L`élection présidentielle tant attendue a été enfin organisée et s`est globalement déroulée dans des conditions plus que satisfaisantes comparées à ce qui s`est passé dans d`autres pays après une grave crise. La comparaison s`arrête là. Car, comme nous l`écrivions hier, la Côte d`Ivoire n`a plus les moyens, après huit ans de crise, de s`offrir des résultats manipulés après cette élection. Perdre une élection est quelque chose de tout à fait banal, quand tout le processus électoral s`est déroulé dans des conditions transparentes qui ne laissent subsister aucun doute. Mais les résultats proclamés par la Cei après le 1er tour sont trop incohérents pour ne pas faire réagir tout intellectuel lucide et non corrompu par des intérêts privés ou partisans. Car, dans la situation qui est celle de la Côte d`Ivoire aujourd`hui, nul ne doit prendre le risque d`appeler les Ivoiriens à aller départager les deux candidats arrivés en tête si les chiffres qu`ils ont obtenus ne correspondent pas à la réalité. Et il est incontestable que ces chiffres ne correspondent pas à la réalité. Ils sont même grotesques par endroits. Et si le Conseil constitutionnel, par des calculs partisans, valide les chiffres de la Cei, il aura alors cautionné les violences et autres contestations qui surviendront après le deuxième tour. Appelons un chat par son nom. Les chiffres de la Cei sont inexacts. D`abord, le pourcentage total des 14 candidats est de 100,27% au lieu de 100%. Et cet écart de 0,27% fait apparaitre 12.355 électeurs de plus par rapport à l`ensemble des suffrages obtenus par les 14 candidats. Ce qui signifie que les pourcentages de tous les candidats sont faux. A Abengourou, dans le Moyen-Comoé, Laurent Gbagbo, selon la Cei, a obtenu 33.486 suffrages, Bédié (16.734), Alassane (11.152) et les 11 autres candidats n`ont obtenu que 1.794 suffrages. L`addition des suffrages obtenus par les 14 candidats donne 63166. Or, selon la Cei, l`ensemble des suffrages exprimés à Abengourou est de 52.103. L`écart entre les deux chiffres est de 11.063 suffrages. Il y a une fraude qui est manifeste. Soit, le score de Bédié a été augmenté de 11.063 voix, alors dans ce cas, il n`a obtenu en réalité que 5.671 voix. Ce qui serait une grande surprise quand on sait l`implantation du Pdci dans ce département. Soit, c`est le score d`Alassane qui a été majoré de 11.063 voix, ce qui signifie qu`il n`a eu que seulement 89 voix. Cela serait également une très grande surprise. Soit c`est à Gbagbo qu`a bénéficié cette vaste fraude et dans ce cas il n`a eu que 22.423 suffrages. Dans tous les cas, les chiffres d`Abengourou sont faux et cela seul suffit à invalider l`élection dans ce département. L`on ne doit pas jouer avec ces choses. L`avenir de ce pays se joue sur ces détails qui, pour peu que les gens soient un peu plus vigilants au deuxième tour, fausseront les résultats parce qu`un candidat pourrait se retrouver avec des scores moins bons qu`au 1er tour et criera à la fraude. Alors que la fraude n`a en réalité existé qu`au 1er tour. A Man, selon la Cei, le candidat Gbagbo a obtenu 37.855 voix. Or, selon Blé Guirao, secrétaire général à la mobilisation de l`Udpci qui a brandi les preuves de ses affirmations (procès verbaux), le candidat Gbagbo n`a obtenu en réalité que 21.122 voix, soit une majoration imméritée de 16.733 voix, ce qui est tout de même énorme ! Comment peut-on s`amuser à opérer de telles manipulations des chiffres ? Et c`est sur la base de ces faux chiffres qui ont donné de faux pourcentages que la Cei veut amener les Ivoiriens à choisir dans trois semaines leur nouveau président. Autant dire qu`on veut conduire le pays dans une spirale de violences pendant encore 5 ans. Aucun Ivoirien ne peut et ne devrait accepter cela. Que le Conseil constitutionnel reprenne tous les calculs et donne les vrais chiffres avec les vrais scores de chaque candidat.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO