Le premier tour du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire avait fait naitre beaucoup d’espoir. Tant chez les Ivoiriens qu’au niveau de tous ceux qui, de loin ou de près, observent la situation socio politique ivoirienne. Parmi les satisfactions de ce premier, la télévision nationale (RTI). Deux semaines avant le 31 octobre, la maison bleue s’était confinée dans un vrai professionnalisme comme cela doit être de mise pour tous les media d’Etat. Les 14 candidats avaient le même traitement sur les deux chaines de la RTI et l’équilibre était de mise. Fiers de leur RTI, les Ivoiriens ont applaudi ce retour à la normale et s’était repris d’amour pour leur télé. Malheureusement, la seule télévision en Côte d’Ivoire ne pourra garder, pendant longtemps, cette neutralité. Depuis la proclamation des résultats provisoires du premier tour, la maison bleue a repris sa couleur rose du FPI pour emboucher la trompette du camp présidentiel et son candidat Laurent Gbagbo. Le traitement équitable a vite fait place à manipulation de l’opinion au profit d’un seul candidat. Depuis sa conférence de presse du vendredi dernier, Affi N’Guessan, le porte-parole du candidat Gbagbo est devenu la star de l’antenne de la RTI. Ses reportages sont diffusés à profusion et les autres sensibilités politiques sont royalement ignorées si elles ne sont pas évacuées sans images en quelques secondes. En clair, la RTI ne diffuse plus de sujet sur Bédié, Ouattara ou un autre candidat. Pis, Brou Amessan et ses collaborateurs ouvrent les antennes au conseiller diplomatique du candidat Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé qui vient insulter des chefs d’Etat et invectiver Alassane Ouattara, l’adversaire de son champion. Tout ceci sans que le CNCA ne lève le petit doigt. Frank Anderson et ses amis savent bien que la dérive de la RTI est dangereuse et capable de mettre à mal la cohésion du tissu social national, mais ils laissent faire sans taper du poing sur la table. Pourtant, ils savent que la période électorale reste encore ouverte et les media d’Etat sont tenus de respecter l’équité et l’équilibre entre tous les candidats en cette période. Une situation regrettable qui n’a eu pour seul mérite que le rejet à nouveau de la RTI par les Ivoiriens. Leur joie de retrouver une télévision professionnelle aux antipodes de la manipulation politicienne et du traitement déséquilibré de l’information n’a été que de courte durée. La mort dans l’âme, les Ivoiriens retournent en masse vers les chaines cryptées pour étancher leur soif d’information vraie. Les nombreux observateurs ont noté la déviation à 180° de la RTI de Brou Amessan. L’ONU et les organisations des droits de l’homme observent et voient Brou et son équipe à la baguette. Nul doute qu’elles sauront interpeller les vrais responsables d’une déflagration sociale devant les tribaux internationaux le moment venu. Que le molosse ne perde rien pour attendre, même si tout le monde sait que la RTI, sous Amessan, ne changera pas sa façon déhontée de se comporter.
KL
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