La Côte d’Ivoire devrait connaître son président en principe fin novembre lors d’un second tour potentiellement explosif entre le sortant Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
-Pourquoi cette élection, qui a été reportée six fois depuis 2005, a-t-elle lieu maintenant?
Il y a plusieurs raisons. J’en retiendrai deux. La première est liée au fait que les principaux protagonistes réunis au sein de l’exécutif, à savoir l’ex-rébellion des Forces nouvelles qui contrôle la Primature et le camp présidentiel, ont entendu les cris assourdissants du peuple. La seconde raison et sans doute la plus importante, c’est que le président sortant s’est convaincu qu’il pouvait dès lors gagner l’élection présidentielle, après la publication de plusieurs sondages qui le donnaient gagnant.
-Ces élections ont été qualifiées d’historiques. Quel est au fond l’enjeu de ce scrutin ?
Cette élection présidentielle est historique pour la simple raison que depuis le retour au multipartisme, il y a deux décennies, c’est la première fois qu’une compétition est autant ouverte que transparente. Pour la première fois dans l’histoire du pays, qui a célébré son cinquantenaire en août dernier, les principaux leaders politiques qui le désiraient, ont été admis à être candidats. En définitive, le principal enjeu, c’est la paix. Une paix après laquelle les Ivoiriens courent depuis 11 ans, après qu’un coup d’Etat est venu faire tomber le pays dans le giron des pays politiquement instables, en décembre 1999.
-Y a-t-il une possibilité d’un réel changement suite à ses élections sachant que les candidats ont été acteurs dans la crise qu’a connue le pays ?
Une chose est certaine, l’élection va sonner la fin de la crise armée. Cependant j’ai bien peur que la crise politique demeure. Pour comprendre cela, il faut analyser les deux cas de figure qui se présentent. Si M. Gbagbo est réélu, son pouvoir désormais légitimé, après une élection qu’il avait lui-même qualifiée de «calamiteuse», pourrait être trop fort. Dès lors, il faut craindre certains dérapages qu’un contre-pouvoir suffisamment faible ne pourra ni vigoureusement dénoncer ni efficacement combattre. De l’autre côté, l’élection de M. Ouattara, le challenger du président sortant, dont le nom est associé à la rébellion, par les supporters du camp présidentiel, va réveiller les rancœurs de tous ceux qui estiment que c’est par lui que le malheur est arrivé. Toutefois, cette analyse peut se révéler totalement déphasée, tant le peuple ivoirien peut se montrer surprenant, en atteste le calme et la non-violence lors du scrutin de dimanche, ce qui a déjoué toutes les appréhensions.
-La diplomatie française observe de très près ce qui se passe lors de ces élections, quel rôle a-t-elle pu y
jouer ?
La diplomatie française a joué un rôle important, autant que la communauté internationale présente en Côte d’Ivoire à travers l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Quelques jours avant le scrutin, le secrétaire général de l’Elysée, M. Guéant, était à Abidjan, où il a rencontré les principaux acteurs politiques.
-On souligne un taux de participation record, des irrégularités mineures et un calme relatif, selon le Conseil de sécurité de l’ONU, qu’en est-il des accusations de Bédié qui dénonce de graves dysfonctionnements et une fraude dont il a été victime ?
Je voudrais bien croire que le PDCI a été frustré de sa victoire, mais ma position est celle que j’ai fait savoir à des proches du candidat Bédié : où sont les preuves ?
-Craint-on des violences au deuxième tour qui opposera les deux ennemis Gbagbo et Ouattara le 28 novembre prochain ?
Messieurs Gbagbo et Ouattara ne sont pas des ennemis. Ils sont des adversaires. Ils ont déjà montré qu’ils pouvaient travailler ensemble et en toute intelligence, entre 1994 et 1999, au sein du Front républicain, qui réunissait plusieurs partis de l’opposition d’alors. Cependant, j’admets que les risques de confrontation entre les supporters des deux hommes est grand. J’espère que la sagesse va habiter chaque Ivoirien au moment du scrutin.
-La presse ivoirienne a fait état d’un scénario à la sénégalaise qui se dessine, à savoir la création d’une alliance avec Ouattara qui pourrait finalement remporter le deuxième tour. Ce scénario est-il privilégié ?
Je suppose que vous parlez d’une alliance entre M. Bédié, le grand perdant du premier tour, et M. Ouattara. Les deux hommes sont déjà unis par une alliance qu’ils ont signée au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition de quatre partis d’opposition). Théoriquement, M. Ouattara devrait être élu avec cet accord qui lui assure 60% des voix du premier tour. Cependant, il faut rester mesuré, car le report des voix pourrait, dans la pratique, ne pas être systématique. Il reste que la politique étant le domaine du tout illogique, il y a de fortes chances qu’on assiste à des ralliements spectaculaires.
Mehdia Belkadi
-Pourquoi cette élection, qui a été reportée six fois depuis 2005, a-t-elle lieu maintenant?
Il y a plusieurs raisons. J’en retiendrai deux. La première est liée au fait que les principaux protagonistes réunis au sein de l’exécutif, à savoir l’ex-rébellion des Forces nouvelles qui contrôle la Primature et le camp présidentiel, ont entendu les cris assourdissants du peuple. La seconde raison et sans doute la plus importante, c’est que le président sortant s’est convaincu qu’il pouvait dès lors gagner l’élection présidentielle, après la publication de plusieurs sondages qui le donnaient gagnant.
-Ces élections ont été qualifiées d’historiques. Quel est au fond l’enjeu de ce scrutin ?
Cette élection présidentielle est historique pour la simple raison que depuis le retour au multipartisme, il y a deux décennies, c’est la première fois qu’une compétition est autant ouverte que transparente. Pour la première fois dans l’histoire du pays, qui a célébré son cinquantenaire en août dernier, les principaux leaders politiques qui le désiraient, ont été admis à être candidats. En définitive, le principal enjeu, c’est la paix. Une paix après laquelle les Ivoiriens courent depuis 11 ans, après qu’un coup d’Etat est venu faire tomber le pays dans le giron des pays politiquement instables, en décembre 1999.
-Y a-t-il une possibilité d’un réel changement suite à ses élections sachant que les candidats ont été acteurs dans la crise qu’a connue le pays ?
Une chose est certaine, l’élection va sonner la fin de la crise armée. Cependant j’ai bien peur que la crise politique demeure. Pour comprendre cela, il faut analyser les deux cas de figure qui se présentent. Si M. Gbagbo est réélu, son pouvoir désormais légitimé, après une élection qu’il avait lui-même qualifiée de «calamiteuse», pourrait être trop fort. Dès lors, il faut craindre certains dérapages qu’un contre-pouvoir suffisamment faible ne pourra ni vigoureusement dénoncer ni efficacement combattre. De l’autre côté, l’élection de M. Ouattara, le challenger du président sortant, dont le nom est associé à la rébellion, par les supporters du camp présidentiel, va réveiller les rancœurs de tous ceux qui estiment que c’est par lui que le malheur est arrivé. Toutefois, cette analyse peut se révéler totalement déphasée, tant le peuple ivoirien peut se montrer surprenant, en atteste le calme et la non-violence lors du scrutin de dimanche, ce qui a déjoué toutes les appréhensions.
-La diplomatie française observe de très près ce qui se passe lors de ces élections, quel rôle a-t-elle pu y
jouer ?
La diplomatie française a joué un rôle important, autant que la communauté internationale présente en Côte d’Ivoire à travers l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Quelques jours avant le scrutin, le secrétaire général de l’Elysée, M. Guéant, était à Abidjan, où il a rencontré les principaux acteurs politiques.
-On souligne un taux de participation record, des irrégularités mineures et un calme relatif, selon le Conseil de sécurité de l’ONU, qu’en est-il des accusations de Bédié qui dénonce de graves dysfonctionnements et une fraude dont il a été victime ?
Je voudrais bien croire que le PDCI a été frustré de sa victoire, mais ma position est celle que j’ai fait savoir à des proches du candidat Bédié : où sont les preuves ?
-Craint-on des violences au deuxième tour qui opposera les deux ennemis Gbagbo et Ouattara le 28 novembre prochain ?
Messieurs Gbagbo et Ouattara ne sont pas des ennemis. Ils sont des adversaires. Ils ont déjà montré qu’ils pouvaient travailler ensemble et en toute intelligence, entre 1994 et 1999, au sein du Front républicain, qui réunissait plusieurs partis de l’opposition d’alors. Cependant, j’admets que les risques de confrontation entre les supporters des deux hommes est grand. J’espère que la sagesse va habiter chaque Ivoirien au moment du scrutin.
-La presse ivoirienne a fait état d’un scénario à la sénégalaise qui se dessine, à savoir la création d’une alliance avec Ouattara qui pourrait finalement remporter le deuxième tour. Ce scénario est-il privilégié ?
Je suppose que vous parlez d’une alliance entre M. Bédié, le grand perdant du premier tour, et M. Ouattara. Les deux hommes sont déjà unis par une alliance qu’ils ont signée au sein du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition de quatre partis d’opposition). Théoriquement, M. Ouattara devrait être élu avec cet accord qui lui assure 60% des voix du premier tour. Cependant, il faut rester mesuré, car le report des voix pourrait, dans la pratique, ne pas être systématique. Il reste que la politique étant le domaine du tout illogique, il y a de fortes chances qu’on assiste à des ralliements spectaculaires.
Mehdia Belkadi