De nombreux étudiants ont regagné leurs domiciles en attendant les résultats de l’élection présidentielle.
Campus de Cocody. Il est 16 h ce mardi 2 novembre. Jacqueline A. attend impatiemment un taxi pour se rendre dans la commune de Yopougon où résident ses parents. Cette étudiante en Sociologie qui occupe une chambre au campus ancien ne veut pas rester sur ces lieux tant qu’elle ne sera pas située sur les résultats partiels de cette élection présidentielle qui inquiètent plus d’un. «On sait comment les choses se passent généralement sur le campus. Je veux être en lieu sûr au moment où les maîtres de lieux vont commencer les manifestations », explique-t-elle discrètement. Elle nous fait comprendre que les maîtres dans les cités universitaires sont les éléments de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), acquis à la cause du candidat de La majorité présidentielle (Lmp). Dans les résidences universitaires, les étudiants sont très souvent les témoins oculaires des violences de toute sorte, et cela quand il s’agit des intérêts de leur ‘’parrain’’, Laurent Gbagbo. A. K. est conscient de cet état de fait. Cet étudiant en maîtrise de Droit à l’université de Cocody ne veut pas faire les frais de la colère de la Fesci. « Si Gbagbo passe, c’est sûr que la Fesci va manifester sa joie. Et cela se fait toujours par des représailles et la recherche des partisans et sympathisants du camp adverse», confie ce jeune sympathisant du candidat Alassane Ouattara. Avant d’ajouter qu’il n’ose même pas imaginer ce qui peut bien arriver dans les cités, si jamais La majorité présidentielle venait à perdre ce scrutin présidentiel. Même son de cloche à la résidence universitaire de Mermoz, située dans la commune de Cocody. Dans cette autre citadelle de la Fesci, la majorité des résidents ont préféré se mettre à l’abri de toute violence probable après la proclamation des résultats. Déjà dimanche, un étudiant a été malmené à l’entrée de cette cité alors qu’il venait de la boutique. Vêtu d’un petit boubou sur un pantalon, ce jeune, sorti de la cité pour acheter de la nourriture, a été molesté à un corridor dressé à l’entrée du portail principal par la section Fesci de cette résidence.
Les cités ‘’U’’ presque désertes
Il faut noter que depuis le dimanche, jour du scrutin présidentiel, quiconque veut rentrer dans ce bastion doit d’abord présenter une pièce d’identité. Et c’est bien ce qu’a fait cet étudiant en présentant son attestation d’identité. Les maîtres des lieux qui veulent à tout prix en découdre avec lui, exigent la nouvelle pièce d’identité. Ce qu’il refuse catégoriquement. Connaissant leur intention, l’étudiant leur pose alors la question de savoir si c’est parce qu’il est musulman qu’on le traite de la sorte. Une question qu’il n’aurait pas dû poser. Il reçoit automatiquement une paire de gifle d’un membre de Fesci surexcité. « C’est toi qui va nous apprendre notre travail. Mets-toi à coté… », dit-il en le projetant au sol. Prétextant qu’il a voté pour leur ‘’ennemi’’, c’est-à-dire Alassane Ouattara, il va subir les pires humiliations de sa vie. Une situation jugée inadmissible par M. K, une étudiante logée au bâtiment C de ladite cité. Ne pouvant pas prendre la défense de la victime de ce soir, elle a décidé de rentrer en famille afin de se mettre à l’abri. Jacques K. qui n’a aucun parent dans le district d’Abidjan, a pris la sage décision de s’enfermer dans sa chambre et de ne participer à aucun débat politique. «Je vais m’enfermer dans ma chambre jusqu’à ce que les choses se calment», précise-t-il. Frank, un membre de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi) est dans une autre logique. Venu de ‘’la cité rouge’’ pour faire l’état des lieux à Mermoz, ce dernier confie ceci : «Dès qu’on nous demande de sortir, je prends mon ‘’Djroko’’ dans le placard et je descends dans la rue. Je n’hésiterai pas à tirer sur l’ennemi». Certainement qu’il n’en aura pas besoin, parce qu’il devra porter son appui à ses amis de Williamsville qui ont déjà commencé par partir de cette cité. Dans ce quartier à forte dominance Rdr, ce sont plutôt les étudiants proches du Fpi qui prennent la poutre d’escampette. «Ici nous savons tous que les jeunes gens de Williamsville nous attendent. Si jamais le candidat du Rdr Alassane Ouattara est président, nous sommes morts. Déjà le lundi aux environ de 3h, il y a eu des échauffourées entre les étudiants d’ici et un groupe de jeunes gens. Moins de 30 mn plus tard, le renfort de la jeunesse de Williamsville était là. Heureusement que la police a rapidement été alertée et elle a pu calmer les uns et les autres. Sinon, il risquait d’avoir un bain de sang. Et moi, c’est dans l’optique d’éviter ce type d’incident que je préfère rentrer en famille. Je reviendrai plus tard», explique Y. Romain, habitant le bâtiment A1 de ladite cité. Quant à Fatou une étudiante de cette cité, elle a préféré filer à l’anglaise la veille du scrutin. «On se connaît dans cette cité, et nous savons que quel que soit le résultat, ces jeunes gens de la Fesci vont manifester. Et comme je ne sais pas qu’elle serait l’issue de cette action, j’ai préféré ramasser tout doucement quelques affaires pour déménager chez une sœur qui habite non loin de la cité», précise-t-elle. Quant aux fescistes, ils restent constants. «On ne peut quand même pas nous empêcher de manifester notre joie ! Et si cela doit effrayer certains étudiants, ils peuvent partir et revenir plus tard si leurs chambres sont encore disponibles», se défend sous le sceau de l’anonymat un membre du bureau exécutif de la Fesci, section Williamsville. Des propos qui en disent long sur ce que vivent nos frères et sœur en résidence universitaire, avec cette structure qui tarde à se bonifier.
T. Yelly et M. A. Yacine
Campus de Cocody. Il est 16 h ce mardi 2 novembre. Jacqueline A. attend impatiemment un taxi pour se rendre dans la commune de Yopougon où résident ses parents. Cette étudiante en Sociologie qui occupe une chambre au campus ancien ne veut pas rester sur ces lieux tant qu’elle ne sera pas située sur les résultats partiels de cette élection présidentielle qui inquiètent plus d’un. «On sait comment les choses se passent généralement sur le campus. Je veux être en lieu sûr au moment où les maîtres de lieux vont commencer les manifestations », explique-t-elle discrètement. Elle nous fait comprendre que les maîtres dans les cités universitaires sont les éléments de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), acquis à la cause du candidat de La majorité présidentielle (Lmp). Dans les résidences universitaires, les étudiants sont très souvent les témoins oculaires des violences de toute sorte, et cela quand il s’agit des intérêts de leur ‘’parrain’’, Laurent Gbagbo. A. K. est conscient de cet état de fait. Cet étudiant en maîtrise de Droit à l’université de Cocody ne veut pas faire les frais de la colère de la Fesci. « Si Gbagbo passe, c’est sûr que la Fesci va manifester sa joie. Et cela se fait toujours par des représailles et la recherche des partisans et sympathisants du camp adverse», confie ce jeune sympathisant du candidat Alassane Ouattara. Avant d’ajouter qu’il n’ose même pas imaginer ce qui peut bien arriver dans les cités, si jamais La majorité présidentielle venait à perdre ce scrutin présidentiel. Même son de cloche à la résidence universitaire de Mermoz, située dans la commune de Cocody. Dans cette autre citadelle de la Fesci, la majorité des résidents ont préféré se mettre à l’abri de toute violence probable après la proclamation des résultats. Déjà dimanche, un étudiant a été malmené à l’entrée de cette cité alors qu’il venait de la boutique. Vêtu d’un petit boubou sur un pantalon, ce jeune, sorti de la cité pour acheter de la nourriture, a été molesté à un corridor dressé à l’entrée du portail principal par la section Fesci de cette résidence.
Les cités ‘’U’’ presque désertes
Il faut noter que depuis le dimanche, jour du scrutin présidentiel, quiconque veut rentrer dans ce bastion doit d’abord présenter une pièce d’identité. Et c’est bien ce qu’a fait cet étudiant en présentant son attestation d’identité. Les maîtres des lieux qui veulent à tout prix en découdre avec lui, exigent la nouvelle pièce d’identité. Ce qu’il refuse catégoriquement. Connaissant leur intention, l’étudiant leur pose alors la question de savoir si c’est parce qu’il est musulman qu’on le traite de la sorte. Une question qu’il n’aurait pas dû poser. Il reçoit automatiquement une paire de gifle d’un membre de Fesci surexcité. « C’est toi qui va nous apprendre notre travail. Mets-toi à coté… », dit-il en le projetant au sol. Prétextant qu’il a voté pour leur ‘’ennemi’’, c’est-à-dire Alassane Ouattara, il va subir les pires humiliations de sa vie. Une situation jugée inadmissible par M. K, une étudiante logée au bâtiment C de ladite cité. Ne pouvant pas prendre la défense de la victime de ce soir, elle a décidé de rentrer en famille afin de se mettre à l’abri. Jacques K. qui n’a aucun parent dans le district d’Abidjan, a pris la sage décision de s’enfermer dans sa chambre et de ne participer à aucun débat politique. «Je vais m’enfermer dans ma chambre jusqu’à ce que les choses se calment», précise-t-il. Frank, un membre de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi) est dans une autre logique. Venu de ‘’la cité rouge’’ pour faire l’état des lieux à Mermoz, ce dernier confie ceci : «Dès qu’on nous demande de sortir, je prends mon ‘’Djroko’’ dans le placard et je descends dans la rue. Je n’hésiterai pas à tirer sur l’ennemi». Certainement qu’il n’en aura pas besoin, parce qu’il devra porter son appui à ses amis de Williamsville qui ont déjà commencé par partir de cette cité. Dans ce quartier à forte dominance Rdr, ce sont plutôt les étudiants proches du Fpi qui prennent la poutre d’escampette. «Ici nous savons tous que les jeunes gens de Williamsville nous attendent. Si jamais le candidat du Rdr Alassane Ouattara est président, nous sommes morts. Déjà le lundi aux environ de 3h, il y a eu des échauffourées entre les étudiants d’ici et un groupe de jeunes gens. Moins de 30 mn plus tard, le renfort de la jeunesse de Williamsville était là. Heureusement que la police a rapidement été alertée et elle a pu calmer les uns et les autres. Sinon, il risquait d’avoir un bain de sang. Et moi, c’est dans l’optique d’éviter ce type d’incident que je préfère rentrer en famille. Je reviendrai plus tard», explique Y. Romain, habitant le bâtiment A1 de ladite cité. Quant à Fatou une étudiante de cette cité, elle a préféré filer à l’anglaise la veille du scrutin. «On se connaît dans cette cité, et nous savons que quel que soit le résultat, ces jeunes gens de la Fesci vont manifester. Et comme je ne sais pas qu’elle serait l’issue de cette action, j’ai préféré ramasser tout doucement quelques affaires pour déménager chez une sœur qui habite non loin de la cité», précise-t-elle. Quant aux fescistes, ils restent constants. «On ne peut quand même pas nous empêcher de manifester notre joie ! Et si cela doit effrayer certains étudiants, ils peuvent partir et revenir plus tard si leurs chambres sont encore disponibles», se défend sous le sceau de l’anonymat un membre du bureau exécutif de la Fesci, section Williamsville. Des propos qui en disent long sur ce que vivent nos frères et sœur en résidence universitaire, avec cette structure qui tarde à se bonifier.
T. Yelly et M. A. Yacine