Le nom de Yamoussoukro renvoie indéniablement à une seule personnalité : Félix Houphouët Boigny. Le Père-fondateur de la Côte d’Ivoire et premier Président de la république. Yamoussoukro est sa ville natale et sa ville fétiche. Tout le long de son règne, il a accordé une attention particulière à cette ville qui deviendra en 1983 la capitale politique ivoirienne. Une élévation qui donne encore plus de poids à cette cité qui, sous la volonté de Félix Houphouët Boigny, a pris les allures d’une ville moderne et futuriste. Mais, depuis la mort du bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne, jamais la démagogie politicienne n’avait placé la cité du lac aux crocodiles au centre du débat. Laurent Gbagbo, marchandant les voix des électeurs, a voulu se tailler un costume de digne successeur de Nanan Boigny. Donnant dans la surenchère et la spéculation, il a tenté de faire croire que les enfants d’Houphouët Boigny avaient abandonné l’œuvre de leur père. Il a voulu faire croire qu’il était celui-là même qui ferait du transfert de la capitale à Yamoussoukro, une réalité. Après avoir inauguré l’hôtel des députés, offert, dit-il, par la Chine, il a tenté, dans les derniers instants de ses dix ans de pouvoir, d’étirer l’autoroute jusqu’au pied de la basilique pour en retirer es dividendes politiques. Malheureusement pour lui, la grande voie n’est pas arrivée à temps. Et, pour boucler la boucle, il a financé à coup de milliards, un regroupement dans la ville natale de Félix Houphouët Boigny pour monter un mouvement dit de « vrais houphouétistes ». Un ramassis d’anciens serveurs de thé du vieux sage d’Afrique, aveuglés par la manne présidentielle pour servir la cause Gbagbo. Et comme si cela ne suffisait pas, il a nommé au gouvernorat du District un de ses porteurs de serviette pour soigner son image d’insulteur public d’Houphouët Boigny et de son parti politique, le PDCI RDA. Malgré tous ces charmes, Yamoussoukro est restée digne. Les parents de Félix Houphouët Boigny qui savent mieux que quiconque qui sont les réels descendants du père de la nation, ont exprimé clairement leur choix le dimanche dernier. La capitale politique ivoirienne a nettement démontré son attachement à l’œuvre d’Houphouët, incarnée par ses dignes successeurs et fils que sont Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse et Anaky Kobina. Au terme des résultats provisoires du premier tour du scrutin, sur près de 110000 votants, Gbagbo n’a eu, en tout et pour tout, que 14000 voix. Contre près de 60000 pour Bédié et plus de 20000 pour Alassane Dramane Ouattara (les deux poids lourds du RHDP). Ce revers est assez éloquent pour lui indiquer, si besoin était encore, que la ville de Yamoussoukro est loin et même loin de se laisser émouvoir par ses quelques coups de pelles, l’argent du contribuable ou ses déclarations mielleuses et démagogiques à l’endroit d’un Félix Houphouët Boigny qu’il a traité de « voleur et mégalomane ». Plus que la ville de Yamoussoukro, c’est toute la région des Lacs qui s’est levée, comme un seul homme, pour dire non à l’escroquerie politique du candidat Gbagbo. Et son score de 12 % doit lui indiquer clairement qu’il est tout, sauf un héritier de Félix Houphouët Boigny. Yamoussoukro ne l’a pas oublié et l’honneur du Vieux est sauf.
Koné Lassiné
Koné Lassiné