Depuis Addis-Abéba, le ministre des Affaires étrangères, Sem. Alcide Djédjé se prononce sur le Panel des cinq chefs d’Etat qui viendront bientôt en Côte d’Ivoire.
Quelle est la composition du Panel des chefs d’Etat ?
Le Panel a été formé, il comprend cinq pays : le Tchad, le Burkina Faso, la Mauritanie, la Tanzanie et l’Afrique du Sud.
Est-ce qu’on attendait vraiment le Burkina Faso ?
Non, il fallait un pays de la Cedeao et également la proposition avait été faite au Nigeria, mais certainement pour des raisons de calendrier, le Président Goodluck Jonathan (vous savez qu’il y a des élections là-bas bientôt), a proposé qu’un autre pays de la Cedeao soit désigné. Et le Burkina Faso a été désigné pour remplacer le Nigeria. Mais la proposition initiale, c’était effectivement du Nigeria qu’il s’agissait. Mais le pays pouvait répondre et dire : je suis honoré, mais moi-même, je propose tel autre pays. C’est ce qui s’est passé pour le Burkina Faso.
La Côte d’Ivoire peut-elle récuser la présence du Burkina Faso, notamment de Blaise Compaoré dans le Panel ?
Ce n’est pas cela le plus important. Le Panel comprend cinq membres; je pense que c’est un Panel qui est diversifié, on y retrouve des pays qui ont plus ou moins fait connaître publiquement leur position. C’est le cas du Burkina Faso, mais c’est aussi le cas de l’Afrique du Sud. Donc, ce n’est pas cela le plus important. Le plus important, c’est ce qui sera décortiqué, c’est-à-dire ils viendront, ils vont s’informer, ils vont évaluer et des propositions seront faites. Et il ne faut jamais oublier que le Panel fera des propositions à partir des discussions avec les parties, c’est précisé dans le communiqué. Donc les parties seront entendues, vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire au cours des élections et après les élections. Voilà donc la mission, l’agenda et le mandat du Panel.
Dans cet agenda peut-on y mettre le recomptage des voix, l’examen des Pv, etc. ?
Non, à notre connaissance, le recomptage des voix n’a pas été adopté en tant que tel. Mais il va de soi que les commentaires qui seront faits à partir de ce qui s’est réellement passé : la fraude massive, les violences au Nord, etc. tout l’argumentaire qui a été fourni par le Conseil constitutionnel, à partir de cela, les chefs d’Etat membres du Panel pourront se faire une idée et faire des propositions de sortie de crise qui soient applicables à tous, étant entendu que ce n’est pas le Panel qui va régler les problèmes des Ivoiriens. Il ne faut jamais oublier que la solution de la crise en Côte d’Ivoire appartient avant tout aux Ivoiriens et les autres ne font que nous aider.
Quand on dit que les conclusions du Panel seront imposables, contraignantes à toutes les parties, cela signifie-t-il que ces conclusions seront au-dessus de la Constitution ivoirienne ?
Non, aucune instance internationale n’est au-dessus d’aucune Constitution dans le monde. Vous l’avez vu, avec les résolutions passées, notamment la Résolution 1721 des Nations unies qui prétendait prendre des mesures qui allaient à l’encontre de la Constitution ivoirienne, le Président Laurent Gbagbo avait fait bien avant une déclaration très claire pour dire que les dispositions contenues dans la Résolution 1721 qui sont contraires à la Constitution ne seront pas appliquées en Côte d’Ivoire ; cela va de soi. Il n’y a pas de débat dessus. Les conclusions du Panel doivent tenir compte des lois et de la Constitution de Côte d’Ivoire. S’il y a un arrangement politique, cet arrangement peut être adapté comme les autres fois. A ceux qui auront accepté les arrangements, de les adapter à notre Constitution, étant entendu qu’on leur fera une place dans la nomenclature de notre Constitution. Il faut avoir à l’idée que celui qui veut, peut décider ce qu’il veut, mais nous de notre côté, nous avons une mission, c’est de préserver notre Nation, notre souveraineté et notre Constitution. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté. C’est de là que part la discussion.
Malgré le parti pris de M. Ban Ki-moon, dans la crise ivoirienne, y aura-t-il des experts onusiens dans le Panel ?
Oui, l’Union africaine a toujours eu comme partenaire les Nations unies, cela ne va pas changer aujourd’hui. M. Ban Ki-moon a donné une opinion qui est celle d’un fonctionnaire international. Il s’est empêtré dans des erreurs et des compromissions. Par l’intermédiaire de son représentant M. Choi, il a outrepassé ses mandats attribués à M. Choi, il a certifié les résultats provisoires, alors qu’il est dit clairement que c’est après toutes les étapes, donc après l’annonce du Conseil constitutionnel, il peut réagir pour certifier et voir si la Constitution a été respectée en Côte d’Ivoire, si les lois ont été respectées et les critères que lui a fixés, s’il y a eu des élections crédibles. C’est carrément en dehors de son mandat.
Il a des préoccupations électoralistes influencées par les puissances étrangères (la France et les Usa) qui veulent un nouveau mandat, ces puissances sont complètement aux abois. Un fonctionnaire qui cherche à se faire une place, gère la voix de son maître, donc la voix des puissances étrangères, avant d’arriver en Côte d’Ivoire…
La suite, demain.
Interview réalisée par
Germain Séhoué
Quelle est la composition du Panel des chefs d’Etat ?
Le Panel a été formé, il comprend cinq pays : le Tchad, le Burkina Faso, la Mauritanie, la Tanzanie et l’Afrique du Sud.
Est-ce qu’on attendait vraiment le Burkina Faso ?
Non, il fallait un pays de la Cedeao et également la proposition avait été faite au Nigeria, mais certainement pour des raisons de calendrier, le Président Goodluck Jonathan (vous savez qu’il y a des élections là-bas bientôt), a proposé qu’un autre pays de la Cedeao soit désigné. Et le Burkina Faso a été désigné pour remplacer le Nigeria. Mais la proposition initiale, c’était effectivement du Nigeria qu’il s’agissait. Mais le pays pouvait répondre et dire : je suis honoré, mais moi-même, je propose tel autre pays. C’est ce qui s’est passé pour le Burkina Faso.
La Côte d’Ivoire peut-elle récuser la présence du Burkina Faso, notamment de Blaise Compaoré dans le Panel ?
Ce n’est pas cela le plus important. Le Panel comprend cinq membres; je pense que c’est un Panel qui est diversifié, on y retrouve des pays qui ont plus ou moins fait connaître publiquement leur position. C’est le cas du Burkina Faso, mais c’est aussi le cas de l’Afrique du Sud. Donc, ce n’est pas cela le plus important. Le plus important, c’est ce qui sera décortiqué, c’est-à-dire ils viendront, ils vont s’informer, ils vont évaluer et des propositions seront faites. Et il ne faut jamais oublier que le Panel fera des propositions à partir des discussions avec les parties, c’est précisé dans le communiqué. Donc les parties seront entendues, vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire au cours des élections et après les élections. Voilà donc la mission, l’agenda et le mandat du Panel.
Dans cet agenda peut-on y mettre le recomptage des voix, l’examen des Pv, etc. ?
Non, à notre connaissance, le recomptage des voix n’a pas été adopté en tant que tel. Mais il va de soi que les commentaires qui seront faits à partir de ce qui s’est réellement passé : la fraude massive, les violences au Nord, etc. tout l’argumentaire qui a été fourni par le Conseil constitutionnel, à partir de cela, les chefs d’Etat membres du Panel pourront se faire une idée et faire des propositions de sortie de crise qui soient applicables à tous, étant entendu que ce n’est pas le Panel qui va régler les problèmes des Ivoiriens. Il ne faut jamais oublier que la solution de la crise en Côte d’Ivoire appartient avant tout aux Ivoiriens et les autres ne font que nous aider.
Quand on dit que les conclusions du Panel seront imposables, contraignantes à toutes les parties, cela signifie-t-il que ces conclusions seront au-dessus de la Constitution ivoirienne ?
Non, aucune instance internationale n’est au-dessus d’aucune Constitution dans le monde. Vous l’avez vu, avec les résolutions passées, notamment la Résolution 1721 des Nations unies qui prétendait prendre des mesures qui allaient à l’encontre de la Constitution ivoirienne, le Président Laurent Gbagbo avait fait bien avant une déclaration très claire pour dire que les dispositions contenues dans la Résolution 1721 qui sont contraires à la Constitution ne seront pas appliquées en Côte d’Ivoire ; cela va de soi. Il n’y a pas de débat dessus. Les conclusions du Panel doivent tenir compte des lois et de la Constitution de Côte d’Ivoire. S’il y a un arrangement politique, cet arrangement peut être adapté comme les autres fois. A ceux qui auront accepté les arrangements, de les adapter à notre Constitution, étant entendu qu’on leur fera une place dans la nomenclature de notre Constitution. Il faut avoir à l’idée que celui qui veut, peut décider ce qu’il veut, mais nous de notre côté, nous avons une mission, c’est de préserver notre Nation, notre souveraineté et notre Constitution. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté. C’est de là que part la discussion.
Malgré le parti pris de M. Ban Ki-moon, dans la crise ivoirienne, y aura-t-il des experts onusiens dans le Panel ?
Oui, l’Union africaine a toujours eu comme partenaire les Nations unies, cela ne va pas changer aujourd’hui. M. Ban Ki-moon a donné une opinion qui est celle d’un fonctionnaire international. Il s’est empêtré dans des erreurs et des compromissions. Par l’intermédiaire de son représentant M. Choi, il a outrepassé ses mandats attribués à M. Choi, il a certifié les résultats provisoires, alors qu’il est dit clairement que c’est après toutes les étapes, donc après l’annonce du Conseil constitutionnel, il peut réagir pour certifier et voir si la Constitution a été respectée en Côte d’Ivoire, si les lois ont été respectées et les critères que lui a fixés, s’il y a eu des élections crédibles. C’est carrément en dehors de son mandat.
Il a des préoccupations électoralistes influencées par les puissances étrangères (la France et les Usa) qui veulent un nouveau mandat, ces puissances sont complètement aux abois. Un fonctionnaire qui cherche à se faire une place, gère la voix de son maître, donc la voix des puissances étrangères, avant d’arriver en Côte d’Ivoire…
La suite, demain.
Interview réalisée par
Germain Séhoué