Il y a des scores dont l’on ne trouve rien à redire. Mais ceux réalisés par le candidat du FPI au premier tour de l’élection présidentielle laissent plus d’un Ivoirien perplexe. Laurent Gbagbo a obtenu des résultats exceptionnels dans des zones où on l’attendait le moins. Des résultats qui ont même surpris ces propres partisans. Dans les zones comme Abidjan, Dabou, Aboisso et dans le Zanzan où les populations sont loin d’être acquises au camp présidentiel, le candidat du FPI a réussi la prouesse d’obtenir des scores qui dépassent les suffrages exprimés cumulés des deux principaux candidats du RHDP, le docteur Alassane Dramane Ouattara et le président Henri Konan Bédié. A Yopougon, par exemple, Laurent Gbagbo a obtenu 194.441 voix. Tandis qu’Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont eu respectivement 97929 et 74280 voix. Lorsque l’on fait l’addition des suffrages des géants du RHDP, cela fait 172.209 voix. Soit 22.232 voix de différence. A Abobo, seuls 20.000 voix de différence séparent Ouattara de Gbagbo. A Anyama, il faut accumuler les scores de Ouattara et de Bédié pour faire celui de Laurent Gbagbo. A Aboisso, chez les beaux-parents du président Henri Konan Bédié, le même phénomène se reproduit. Il faut associer les suffrages des deux ténors de la grande famille des Houphouétistes pour espérer atteindre le résultat de Laurent Gbagbo. Ces exemples, on peut les multiplier à la pelle. De tels scores expliquent une seule vérité. Soit les Ivoiriens aiment souffrir, soit ils ont déjà oublié tout ce que Laurent Gbagbo leur a fait pendant ces dix dernières années. Ces deux éventualités sont à exclure. Il faut voir les raisons de ces curieux scores réalisés par Laurent Gbagbo, plutôt du côté de la « technologie électorale » qu’a déployée le camp présidentiel dans ces zones pour soigner son pourcentage national. Achats de conscience, bourrages d’urnes et tripatouillages des procès verbaux. Tous les moyens étaient bons pour assurer ces scores bizarres au candidat de la minorité présidentielle. Laurent Gbagbo a su s’engouffrer dans les failles du système pour s’offrir une avance au premier tour. Mais cette avance n’est pas insurmontable. C’est au RHDP de redoubler de vigilance et faire preuve de dextérité au second tour. Pour barrer la route à Laurent Gbagbo.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly