un moment donné de leur parcours politique. Ces deux hommes qui vont s’affronter dans les urnes le 28 novembre prochain – si cette date est confirmée – sont des anciens alliés devenus de farouches adversaires aujourd’hui. Laurent Gbagbo, alors président du Front populaire ivoirien (FPI) et le leader du RDR, Alassane Ouattara, ont cheminé ensemble dans le défunt Front Républicain. Leur alliance dans le cadre du Front républicain avait donné du fil à retorde au président Bédié, alors au pouvoir. Rappelons que c'est Ouattara et Gbagbo qui avaient décrété, en 1995, le boycott actif contre le régime du PDCI-RDA de Henri Konan Bédié. Suite au coup d’Etat militaire de 1999 qui a renversé Bédié, Gbagbo et Ouattara vont se disputer la succession de Bédié à la tête de l'Etat. Laurent Gbagbo parvenu au pouvoir en 2000, Alassane Ouattara se range dans l’adversité. Notamment à la suite des affrontements de rue entre les partisans du nouveau président élu et ceux du RDR dont le mentor a été écarté de la course. Dans la gestion de la crise militaro-politique déclenchée le 19 septembre 2002, on va assister à une recomposition du paysage politique du pays. Avec Henri Konan Bédié, Ouattara forme le rassemblement des Houphouétistes (RHDP), la coalition de l’opposition face à Laurent Gbagbo, composée de 4 formations politiques que sont le PDCI, le RDR, le MFA et l’UDPCI. Partis séparément à la course au pouvoir, c’est le RDR qui a finalement franchi le cap du premier tour pour affronter le candidat de LMP en tête du peloton. Un coup de maître que réalise M. Ouattara qui est à sa première participation à un scrutin en Côte d’Ivoire. La grande surprise, c’est la chute du PDCI et de son candidat Henri Konan Bédié. Le sphinx de Daoukro, dauphin constitutionnel en 1993 et héritier politique de feu le président Félix Houphouët-Boigny. Jusqu’au 31 octobre, tous les sondages donnaient dans le peloton de tête, le champion de l’ex-parti au pouvoir. Mais, que de surprise au verdict final avec un PDCI laminé sur ses propres bases, tantôt par le candidat de LMP, tantôt par son allié du RHDP. Abengourou, Aboisso, Bondoukou, etc., Bédié et ses partisans n’ont pu résister à la bourrasque de leurs adversaires quoiqu’ayant confirmé leur suprématie au centre et dans certaines zones inespérées comme dans le Bas-Sassandra. Même s’il est éliminé, la participation du président du PDCI aura pesé sur l’issue de ce scrutin. Contrairement aux 11 outsiders enregistrés à ces élections. Le positionnement de M. Bédié et ses partisans sera prépondérant dans la suite des débats, dont le top départ sera donné dès la validation par le Conseil Constitutionnel des résultats proclamés, hier soir par le président de la Commission électorale indépendante, Youssouf Bakayoko. Pari gagné pour l’ex-ministre des Affaires étrangères et son équipe. Eux qui ont fini par conduire les Ivoiriens à des élections sans heurt et pour le moment incontestées.
Félix D.BONY
Félix D.BONY