Dimanche presque sanglant à Nakiayo, localité située à 7 kms de Saïoua, dans le canton Yocolo. Les populations baoulé, burkinabé et bété, qui vivaient en symbiose, ont failli s'affronter le dimanche 7 novembre dernier. La cause de ce conflit est liée à l'électorat baoulé qui a opté pour le leader du Pdci-Rda lors du premier tour du scrutin. Les villages Nayo, Tézié et Nakiayo étaient en ébullition. Ce sont des populations armées de machettes, de gourdins qui étaient décidées à en découdre. Personne n'osait traverser le " mur de Berlin " (ligne de démarcation) dressé pour la circonstance car, se retrouver dans le camp adverse était synonyme de mort. C'est dans cette atmosphère surchauffée que les autochtones bété, qui se réclament de la majorité présidentielle et qui ne digèrent pas encore le score obtenu par le " christ " de Mama dans le département de Saïoua, entendent faire partir de leurs villages les allogènes baoulé et les allochtones burkinabé. Intention d'ailleurs qui est exprimée par un manifestant bété en ces termes : " Nous ne pouvons pas accepter les gens qui n'aiment pas notre frère Gbagbo et qui vivent avec nous. Ils vont partir aujourd'hui… " a-t-il menacé. Du côté de la communauté baoulé, ces intimidations et tractations ont pour seul but de les empêcher de participer au 2ème tour du scrutin présidentiel prévu pour le 21 novembre prochain, " Leur objectif à atteindre en nous intimidant, c'est que nous quittions le canton Yocolo pour ne pas prendre part au 2ème tour. Mais, nous allons voter celui que nous voulons. Personne ne nous a enrôlés ici. C'est de notre volonté que nous avons participé à cette opération. Alors, que les proches de Laurent Gbagbo nous laissent tranquille. La Côte d'Ivoire n'appartient pas à une seule personne. Nous allons voter… ", a laissé entendre un planteur baoulé. Lançant un appel au calme à l'endroit des frères bété, M. Yao K Germain, producteur de cacao à Tézié, s'exprime en ces termes. " Nous sommes ici il y a bien longtemps de cela. Et nous vivions en parfaite harmonie avec nos tuteurs. Depuis l'annonce des résultats de l’élection présidentielle, nos relations ont commencé par s'effriter. Car, nos frères bété voulaient qu'on vote pour Laurent Gbagbo. Mais, je crois savoir qu'en démocratie, chacun est libre de ses choix. Alors, nous ne comprenons pas les agissements de nos frères. Je crois qu'il est temps qu'ils se ressaisissent car, à force de nous pousser à bout, on finira par nous défendre. Et les conséquences seront lourdes. Surtout que nous avons besoin de paix afin de travailler pour que notre pays retrouve son développement. Pour ce faire, nous demandons aux cadres Fpi de venir parler à leurs parents afin que ces comportements, qui ne sont pas dignes des Ivoiriens que nous sommes, s'arrêtent… " Notons que durant quatre jours, les communautés baoulé et burkinabé ont été interdites d'accès à leurs plantations. Situation dont ont profité les jeunes Bété pour piller, voler et vendre les récoltes de cacao séchées au champ. Ce sont des populations qui ne dorment plus et qui ont besoin d'une force d'interposition pour leur sécurité que nous avons laissées au terme de notre reportage à 17h 42 mn.
JEAN PAUL LOUKOU à Nakiayo.
JEAN PAUL LOUKOU à Nakiayo.
