Dans une conférence de presse tenue le mardi 2 novembre, Cristian Preda, le chef de la mission d'observation de l'Union européenne en Côte d'Ivoire pour l'élection présidentielle, avait affirmé que les autorités ivoiriennes avaient entravé le travail des observateurs de l'UE en les empêchant d'avoir accès aux bureaux de traitement des bulletins de vote. Le même jour sur les antennes de Rfi dans l'édition de son journal de 18 h 30, M. Preda avait dénoncé le comportement des représentants de la Cei qui ont empêché les observateurs d'avoir accès aux bureaux de vote pour s'assurer du traitement qui était fait des bulletins de vote pendant le dépouillement. Il avait également dénoncé le refus de la Cei (alors qu'un accord avait été trouvé à cet effet), d'afficher devant chaque bureau de vote, le procès verbal des résultats de ce bureau de vote. " Il y a un décalage entre le comportement exemplaire des citoyens et les institutions ". Avait-il déclaré. Il semble que personne n'a prêté attention aux propos de M. Preda. Et apparemment, il a eu raison de dénoncer le refus de la Cei de permettre aux observateurs de suivre de visu les dépouillements et la retranscription des résultats. Car, à l'analyse des résultats provisoires proclamés par la Cei, on ne peut que s'étonner devant la récurrence de certaines anomalies. En effet, parfois, le total des suffrages exprimés est inférieur ou supérieur à l'ensemble des voix obtenues par les 14 candidats. Ainsi à Yopougon, une commune dont les résultats sont pour le moins suspects, il y a un écart de 114 voix entre les suffrages exprimés et l'ensemble des voix obtenues par les candidats. Il y a 378.428 suffrages exprimés contre 378.314 suffrages obtenus par les 14 candidats. Qu'est-ce qui explique cet écart dans cette commune où le candidat Gbagbo a réalisé un score plus que à la soviétique ? Les chiffres ont-ils été manipulés ? Pareil pour Cocody où le candidat Gbagbo a encore pulvérisé ses adversaires. Il y a un écart de 87 suffrages entre les suffrages exprimés (178 341) contre 178 254 suffrages obtenus par les 14 candidats. Pareil encore pour la région de la Marahoué où Laurent Gbagbo a encore triomphé. Ici, c'est un écart de 208 suffrages entre les suffrages exprimés (149 925) contre 144 717 suffrages obtenus par les candidats. Pourquoi toutes ces anomalies qui, curieusement, ne se produisent que dans les zones où Gbagbo a gagné comme c'est le cas dans le Sud Comoé, au Plateau, etc ? Choses encore plus graves, c'est le cas de Daoukro où le président Bédié a étalé ses adversaires. Ici, le nombre de bulletins nuls a été augmenté de 106 et le total des voix obtenues par Gbagbo a été majoré de 449 voix. Dans le Bas-Sassandra où Bédié a distancé largement ses concurrents (104 798 voix), le nombre de bulletins nuls représente près du 5ème des voix de ce dernier : 20.679 bulletins nuls, le chiffre le plus élevé de toute la Côte d'Ivoire. Ce qui paraît pour le moins surprenant comparé à d'autres régions. Tout ceci, pour ne prendre que ces seuls exemples, permet de s'interroger sur la sincérité des résultats proclamés par la Cei. L'élection, tout le monde en convient, s'est déroulée de façon satisfaisante. Mais il apparait clairement que dans le traitement des résultats, certaines irrégularités ont été commises qui s'expliquent difficilement. Surtout qu'elles ne se sont produisent que là où le candidat Gbagbo a gagné et là où le président Bédié a gagné. Nous y reviendrons…
PAUL KOUDOU
PAUL KOUDOU
