Les victoires d’ADO sur Gbagbo - Gbagbo : un homme fini

A chacune de ses sorties, les analystes de la scène politique ivoirienne se pressent comme s’ils s’étaient passés le mot, pour faire le même constat : « Laurent Gbagbo est aujourd’hui un être anxieux, traumatisé, amaigri. Un homme agonisant qui a perdu le sommeil de nuit comme de jour ». Il est aussi vrai que le candidat malheureux du second tour de la présidentielle du 28 novembre dernier arbore bassement le profil sombre d’un être en mal, dû a l’effet boomerang de ses propres turpitudes. Laurent Gbagbo est aujourd’hui sur l’échiquier politique national et international ce qu’est une lame sur une bascule. Un homme au goût très prononcé du pouvoir, dépouillé de toute légitimité et de légalité. Un pouvoir comme l’écrit le poète « sans croute, ni mie ». Le natif de Mama reclus dans le Palais présidentiel qu’il usurpe depuis près de deux mois est visiblement un homme aujourd’hui qui n’a aucune crédibilité, un être esseulé, abandonné de tous. Que vaut un prétendu chef d’Etat qui n’est pas reconnu auprès de ses pairs chefs d’Etat d’Afrique et du monde ? En réalité, rien. A preuve, tous les ambassadeurs affectés par ses soins et disséminés au quatre coins du monde sont sommés de quitter les pays d’accueil, comme de vils indésirables. Un homme qui exige le départ des Casques Bleus de la Côte d’Ivoire et assiste impuissant à une arrivée massive de soldats Onusiens. Un homme qui ergote et s’époumone en vain à faire croire qu’il est capable de chasser des ambassadeurs qui réfutent son autorité. Pis, les coups pour sonner le glas à un pouvoir usurper continuent de tomber comme une pluie torrentielle : gel d’avoirs à l’étranger, interdiction de visa et voyage à tous ses proches qui sont censés lui apporter une bouffée d’oxygène. Aussi biens que les entités économiques qui sont les mamelles sur lesquelles repose son règne sont soumises à un embargo austère. Tout s’assèche autour de Laurent Gbagbo, et le spectre du Tribunal pénal international qui se précise de plus en plus est un signe manifeste d’une fin de règne. Près de 300 civils tués par ses soins dans des conditions inhumaines, des plus atroces. Triste bilan macabre pour un dirigeant. Sans conteste, un homme vomi par la planète entière, asphyxié au plan économique et écarté des sommets politiques d’Afrique et d’Europe. Sommés, les siens et lui, à demeurer des éternels reclus du territoire ivoirien, poursuivis par la justice internationale, mais également rattrapé par une intervention militaire qui est en train d’être rondement menée par les pays de la CEDEAO. Il est clair que pour cet homme la fin n’est plus une question de semaines.
Moussa Keité