ABIDJAN - Après les premières heures d' euphorie sur la décision de l'Union africaine (UA) de créer un panel de chefs d'Etat pour le règlement de la crise post électorale en Côte d'Ivoire, les parties en conflit plus critiques balisent le terrain laissant présager d'une mission périlleuse, presqu'impossible pour l'UA à Abidjan.
Le Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine a formé un « Groupe de haut niveau » composé de cinq chefs d'Etat pour « évaluer la situation à Abidjan, formuler une solution pacifique » à la crise, dans un délai d'un mois, avec des décisions «contraignantes » pour toutes les parties.
LA COMPOSITION DU PANEL CRITIQUEE
Le camp du président sortant Laurent Gbagbo, après avoir salué la mise en veilleuse de l'option militaire dans la résolution de la crise, émet des réserves sur la composition du panel. Mardi, le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, a récusé l'un des membres du panel, Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso.
«Les patriotes de Côte d'Ivoire récusent Blaise Compaoré comme membre du panel de chefs d'Etat. Il n'est pas le bienvenu en Côte d'Ivoire », a déclaré Blé Goudé. Selon lui, Blaise Compaoré est un « belligérant, son pays continue d'être l'arrière-base de la rébellion » des Forces nouvelles qui soutiennent le rival Alassane Ouattara.
Le « Groupe de haut niveau » est composé des présidents du Tchad, du Burkina Faso, de la Mauritanie, de la Tanzanie et de l' Afrique du Sud et des présidents des Commissions de l'UA et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO).
« Ce n'est pas cela le plus important », tempère le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé. « C'est un panel diversifié, on y retrouve des pays qui ont plus ou moins fait connaître publiquement leur position. C'est le cas du Burkina Faso, mais c'est aussi le cas de l'Afrique du Sud », explique-t-il relevant que « le plus important, c'est ce qui sera décortiqué ».
UN MANDAT DIVERSEMENT INTERPRETE
Le panel n'est pas encore à Abidjan mais chaque camp interprète l'objet de sa mission et met des balises à sa feuille de route.
Pour le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire, Young Jin Choi, le panel a un mandat pour « trouver une solution sur la base de l'acceptation des résultats de l' élection du 28 novembre ». « C'est-à-dire qu'Alassane Ouattara est le président élu » et « c'est sur cette base qu'ils vont travailler pour trouver une solution », affirme-t-il.
« Le communiqué final (de la réunion du Conseil de paix et de sécurité) était très clair. Il faut que la communauté internationale travaille pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée. Et c'est dans ce cadre que le panel doit travailler », assure M. Choi.
Le camp d'Alassane Ouattara fait la même lecture que le chef de la mission onusienne en Côte d'Ivoire. Pour le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou, « l'UA décide d`envoyer un panel de chefs d`Etat pour s`enquérir de la situation et rechercher des solutions mais avec une donnée principale, celle de reconnaître Alassane Ouattara comme le président élu ».
« Il s'agit simplement de se rendre à Abidjan pour voir dans quelle mesure Laurent Gbagbo peut consentir de laisser sa charge pour qu'Alassane Ouattara puisse gouverner tranquillement », estime-t-il.
Dans le camp de Laurent Gbagbo, l'on n'entend pas les choses de cette oreille .« Ces chefs d'Etat mandatés par l'UA viennent évaluer la situation en Côte d'Ivoire, ce sont des auditeurs. Pour nous, quand on vient évaluer une situation de crise, on va vers les différents belligérants pour connaître la nature de la crise, ceux qui sont impliqués, quelles sont les causes endogènes et exogènes, qui sont les acteurs internes et externes », croit savoir Charles Blé Goudé. Alcide Djédjé ne dit pas autre chose.
« Les chefs d'Etat viendront, ils vont s'informer, les parties seront entendues et vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s'est passé au cours des élections et après les élections, voilà l'agenda et le mandat du panel », affirme-t-il.
UN ECHEC EN FILIGRANCE
Les camps Ouattara et Gbagbo n'ont pas lâché du lest, ils campent sur des positions tranchées qui ne pourraient que plomber la mission du « Groupe de haut niveau ».
« Si ces chefs d'Etat arrivent en Côte d'Ivoire avec des idées préconçues, s'ils viennent pour aller contre la loi ivoirienne et dire que c'est Ouattara qui est élu en Côte d'Ivoire, ce n'est pas résoudre la crise et le panel n'est pas le bienvenu », prévient le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé.
« Les conclusions du panel doivent tenir compte des lois et de la Constitution de Côte d'Ivoire. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté », renchérit le ministre Alcide Djédjé. « C'est de là que part la discussion, il n'y a pas de débat dessus », tranche-t-il.
Les partisans d'Alassane Ouattara qui estiment que la balle est dans le camp de Laurent Gbagbo espèrent, sans trop se faire d' illusions, que le président sortant « comprendra cette fois » et acceptera de quitter le pouvoir qu'il « usurpe » depuis deux mois. La mission du « Groupe de haut niveau » intervient après l'échec des médiations de trois chefs d'Etat de la CEDEAO, de l'émissaire de l'UA, le Premier ministre kényan Raila Odinga, de l'ex- président en exercice de l'UA, le malawite Bingu wa Mutharika, des ex-présidents nigérian et sud-africain Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo. « Nous ne pouvons pas attendre indéfinitivement, il est temps pour M. Gbagbo de se plier à la volonté du peuple ivoirien et de comprendre qu'il ne peut plus faire de la résistance », martèle le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou.
Rien n'est moins sûr, estime le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, qui fait savoir que Laurent Gbagbo « ne cèdera pas le pouvoir sous la pression du panel de l`UA ».« Je suis convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il est allé trop loin pour reculer et c'est sûr qu'il opposera une fin de non-recevoir au panel des chefs d'Etat », affirme-t-il.
Guillaume Soro a maintes fois appelé à l'usage de la « force légitime » pour installer Alassane Ouattara reconnu vainqueur de l' élection du 28 novembre selon les résultats proclamés par la Commission électorale et certifiés par l'Onu.
La CEDEAO a préconisé, comme derniers recours, une intervention militaire pour chasser Laurent Gbagbo, déclaré réélu par le Conseil constitutionnel après invalidation des résultats de la Commission électorale .« L'option militaire n'est pas écartée, elle est toujours d'actualité », selon le ministre Gervais Kacou.
Le Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine a formé un « Groupe de haut niveau » composé de cinq chefs d'Etat pour « évaluer la situation à Abidjan, formuler une solution pacifique » à la crise, dans un délai d'un mois, avec des décisions «contraignantes » pour toutes les parties.
LA COMPOSITION DU PANEL CRITIQUEE
Le camp du président sortant Laurent Gbagbo, après avoir salué la mise en veilleuse de l'option militaire dans la résolution de la crise, émet des réserves sur la composition du panel. Mardi, le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, a récusé l'un des membres du panel, Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso.
«Les patriotes de Côte d'Ivoire récusent Blaise Compaoré comme membre du panel de chefs d'Etat. Il n'est pas le bienvenu en Côte d'Ivoire », a déclaré Blé Goudé. Selon lui, Blaise Compaoré est un « belligérant, son pays continue d'être l'arrière-base de la rébellion » des Forces nouvelles qui soutiennent le rival Alassane Ouattara.
Le « Groupe de haut niveau » est composé des présidents du Tchad, du Burkina Faso, de la Mauritanie, de la Tanzanie et de l' Afrique du Sud et des présidents des Commissions de l'UA et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO).
« Ce n'est pas cela le plus important », tempère le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, Alcide Djédjé. « C'est un panel diversifié, on y retrouve des pays qui ont plus ou moins fait connaître publiquement leur position. C'est le cas du Burkina Faso, mais c'est aussi le cas de l'Afrique du Sud », explique-t-il relevant que « le plus important, c'est ce qui sera décortiqué ».
UN MANDAT DIVERSEMENT INTERPRETE
Le panel n'est pas encore à Abidjan mais chaque camp interprète l'objet de sa mission et met des balises à sa feuille de route.
Pour le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en Côte d'Ivoire, Young Jin Choi, le panel a un mandat pour « trouver une solution sur la base de l'acceptation des résultats de l' élection du 28 novembre ». « C'est-à-dire qu'Alassane Ouattara est le président élu » et « c'est sur cette base qu'ils vont travailler pour trouver une solution », affirme-t-il.
« Le communiqué final (de la réunion du Conseil de paix et de sécurité) était très clair. Il faut que la communauté internationale travaille pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée. Et c'est dans ce cadre que le panel doit travailler », assure M. Choi.
Le camp d'Alassane Ouattara fait la même lecture que le chef de la mission onusienne en Côte d'Ivoire. Pour le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou, « l'UA décide d`envoyer un panel de chefs d`Etat pour s`enquérir de la situation et rechercher des solutions mais avec une donnée principale, celle de reconnaître Alassane Ouattara comme le président élu ».
« Il s'agit simplement de se rendre à Abidjan pour voir dans quelle mesure Laurent Gbagbo peut consentir de laisser sa charge pour qu'Alassane Ouattara puisse gouverner tranquillement », estime-t-il.
Dans le camp de Laurent Gbagbo, l'on n'entend pas les choses de cette oreille .« Ces chefs d'Etat mandatés par l'UA viennent évaluer la situation en Côte d'Ivoire, ce sont des auditeurs. Pour nous, quand on vient évaluer une situation de crise, on va vers les différents belligérants pour connaître la nature de la crise, ceux qui sont impliqués, quelles sont les causes endogènes et exogènes, qui sont les acteurs internes et externes », croit savoir Charles Blé Goudé. Alcide Djédjé ne dit pas autre chose.
« Les chefs d'Etat viendront, ils vont s'informer, les parties seront entendues et vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s'est passé au cours des élections et après les élections, voilà l'agenda et le mandat du panel », affirme-t-il.
UN ECHEC EN FILIGRANCE
Les camps Ouattara et Gbagbo n'ont pas lâché du lest, ils campent sur des positions tranchées qui ne pourraient que plomber la mission du « Groupe de haut niveau ».
« Si ces chefs d'Etat arrivent en Côte d'Ivoire avec des idées préconçues, s'ils viennent pour aller contre la loi ivoirienne et dire que c'est Ouattara qui est élu en Côte d'Ivoire, ce n'est pas résoudre la crise et le panel n'est pas le bienvenu », prévient le leader des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé.
« Les conclusions du panel doivent tenir compte des lois et de la Constitution de Côte d'Ivoire. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté », renchérit le ministre Alcide Djédjé. « C'est de là que part la discussion, il n'y a pas de débat dessus », tranche-t-il.
Les partisans d'Alassane Ouattara qui estiment que la balle est dans le camp de Laurent Gbagbo espèrent, sans trop se faire d' illusions, que le président sortant « comprendra cette fois » et acceptera de quitter le pouvoir qu'il « usurpe » depuis deux mois. La mission du « Groupe de haut niveau » intervient après l'échec des médiations de trois chefs d'Etat de la CEDEAO, de l'émissaire de l'UA, le Premier ministre kényan Raila Odinga, de l'ex- président en exercice de l'UA, le malawite Bingu wa Mutharika, des ex-présidents nigérian et sud-africain Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo. « Nous ne pouvons pas attendre indéfinitivement, il est temps pour M. Gbagbo de se plier à la volonté du peuple ivoirien et de comprendre qu'il ne peut plus faire de la résistance », martèle le ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara, Gervais Kacou.
Rien n'est moins sûr, estime le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, qui fait savoir que Laurent Gbagbo « ne cèdera pas le pouvoir sous la pression du panel de l`UA ».« Je suis convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il est allé trop loin pour reculer et c'est sûr qu'il opposera une fin de non-recevoir au panel des chefs d'Etat », affirme-t-il.
Guillaume Soro a maintes fois appelé à l'usage de la « force légitime » pour installer Alassane Ouattara reconnu vainqueur de l' élection du 28 novembre selon les résultats proclamés par la Commission électorale et certifiés par l'Onu.
La CEDEAO a préconisé, comme derniers recours, une intervention militaire pour chasser Laurent Gbagbo, déclaré réélu par le Conseil constitutionnel après invalidation des résultats de la Commission électorale .« L'option militaire n'est pas écartée, elle est toujours d'actualité », selon le ministre Gervais Kacou.