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Politique Publié le lundi 8 novembre 2010 | Le Temps

2e tour de la présidentielle / le Pdci soutient Ouattara - Comment Ouattara a piégé Bédié

© Le Temps Par DR
Présidentielle 2010 : après la proclamation des résultats, Alassane Ouattara rencontre Henri Konan Bédié
Jeudi 4 novembre 2010. Abidjan. Résidence du Président Henri Konan Bédié, à Cocody. Le président du PDCI-RDA reçoit son homologue du RDR, Dr Alassane Dramane Ouattara
C’est l’idylle entre la chèvre et le chou. Avant et après l’éclatement de l’affaire Abdoulaye Wade – Gouvernement ivoirien, l’atmosphère ne pouvait qu’être sulfureuse. Mais Bédié a fini par mettre la pédale douce. Voici les raisons.
Hier, le candidat malheureux du Pdci a appelé ses électeurs à voter son allié du Rhdp Alassane Ouattara le candidat du Rdr. "Ils (les présidents du Rhdp) appellent instamment leurs militants, sympathisants et tous les électeurs à se rassembler autour de cette candidature. Ils les exhortent fermement à voter massivement pour le candidat Alassane Ouattara afin d’assurer au Rhdp une victoire éclatante", a invité le candidat du Pdci-Rda sorti de la course électorale comme ses deux autres alliés Anaky Kobenan et Mabri Toikeusse. La déclaration du Président Bédié survient un jour après l’annonce par le Conseil constitutionnel. L’Institution avait fixé le 2e tour le 21 novembre, et non au 28 comme initialement prévu. Finalement, c’est cette dernière qui sera maintenue en dernière minute. La Commission électorale indépendante (Cei) a informé le Conseil constitutionnel qu’elle ne sera pas prête le 21 novembre. Une annonce du Conseil constitutionnelle qui n’enlève rien à l’effet. Toujours est-il que les derniers rêves de Bédié restent brisés. Lui qui attendait revenir dans la course électorale après l’annulation souhaitée des scores soviétiques acquis par son allié du Rdr dans le Nord ivoirien. A dire vrai, cet appel militant du candidat du plus vieux parti ne surprend guère La majorité présidentielle qui soutient Laurent Gbagbo. Les partisans du Président Laurent Gbagbo candidat à sa propre succession ont été formatés à cette éventualité, tout en ne croyant pas au vote mécanique duquel Ouattara espère tirer profit après le «bourrage des urnes» critiqué sous cape par le Pdci, dans des régions du Nord pourtant acquises à sa cause. Que de péripéties pour en arriver là, à tirer le ver du nez d’un Konan Bédié qui a dû suivre à la lettre jusqu’aux dernières minutes les consignes venues de la capitale sénégalaise où avait séjourné, jeudi 4 novembre, seul, son allié Ouattara, invité par le Président Abdoulaye Wade. Alassane Ouattara le candidat du Rdr admis au second tour de l’élection présidentielle ivoirienne tente et réussit là, un dernier tour de force en direction de son allié du Pdci-Rda Henri Konan Bédié. Même si jusqu’à samedi 6 novembre dernier, les deux dirigeants du Rhdp ne regardaient pas forcément dans la même direction. Ouattara dont le rêve présidentiel s’est pour la première fois réalisé, inondé d’une joie inouïe à l’idée d’être – au nom de l’exception ivoirienne-, l’homme qui affronte Laurent Gbagbo le seul en Côte d’Ivoire qui a osé affronter, en 1990, le Président Félix Houphouët-Boigny. C’est plus qu’une carte de visite. C’est un succès historique à l’image de ce premier tour qui bat tous les taux de participation : plus de 80%. Bédié qui fulmine d’une rage mal contenue, avait fini par s’exténuer dans un chimérique combat de recomptage des voix perdues samedi. Henri Konan Bédié avait-il réellement le choix de procéder autrement que d’appeler ses électeurs à reverser leur voix à Ouattara ? Pas vraiment, car les choses n’ont pas été si faciles qu’on le pense au sein du plus vieux parti du pays. Flash-back. Le jeudi 4 novembre 2010, peu avant midi, avant de prendre le vol affrété par le Président sénégalais Abdoulaye Wade, le président du Rdr fait un tour chez son allié Henri Konan Bédié du Pdci. L’entretien tourne vite à une demande express du premier. Ouattara attend de Bédié des consignes de vote aux militants du Pdci-Rda en sa faveur. Bédié, lui, introduit sa requête à Alassane Ouattara de le soutenir dans son combat pour le recomptage de toutes les voix lors du premier tour. Comme on le voit, la pensée du chauffeur diffère de celle de l’apprenti. Les deux alliés se quittent promettant d’évacuer le sujet 24 heures plus tard. Bédié qui a décliné l’offre du Président Wade, ne dira pas formellement à son hôte qu’il désapprouve l’idée d’effectuer une visite éclair à Dakar. Tout va vite aller et se déterminer. C’est dans la capitale sénégalaise que se joue l’arnaque, l’absence du président du Pdci-Rda à Dakar va profiter à son allié. Lequel allié sous les auspices du Président Abdoulaye Wade va jeter les bases d’un «gouvernement théorique du Rhdp». L’ossature est Rhdp avec quelques variantes favorables au Pdci-Rda. Les plus proches collaborateurs de Bédié seront cornaqués. Si le candidat du Rdr l’emporte, la Primature reviendrait à Patrick Achi. Le Conseil économique et social à Roland Zakpa Kobenan et l’Assemblée nationale à Me Ahoussou Jeannot. Tout ce micmac se déroule au pays de la Téranga. Bédié apprendra plus tard ces entourloupes qui se nouent autour de lui, à son insu, avec l’approbation de quelques uns de ses proches collaborateurs alors même qu’il n’a acquis aucun gain de cause sur le dossier du recomptage des voix, son dernier baroud d’honneur. Pris comme un poisson dans la nasse. Le 2e tour de la présidentielle même s’il se joue finalement - plus par «vengeance de Gbagbo» que de raison, avec son fameux «consigne de vote» en direction de ses militants-, il sait pertinemment que de nouveaux leaders ne l’attendront pas pour émerger dans son propre giron. Ceux-ci, tous issus du pays Akan n’hésiteront pas à lui ravir la vedette. D’autant que, entre samedi 6 et dimanche 7 novembre, la machine de l’intox s’est mise en branle. Un Sms assez évocateur annonce une «Nouvelle équipe de campagne au 2e tour» avec Amadou Gon (Rdr) et Me Ahoussou Jeannot (Pdci) qui sont Directeurs de campagne. Quant à Patrick Achi (Pdci), il devient porte-parole d’Alassane Ouattara à côté d’Anne Ouloto. Ces hauts cadres du Pdci sont montés en épingle, avec un habillage plus que superflu : des responsables de jeunesses des alliés, Kkb, Blé Guirao rejoignent Karamoko Yayoro et tous deviennent Directeurs départementaux de campagne chargés des jeunesses Rhdp. Quand leurs présidents respectifs se fondent dans le moule Rdr : Mabri, Anaky et Bédié seront en mission. Les trois présidents sont annoncés «en tournée» avec Alassane Ouattara. La déclaration hier soir, de Bédié finit par convaincre que le candidat Ouattara a réussi son tour de force depuis Dakar. Le Rdr en plein schéma sénégalais. En 2000, six mois après la victoire du Pape du Sopi, Abdoulaye Wade, des personnalités courtisées pendant la campagne, dont le Premier ministre Moustapha Niasse, avaient été invitées à prendre part à son gouvernement. Six mois après toutes avaient été démises de leurs fonctions et un nouveau gouvernement plus homogène prenait du service. Avec l’expérience sénégalaise, ne serait-on pas en droit de douter de la sincérité du Rdr. Allons-nous vers un troisième coup d’Alassane Ouattara contre Bédié ? L’histoire récente nous apprend que le président du Rdr réussissait son premier hold-up le 24 décembre 1999 après avoir juré de «frapper ce pouvoir moribond de Bédié et il tombera comme un fruit mûr». Le deuxième coup tordu dont Bédié a été victime de la part de son allié d’aujourd’hui, a eu lieu le 31 octobre 2010 ; alors que le Pdci croyait que les Régions de la Vallée du Bandama et les Savanes étaient ses bastions, son allié du Rdr s’appuyant sur des méthodes peu catholiques, y réalise des scores qui rappellent l’époque soviétique. Entre 93% et 97 % de voix pour Ouattara contre des miettes pour les autres candidats dont Bédié qui se croyait en terrain conquis. Les consignes de votes ne deviennent réelles qu’après comptage et vérification du nombre de votants. Henri Konan Bédié, acteur majeur du destin de la Côte d’Ivoire, peut-il s’assurer que «ses parents» Baoulé suivront à la lettre ses consignes ? Est-il sincère quand il le fait ? Peut-il regarder Alassane Ouattara et les Baoulé droit dans les yeux et dire qu’il sera écouté par les siens ? L’histoire nous regarde.

Simplice Allard
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