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Politique Publié le samedi 6 novembre 2010 | Le Patriote

Joël N’guessan (Porte-parole d’ADO) : “Les Baoulé ne sont pas dupes”

© Le Patriote Par DR
Rassemblement des républicains - Le ministre Joël N`Guessan
Monsieur le Ministre et Porte-parole du candidat Ouattara. Quelles leçons tirez-vous des résultats du premier tour de l’élection présidentielle ?

Joël N’GUESSAN : Il y a 5 principales leçons à tirer après analyse des résultats du premier tour de l’élection présidentielle.


1. La première leçon concerne le taux de participation.

De mémoire d’Ivoiriens, c’est la première fois que l’on atteint un taux de participation aussi élevé à une élection : 4 783 383 votants sur 5 711 753 d’électeurs inscrits soit un taux de 83,74%. Ce taux exceptionnellement élevé prouve que, d’une part, la sensibilisation a été bonne, et cela est à mettre à l’actif, entre autres, des partis politiques qui ont battu campagne pendant près d’un an, de la Commission Electorale Indépendante à travers les multiples campagnes de promotion du vote et de l’ONUCI dont les affiches ont incité les Ivoiriens au vote. D’autre part, cela traduit la volonté des populations ivoiriennes inscrites sur la liste électorale à contribuer à mettre fin à la crise par la voie des urnes.


2. La deuxième leçon est relative au volume des suffrages nuls

Les votes nuls sont aussi élevés. On note un total de 220 221 bulletins nuls. La leçon principale à tirer est que, de manière globale, près de 5% des électeurs ne savent pas voter. Dans certaines régions comme le Bafing, le Zanzan, le Bas Sassandra et les 18 montagnes, on a atteint des taux record de bulletins nuls : 7 à 8%. Il faut remédier rapidement à cela en accentuant les actions de formation au vote.


3. La troisième leçon concerne les irrégularités et les achats de conscience

On constate que grâce à la fraude et surtout grâce à l’argent distribué massivement le jour du vote, le candidat Laurent Gbagbo a pu gagner des grandes communes d’Abidjan et les villes de l’Est de la Côte d’Ivoire.


4. La quatrième leçon concerne les sondages effectués par Laurent Gbagbo

Les résultats ont démontré que les sondages payés à coup de milliards par Laurent Gbagbo pour influencer les Ivoiriens sont totalement farfelus. Il a dépensé l’argent des Ivoiriens pour rien.


5. Enfin la cinquième leçon est relative au poids du RHDP dans l’électorat ivoirien.

Dans leur grande majorité, à plus de 60%, les Ivoiriens ne veulent plus de Laurent Gbagbo au pouvoir. Ils ont trop souffert sous son règne. Ils veulent le changement. Les Ivoiriens souhaitent ardemment que Laurent Gbagbo s’en aille. Il devra en tirer les conséquences pour éviter l’humiliation au second tour.


Pensez-vous qu’il y aura un report des voix du PDCI, de l’UDPCI et du MFA sur le Président OUATTARA au second tour ?

JN : Cela est du domaine de l’évidence. Aucun militant du PDCI, de l’UDPCI et du MFA ne souhaite que Laurent Gbagbo reste encore au palais au soir du 28 novembre. Ils iront massivement voter pour le chasser du pouvoir. Le RHDP est une réalité vivante surtout après le constat des fraudes massives orchestrées par l’équipe de Laurent Gbagbo. J’en veux pour preuve que depuis l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, nous sommes assaillis par les militants du RHDP et par des milliers d’Ivoiriens qui souhaitent tout simplement le départ de Laurent Gbagbo. Pouvait-il en être autrement quand on sait que la déchéance dans laquelle se trouve la société ivoirienne depuis 10 ans est à mettre au compte du régime des refondateurs conduit par Laurent Gbagbo.


Ne craignez- vous pas des achats de conscience ?

JN : Nous avons été informés que Laurent Gbagbo a commencé les manœuvres pour acheter les consciences. Ses émissaires passent dans les régions ou sont installées les populations d’ethnie baoulé pour les intoxiquer sur le compte du Président OUATTARA. Ils proposent de fortes sommes d’argents aux chefs de villages et à certains chefs religieux chrétiens. A mon avis, c’est peine perdu car les populations qui ont voté pour le Président Bédié ont en mémoire que Laurent Gbagbo a mis les jeunes gens dans la rue en 1990 pour crier « Houphouët voleur » ; ce qui a certainement contribuer à précipiter la mort de Félix Houphouët-Boigny. Ces mêmes populations savent que c’est Laurent Gbagbo qui est à la base de l’expropriation des planteurs baoulés dans les zones forestières. Il nous est revenu que les baoulés en zone forestière qui n’ont pas voté Laurent Gbagbo sont actuellement pourchassées. C’est vous dire qu’ils ne sont pas fous pour se laisser avoir par Laurent Gbagbo. D’ailleurs, vous constaterez que malgré les compagnes de séduction à l’endroit des baoulé de Yamoussoukro, de Toumodi, de Bouaké, de Béoumi, de Sakassou, de Dimbokro, de Daoukro, de Bocanda, etc, il a eu un score minable que ne reflètent pas les milliards qu’il a déversés dans ses régions pour acheter les consciences. Les baoulés ne sont pas dupes. Je dirai mieux, les militants du PDCI n’ont pas oublié que c’est ce même Laurent Gbagbo qui a dit que le serpent n’est pas encore mort parlant du PDCI et qu’il faut lui couper la tête. Donc vous comprenez que les baoulés qui sont majoritairement acquis au PDCI ne vont pas suivre celui qui veut faire disparaître l’héritage de Félix Houphouët-BOIGNY. Les cadres et élus du PDCI en sont conscients.


Qu’en est-il des militants de l’UDPCI ?

JN : Vous savez les militants de l’UDPCI n’oublieront jamais que c’est le régime Laurent Gbagbo qui a assassiné Guéi Robert. Nous avons encore dans nos archives les premières déclarations de Affi N’GUESSAN le jour du déclenchement de la crise ivoirienne. Donc en ce qui les concerne, il n’y a pas de doute. Ils ne donneront pas leur voix à celui qui est à la base de la mort du fondateur de l’UDPCI. Le score du Président Mabri Toikeusse dans la région de l’Ouest en est la principale preuve. Et pourtant que de milliards n’ont-ils pas été déversés dans cette région par Laurent Gbagbo et les traites à la mémoire de Guéï Robert. Ici aussi, les achats de conscience n’ont pas marché et ne marcheront jamais.


Kobenan Kouassi Adjoumani, député Pdci : « Les hommes de Gbagbo ont tripatouillé les PV »

Pour le député et président du conseil général de Tanda, La majorité présidentielle et son candidat ont tripatouillé les procès verbaux pour pouvoir écarter Bédié de la course. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Kobenan Kouassi Adjoumani donne rendez-vous à Lmp au second tour.
Le président Henri Konan Bédié, votre candidat, ne sera pas au second tour, si on en croit les résultats du premier tour de la présidentielle du 31 octobre. Quels commentaires pouvez-vous faire de ces résultats provisoires ?

KKA : Pour l’instant, je ne peux pas dire que le président Henri Konan Bédié est hors course puisque nous avons procédé à une saisine du Conseil constitutionnel sous forme de requête pour dénoncer des fraudes constatées au cours du scrutin du 31 octobre. Nous savons que le camp présidentiel a perdu ces élections et c’est pour cela, qu’un jour après les votes, ils ont fermé tous leurs QG de campagne. C’était vraiment le deuil dans toutes les localités. Certains s’étaient ouverts à nous pour reconnaître qu’ils avaient perdu mais que leur leader allait se battre pour être au second tour. En réalité, ce sont Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara qui devaient être au 2ème tour. Laurent Gbagbo et ses hommes ont tripatouillé les procès verbaux en leur faveur. Ils pensent ainsi gagner les élections. Mais qu’ils sachent qu’ils trouveront, non pas du maïs qu’ils vont écraser aussi facilement, mais plutôt du roc en face d’eux.

Q : Vous parlez de fraude là où les observateurs internationaux qualifient le scrutin du dimanche 31 octobre de « scrutin libre, transparent et crédible ». On pourrait croire que vous êtes des mauvais perdants.

KKA : Sur le terrain, indépendamment des fraudes constatées au moment même du vote, on ne peut pas dire que c’est faire preuve de fraude que de donner 10.000 Fcfa à un électeur et lui demander de photographier la case de Gbagbo où il a mis la croix et de la présenter pour qu’on sache que l’argent a joué son rôle. Ça, c’est la corruption. A Tanda, on a arrêté le scrutin pendant au moins trois heures, parce qu’il y avait des indications de vote dans la case de Laurent Gbagbo. On nous a fait croire que c’est à l’imprimerie qu’il y a eu une tache sous forme de trait de couleur rose dans la case du candidat Laurent Gbagbo. Trois heures d’arrêt de vote dans au moins sept bureaux, c’est quand même grave. Pourquoi est-ce seulement dans la case de Laurent Gbagbo qu’il y a eu cette tache ? Malgré tout, nous avons voté. Mais nous avons aussi été surpris, qu’au niveau du département de Tanda, Laurent Gbagbo l’emporte puisqu’il a recueilli 41% des voix à Tanda contre 44% pour le candidat du Pdci. Il y a eu beaucoup d’irrégularités dans cette élection. Nous avons aussi constaté que des procès verbaux ont été remplis avec la même écriture et les mêmes signatures presque. Lorsqu’on remplit un PV, ce sont tous les représentants des candidats qui le signent. D’un bureau de vote à l’autre, on ne peut pas avoir la même marque d’écriture. C’est que quelque part, il y a eu du remplissage. Ailleurs, on a donné 50.000 Fcfa à chaque représentant de bureau de vote, 100.000 Fcfa à chaque président pour qu’on fasse signer seulement, quitte aux différents représentants de remplir après. Il ressort que dans certaines localités, on a transgressé l’ordre normal des choses. Là où Bédié gagne, on dit qu’il a perdu et là où Gbagbo perd, on dit qu’il a gagné. Ce n’est pas normal.


Q : Où étaient vos représentants de bureaux de vote pendant que s’opérait la fraude ?
KKA : Certains ont été corrects. Quand on brandit de l’argent à des gens qui, depuis longtemps n’en ont pas, il leur est difficile de résister. C’est à nous de faire en sorte que nos représentants, même s’ils prennent l’argent, restent vigilants et acceptent de surveiller le travail qui se fait au niveau des urnes. Heureusement, tout le monde n’a pas mordu à l’hameçon.


Comment s’est fait le transfert des PV sur le terrain ?

KKA : Quand les électeurs finissent de voter, c’est le président du bureau de vote qui vient avec l’urne. J’ai vu des présidents attacher des urnes sur des bicyclettes pour les acheminer vers les lieux de comptage. Dans certaines localités, des personnes mal intentionnées ont déchiré les PV pour ne pas que la fraude soit constatée. Tout cela n’est pas normal. Au début, le Pdci et son candidat étaient en tête et, subitement, on apprend qu’il est dernier. Même après le coup d’Etat de décembre 1999, le Pdci était en tête d’affiche lors des législatives et des municipales. Maintenant que tout le monde dit qu’il faut chasser Gbagbo, ce n’est pas ce moment que nos parents vont choisir pour voter contre le Pdci. Beaucoup d’argent a circulé pendant le scrutin de dimanche. On a donné des dizaines de millions à des chefs de cantons pour corrompre les notables ainsi que leurs familles. Il y a eu des véhicules 4x4, des centaines de motos ont été distribués. J’étais seul avec mon maire face à la puissance d’argent des hommes de Laurent Gbagbo : Ernest Dally Zabo, le Dg du Port de San Pedro, le Dg de la Gestoci, Augustin Komoé, le ministre des Mines et de l’Energie étaient en permanence sur le terrain. Malgré tout, nous avons battu le candidat de Lmp dans le département de Tanda. Nous avons été surpris qu’au moment de la proclamation des résultats, l’on nous dise que c’est Gbagbo qui a gagné. D’où vient-il qu’on nous dise qu’il a obtenu 14.000 voix contre 11.000 pour le Pdci ? Ce sont des choses qu’il faut éclaircir.

En demandant le recomptage des voix, pensez-vous que votre requête sera acceptée ?
KKA : Nos avocats ont déjà procédé à une saisine. Nous attendons le résultat. Mais tout compte fait, nos jeunes sont en ébullition. Vous les avez vus à la ‘‘Maison du parti’’, ils sont sur le pied de guerre. Nous attendons et nous pensons que le Conseil constitutionnel va jouer pleinement son rôle dans cette affaire.

Si tel n’est pas le cas, que compte faire le Pdci ?
KKA : Une chose est sûre, nous avons signé des accords avec nos alliés du Rhdp. Nous attendons que le président Bédié nous donne les directives à suivre. Notre souhait est que, sur la base du recomptage des bulletins, nous puissions être retenus. Mais si par extraordinaire, nous ne sommes pas retenus, nous allons aviser. Nous mettrons en branle notre système pour ne pas que ceux qui ont volé notre victoire puissent gagner cette élection.

La corruption seule ne peut expliquer le recul du Pdci dans des zones considérées jusque-là comme ses bastions traditionnels. Le cas d’Abengourou est significatif.
KKA : Le Pdci n’a pas reculé. C’est difficile de résister face à l’argent pour des gens qui sont devenus extrêmement pauvres. C’est ce qui nous fait mal. On distribue des centaines de millions aux populations qui vont manger pour dix jours et être plongées de nouveau dans la misère. Pour le second tour, nous allons parler clairement à nos parents. Je suis fier des électeurs dans le ‘‘V’’ baoulé. Le Fpi a investi beaucoup d’argent dans leur zone, mais ils ont compris qu’il faut voter pour le candidat de leur parti. Dans le Zanzan, on a vu des gens venir avec 200 millions de Fcfa dans leur mallette, la veille des élections, pour corrompre les électeurs.

On annonce une ‘‘pluie’’ de milliards lors du deuxième tour
KKA : Il faut préparer les esprits pour que l’argent ne fausse pas le vote. Nous expliquerons à nos parents qu’ils ne doivent pas sacrifier toute une génération. Il s’agit de l’avenir de nos enfants. Si vous avez peur de Dieu, si vous avez un peu de dignité, si vous voulez que vos enfants connaissent un avenir radieux, vous pouvez, certes prendre l’argent, mais vous devez voter pour le candidat du Rhdp. Gbagbo a dit qu’il passera par tous les moyens pour que ni Bédié ni Alassane ne soit président. Il a choisi d’aller au 2ème tour alors qu’il n’en a pas le droit. Si on n’y prend garde, il va faire la même chose. Ses partisans ont commencé à chasser les Akan des régions forestières sous prétexte qu’ils ont voté Bédié. Sous l’effet de la peur, ils peuvent être amenés à voter Gbagbo. La communauté internationale, qui parle de scrutin crédible doit maintenant assurer le vote en zone forestière pendant le second tour. Elle doit protéger les électeurs.

Que faites-vous concrètement pour pousser la communauté internationale à jouer son rôle?
KKA : C’est pour interpeller la communauté internationale que j’ai accepté de vous accorder cette interview. Déjà, il y a des ‘‘Sms’’ qui sont envoyés pour dire aux électeurs de ne pas voter Alassane Ouattara parce qu’il serait étranger. Je suis surpris parce que c’est Laurent Gbagbo, lui-même, qui a signé le décret pour autoriser que tout le monde soit candidat. Il a formé, à l’époque, le Front républicain avec Alassane Ouattara. Si Alassane Ouattara est, comme lui et ses partisans le prétendent, étranger et qu’il est au 2ème tour, cela veut dire qu’il compte pour la Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara a gagné dans la commune de Gagnoa, il a gagné à Soubré, à Bouaké, etc. Alors, quel est cet étranger qui est aussi populaire et aimé des Ivoiriens ? Qu’ils arrêtent ces agissements. Non seulement, ils volent notre victoire, mais ils envoient des messages sadiques de nature à détourner l’attention de nos électeurs. Nous les avons à l’œil. Nous attendons simplement le mot d’ordre du président Henri Konan Bédié.

Lmp et ses militants sont convaincus que l’électorat fidèle à Bédié n’est pas prêt à voter pour Alassane Ouattara.
KKA : Ce n’est plus Alassane Ouattara, candidat du Rdr, qu’il faut voir, c’est le candidat du Rhdp. A travers lui, c’est l’héritage d’Houphouët-Boigny qu’il faut préserver. Laurent Gbagbo ne cesse de dire que le « serpent Pdci n’est pas mort». Il s’agit, au cours du second tour, de la survie de l’œuvre du père fondateur. Alassane Ouattara n’a pas eu besoin du soutien du Rhdp pour être au second tour. Maintenant que le Rhdp va lui apporter tout son soutien, vous verrez, les choses vont aller comme sur des roulettes. Si Gbagbo pense que face à Alassane Ouattara, ça va être plus facile, il se trompe. La diabolisation d’ADO ne passera pas. Je pèse bien mes mots. Dès que le mot d’ordre de soutien sera donné, Gbagbo trouvera en face de lui une artillerie lourde qui va le déstabiliser. C’est désormais Rhdp contre Lmp.

Faites-vous toujours confiance en la Cei pour le second tour?
KKA : Je n’ai plus confiance en la Cei.

Que comptez-vous faire pour changer la donne ?
KKA : Il faut que la communauté internationale mette en place un nouveau système de gestion des élections. En tout cas, il faut remplacer la Cei dans sa mouture actuelle parce qu’elle est source de conflits.

Faut-il remplacer le président Youssouf Bakayoko ou toute la structure?
KKA : Le poisson pourrit par la tête. C’est tout ce que je peux dire. Ce qui est sûr, si Gbagbo pense qu’après avoir éliminé Bédié, il va gagner facilement, il se trompe. Il ne sera pas le futur président de la République. Notez bien cela.
(Source l’Expression)


Motus : Rumeurs
Sacrés Ivoiriens! Malgré la gravité de l’heure, ils savent toujours créer les rumeurs les plus folles. Avec le premier tour de la présidentielle, on a entendu beaucoup de choses. Plus la proclamation des résultats provisoires tardaient à tomber, plus les nouvelles les plus burlesques et cocasses envahissaient le quotidien des Ivoiriens. On a lu toutes sortes de messages téléphoniques qui ont rajouté à la psychose et à l’angoisse des populations. Des esprits chagrins véhiculaient les informations les plus sordides, mais qui n’ont pas manqué de semer le trouble chez les Ivoiriens. On a d’abord dit que chacun des trois principaux candidats avaient remporté le scrutin dès le premier tour. Ensuite, on nous a signalés un ballet de présidents africains, venus dire au grand chef de la refondation que la messe était dite pour lui et qu’il devait se préparer à rendre le tablier. Pour conforter cette thèse, les mêmes commanditaires ont avancé que la proclamation des suffrages prenait du retard parce que le camarade socialiste refusait de reconnaitre sa défaite. Quelques heures plus tard, la rumeur a enflé dans la capitale économique sur le triomphe dès le premier tour du camarade socialiste. On a avancé toutes sortes de chiffres pour justifier ce qui paraissait invraisemblable. Même après la proclamation des résultats, la machine de la rumeur ne s’est pas arrêtée. L’opinion qui, selon l’épistémologue Gaston Bachelard, «traduit des besoins en connaissances», n’a pas démordu dans sa tâche véritablement besogneuse. Elle a annoncé la découverte d’urnes de vote, tantôt à Yopougon, tantôt à Abobo, sans pouvoir donner des éléments précis, non sans jeter le discrédit sur d’honnêtes personnalités. C’est certainement sur le continent noir que pareilles situations ont cours. Pour la simple raison que chez nous, la compétition politique, pour la conquête ou la conservation du pouvoir d’Etat, est vite perçue comme une lutte pour la survie voire pour la survivance. En effet, depuis la décennie de la refondation, ses tenants ont fait croire aux citoyens que la politique est le crédo idoine pour s’enrichir ou pour devenir un homme ou une femme qui compte dans le paysage national. Vivement qu’on dépassionne le débat politique, pour ne pas mettre en péril l’unité nationale et la paix.

Bakary Nimaga
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