Si le secteur bancaire joue un rôle central dans l’économie, cela repose sur la solidité des institutions qui le composent. Ici, ce sont la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) et la Commission bancaire. Si l’institut d’émission participe à la régulation du système bancaire par sa politique monétaire et par son rôle de préteur en dernier ressort, le dispositif qui s’assure que les institutions financières appliquent bien les règles définies, est la Commission bancaire, une sorte de gendarme. Chargée en amont, d’agréer les banques, les établissements de crédit et les entreprises d’investissement, cette instance s’assure du respect des dispositions législatives et réglementaires qui leur sont applicables et sanctionne les infractions ou manquements constatés. Elle est également chargée d’examiner les conditions d’exploitation et veille à la qualité de la situation financière de ces établissements et en assure un contrôle permanent y compris par des enquêtes de terrain. Or, l’environnement créé par le refus de Gbagbo de quitter le pouvoir pourrait désarçonner ces banques commerciales, tiraillées entre l’obligation de se conformer aux exigences «du gendarme» et les menaces de représailles proférées par le groupe illégal d’Aké N’gbo. Par ailleurs, affirme Christophe Mariani, membre du Comité consultatif, si la situation n’est pas vite réglée, l’assurance des dépôts qui permet de couvrir les petits déposants et épargnants, peut s’étioler. Ce qui entraînerait des paniques et des rushes de ces déposants préoccupés à retirer leurs fonds, exposant du coup à une faillite certaine. En tout état de cause, trop d’instabilité finirait à la limite par altérer gravement la volonté d’épargner et surtout de prêter. Quant aux autres fragilités, elles résident dans la transformation de dépôts liquides en prêts non liquides.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko
