Le Pdci conteste les résultats proclamés jusque-là par la Commission électorale indépendante (Cei). Hier mercredi 03 novembre 2010, dans l`après-midi, à son siège à Cocody, un avocat dudit parti, Me Claude Ahouobo, a dénoncé, au cours d’un point de presse, une falsification des résultats. « Jusqu’à hier matin, sur la base des procès verbaux en notre possession, notre candidat était en tête. Nous avons été surpris, à la proclamation des résultats à la télévision, de constater que les résultats ont changé. Nous avons été volés de 250 000 voix sur un total de plus de 2 millions proclamés par la Cei. Nous pensons que c’est un abus. Il y a beaucoup d’anomalies et nous pensons qu’on nous vole la victoire », a déclaré l’avocat, qui avait à ses côtés Zié Daouda Coulibaly, président de la Fondation Espoir. Selon lui, le Pdci a relevé plusieurs irrégularités : certains Pv signés d’avance par des représentants de candidats, un Pv indiquant que 312 personnes ont voté dans un bureau de vote alors que 341 voix ont été attribuées à un candidat. Des irrégularités dont les preuves n’ont pourtant pas été brandies publiquement. A la suite de Me Ahouobo, Zié Daouda Coulibaly, bien connu au Pdci, prendra la parole. « Un braquage électoral se prépare en Côte d’Ivoire dans les heures à venir. Un braquage électoral se déroule en Côte d’Ivoire, qui va entraîner l’approfondissement de la division et de la destruction du tissu social. Ils sont en train de voler la victoire du Pdci et de Bédié. Nous déclarons que tous ces résultats qui sont diffusés à la télévision sont nuls. Nous demandons un recomptage des voix, certifié par l’Onuci. », a-t-il violemment protesté, avant d’appeler tous les jeunes du Pdci à se mobiliser. Sous les hourras de la foule. En marge de ce point de presse, des jeunes gens en colère pestaient contre les personnalités du Pdci, accusées d’être à l’origine de la débâcle de ce parti. Les plus furieux d’entre eux se sont rués vers l’entrée d’une salle où se réunissaient quelques grosses têtes du parti : Djédjé Mady, Akossi Bendjo, Emile Constant Bombet, Amoikon Edjampan Tiémélé, Bamba Mamadou, Maurice Kacou Guikahué. « Trop, c’est trop ! Si Gbagbo vous a achetés, dites-le nous », hurlait le meneur. Guikahué est obligé de sortir de la salle pour tenter de les raisonner. En vain. Puis c’est au tour de Djédjé Mady, chahuté par ces jeunes en fureur. « Vous n’êtes pas plus mécontents de ce qui se passe que moi. Ce n’est pas nous qui proclamons les résultats, attendez comme nous », essaie-t-il de faire baisser la tension. Peine perdue. Michel Koffi Benoît entre dans la danse pour tenter de ramener le calme. « Calmez-vous. On est en train de rassembler des éléments pour contrecarrer ce qui est en train de se passer. Nous avons fait venir le ministre Constant Bombet qui a été ministre de l’Intérieur et donc connaît les ficelles des élections. Nous allons recourir à son expertise pour réunir des éléments qu’il faut. Mais pour cela, il nous faut nous concerter », argumente-t-il. Il n’aura pas plus de succès que les autres. Quand Djédjé Mady et son groupe sortent, ils manquent d’être brutalisés par cette horde de jeunes en courroux. Aux environs de 16h 20, lorsqu’arrive le maire de Port Bouët, Hortense Acka Anghui, le visage fermé, une dame fond en larmes. Suivie d’une autre, puis une autre. L’annonce de la poursuite des résultats à la télévision, ravive la tension. Atsé Jean Claude, le leader du défunt Forum des jeunes du Pdci, tout furieux, appelle les jeunes à prendre la rue. « Trop, c’est trop ! On ne peut pas accepter cette situation pendant cinq ans encore ! », rugit-il. Mais il est vite interpellé par le ministre Allah Kouadio Remy, qui tente de le raisonner. « On a 48h pour faire des réclamations. Quand on va commencer à protester, il faut que ce soit sur des choses concrètes. Attendons d’abord d’avoir des données concrètes sur ce qui s’est réellement passé. Ce qui est sûr, on ne se laissera pas voler », explique-t-il. Pas assez pour convaincre les jeunes, qui ont décidé de fermer les portails pour empêcher que leurs aînés ne sortent du siège du Pdci sans les avoir rassurés sur la suite du processus électoral. Il est 16h 44, nous quittons les lieux.
Assane NIADA
Assane NIADA