Ses partisans y croyaient fermement jusqu`au décompte final. Gonflés par les slogans du genre « y a rien en face, devant c`est maïs », « on gagne ou on gagne», « a tako kélé » (un coup KO en malinké ndlr), les militants et sympathisants de La Majorité Présidentielle (Lmp) se sont mobilisés le 31 octobre dernier pour assurer une victoire au premier tour, à leur candidat Laurent Gbagbo. Mais le souhait ne s`est pas transformé en réalité dans les urnes. Certes, Laurent Gbagbo est arrivé en tête avec une majorité relative de 38,06%, mais cela ne lui déroule pas le tapis rouge pour le palais. Cette majorité relative a même créé l`effet de surprise, avec un goût amer chez certains membres de Lmp, qui estimaient, fort des études réalisées ou encore des sondages, qu`à défaut de l`emporter au premier tour, Laurent Gbagbo arriverait en tête avec un score supérieur ou égal à 40 %. A l`heure du bilan de cette élection, ni l`un ni l`autre des scores n`a été obtenu. Qu`est-ce qui n`a pas marché ? Sur la question, toutes les analyses convergent pour dire que Laurent Gbagbo a été lâché par l`électorat baoulé. En effet, dans leurs calculs « les plus fous », les experts de La Majorité Présidentielle savaient leurs limites dans la région des Savanes. Une percée dans cette zone était presqu`inattendue par les lieutenants du président sortant. Même si en matière électorale, des surprises sont possibles, le camp présidentiel veillait surtout à marquer et à renforcer sa présence dans cette zone, jadis hostile. Histoire d`arracher quelques voix au Rdr, qui semble y régner en maître absolu. La grande déception, et celle qui pourrait expliquer que Laurent Gbagbo n`ait pas remporté les élections au premier tour, c`est sans nul doute sa perte dans la région des Lacs. Le candidat de Lmp qui affrontait au cours de cette élection, ceux qu`il appelle « les héritiers d`Houphouët », a concentré sa bataille à Yamoussoukro, village du premier président ivoirien, devenu la capitale politique de Côte d`Ivoire. Il y a mené des travaux d`Hercule dans le cadre du transfert de la capitale, anciennement à Abidjan. Le prolongement de l`autoroute du nord jusqu`à Yamoussoukro, la construction du palais de la présidence, celui de l`assemblée nationale, et celui de l`hôtel des députés, sont des chantiers que Laurent Gbagbo a ouverts, espérant arracher l`électorat captif du Pdci. Au-delà de ces travaux, le chef de l`Etat a procédé à une électrification massive des villages (un millier dit-on ndlr). Ce projet a été confié à un fils de la région, M. Kouamé Raymond, avec pour ultime objectif d`attirer les électeurs baoulé. D`autres fils de la région, notamment le gouverneur du district de Yamoussoukro, N`Dri Appolinaire, le directeur de cabinet du président de la République, N`Zi Paul David, et bien d`autres poids lourds ont été mis à contribution. Le chef de l`Etat lui même y passait de nombreux week-ends, aux côtés de ces populations; il y recevait des personnalités étrangères, comme pour faire revivre l`époque Houphouët. Mais à l`arrivée, la moisson a été maigre. Le président sortant y est arrivé avec un score de 12,99 %, contre 15,35% et 69,03% respectivement pour les deux « héritiers » Alassane Ouattara et Konan Bédié. Un constat tout aussi remarquable dans des régions baoulé comme Béoumi, Sakassou, Botro, où le candidat de Lmp a été affaibli. Toutes choses qui ont déjoué les calculs pour la victoire au premier tour de la présidentielle d`octobre 2010.
Hamadou ZIAO
Photo: Gbagbo
Légende: Le président Gbagbo a été lâché par l`électorat baoulé
Hamadou ZIAO
Photo: Gbagbo
Légende: Le président Gbagbo a été lâché par l`électorat baoulé