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Politique Publié le mardi 1 février 2011 | Le Patriote

Groupe de haut niveau de chefs d’Etat - Voici les secrets du choix des cinq

Ils sont sept. Ils auront à réussir là où d’autres avant eux ont échoué. L’Union africaine a repoussé, sans y renoncer, l’option militaire prise par la CEDEAO pour déloger Gbagbo du Palais présidentiel. Depuis, vendredi dernier, lors d’un Conseil de paix et de sécurité, la décision a été arrêtée d’accorder une dernière chance à la négociation. L’idée d’un panel de chefs d’Etat dit Groupe de haut niveau sur la Côte d’Ivoire, a été émise avec pour principe de le composer en fonction des cinq grandes régions géopolitiques que compte l’Union africaine : la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) , la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), la Communauté des Etats de l’Afrique australe (SADC), l’Autorité intergouvernementale sur le développement (l’IGAD) et l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Pour le principe, tous étaient d’accord. Mais, pour la composition, il y a eu des candidatures dont certaines se sont entrechoquées. D’abord le Nigeria, puis le Burkina à l’Ouest. A l’Est, Djibouti puis la Tanzanie. Hier, le Centre de Conférence des Nations unies qui abrite le 16ème Sommet de l’UA a été le théâtre de plusieurs conciliabules qui ont abouti à la fumée blanche. Cinq chefs d’Etat, ont été, en fin de compte désignés : Mauritanie, Burkina Faso, Tchad, Afrique du Sud et Tanzanie sont les pays dont les Présidents ont été désignés pour faire partie du panel. Cela a été le résultat d’intenses tractations à huis-clos. Partisans ou adversaires des deux camps de la crise ivoirienne ont tout fait pour imposer leurs alliés respectifs.
Les sud africains, n’ont pas eu de la peine à désigner Jacob Zuma. Pressenti dans un premier temps, le Nigeria, a du se retirer pour le Burkina Faso. Goodluck Jonathan ayant un calendrier électoral très chargé pour avoir été désigné comme candidat du Parti démocratique populaire, à la présidentielle du 9 avril prochain. La candidature de Djibouti a été balayée par la Tanzanie du fait de la taille de ce petit pays de 23 000 km_, très peu influent dans la diplomatie africaine. L’arrivée du Tchad étonne plus d’un. Mais, elle est due aux relations très peu amicales que Gbagbo entretient avec les autres pays francophones de l’Afrique centrale. Etant donné que la mission de ce Groupe n’est pas de venir en Côte d’Ivoire, remettre en cause la volonté du peuple ivoirien exprimée dans les urnes lors du scrutin du 28 novembre 2010, le compromis a été vite trouvé. Des Présidents présumés amis à l’ex-chef de l’Etat y ont été préférés. Les chefs d’Etat se sont retrouvés hier matin à huis-clos, interrompant pour près d’une heure d’horloge, le déroulement des travaux de la fin du Sommet.
Voici donc ceux qui auront la lourde responsabilité de réussir, avant la fin du mois de février, à faire retrouver la raison à Gbagbo afin que Ouattara s’installe dans son fauteuil.

l Blaise Compaoré (Burkina Faso). Il représente l’Afrique de l’Ouest. Il a l’avantage de connaitre le processus de bout en bout pour avoir été chargé, pendant trois ans, de conduire la facilitation qui a conduit au scrutin démocratique de novembre. Il n’est ni allié de Gbagbo, ni allié du président élu. Compaoré qui s’est fait très peu bavard ces dernières semaines, entend faire respecter le choix des populations qui lui ont fait confiance en accompagnant, jusqu’au bout, l’accord de Ouagadougou signé sous ses auspices.

l Jacob Zuma (Afrique du sud) : Il a d’abord publié un communiqué au nom du gouvernement sud africain appelant Gbagbo à « respecter le verdict des urnes », avant de se renier des semaines après sans dire pourquoi. Pour beaucoup, le chef de la nation arc-en-ciel s’est laissé abuser par le rapport fantaisiste que lui a transmis Thabo Mbeki, ancien médiateur dans la crise ivoirienne, récusé pour s’être compromis dans des transactions économiques avec l’ancien régime. Zuma a demandé récemment le recomptage des voix, avant d’être refroidi par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Il a certainement de l’influence sur Gbagbo. D’ailleurs, c’est lui qui a tout mis en œuvre pour impliquer la communauté africaine dans son ensemble dans la recherche de solutions, en demandant la mise sur pied de ce Groupe de haut niveau. Zuma est donc au pied du mur.

l Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie). Il est de fait le président du Groupe. C’est la Mauritanie qui assure actuellement la présidence du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. C’est donc tout naturellement que son président se voit confier un rôle aussi important. C’est d’ailleurs lui qui a présidé la première réunion entre les chefs d’Etat ou leurs représentants hier matin, à huis clos.

l Idriss Deby (Tchad) et Jakaya Kikwete (Tanzanie). Ils font figure de nouveaux venus dans le dossier ivoirien. Peut-être que leur regard nouveau pourra être déterminant. Dans tous les cas, ils n’ont pas assez de temps devant eux. Dans le courant de la semaine, les chefs d’Etat qui ont déjà établi un plan de travail, pourraient être sur les bords de la lagune Ebrié en fin de semaine. Avec les chefs d’Etat, se trouveront deux autres personnalités qui sont le gabonais Jean Ping et le ghanéen Victor Gbeho, respectivement présidents des Commissions de l’UA et de la CEDEAO. La priorité, est la levée du blocus du Golf hôtel et l’arrêt de l’agression contre les soldats des casques bleus. Chacun des chefs d’Etat doit désigner ces jours-ci un expert qui sera en Côte d’Ivoire pour suivre le processus de médiation et lui rendre compte avant la venue du Groupe de haut niveau. CS


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