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Politique Publié le jeudi 3 février 2011 | Le Temps

Panel des chefs d’états de l’union Africaine - Attention danger à l’horizon !

© Le Temps
Sommet de L`Union africaine (UA) a Addis Ababa
Le Président de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, répond à un point de presse au Sommet de l`Union africaine dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba le Janvier 28, 2011
Depuis l’annonce de la constitution du panel des chefs d’Etat pour la résolution de la crise ivoirienne, la presse proche du Président Gbagbo crie victoire au lieu d’essayer de mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette possible déception à venir.

Encore une fois l’émotion reste nègre,…

Un rien suffit pour faire s’égosiller de joie les partisans du Président Gbagbo. A l’analyse, nous n’avons rien obtenu de concret. Oui le Président Jacob Zuma et ses pairs de la Sadc ont clairement montré qu’ils étaient des dignes représentants de cette Afrique qui refusent de se laisser infantiliser par l’Occident. L’euphorie ne nous a pas permis d’analyser et de mieux comprendre la grosse farce en préparation. Aucun pays francophone n’a encore apporté publiquement son soutien au Président Gbagbo. De plus, même si Idriss Deby a préconisé la manière pacifique il n’en reste pas moins qu’il reconnaît comme tous les chefs d’Etat d’Afrique francophone que c’est le candidat rebelle qui l’a emporté. Tenu par la France qui actionne sa rébellion chaque fois qu’il donne l’impression de vouloir revendiquer une quelconque indépendance, Idriss Deby abondera dans le sens souhaité par la France et soutenu par l’Onu. Dès l’instant où Sarkozy s’est permis de parler de l’élection ivoirienne dans son discours à Addis-Abeba et que l’Onu a clairement demandé au panel des chefs d’Etat de travailler sous son autorité sans qu’aucun d’entre eux ne s’en offusque, tout esprit rationnel aurait détecté les germes du complot. Pour influer sur les débats même absent officiellement le camp présidentiel aurait dû et je ne suis pas le seul à le penser, rejeter publiquement toute commission qui ne prendrait pas en considération la proposition du Président Gbagbo de recompter les voix au regard des standards démocratiques. Au lieu de cela, on se félicite de la position de l’Ua donnant l’impression d’accepter les éventuelles conclusions du panel des chefs d’Etat à qui on a attribué de fait l’impérative nécessité de négocier sur la base d’une victoire de Dramane Ouattara les conditions d’une sortie de crise pacifique.
Maintenant qu’on a applaudi à se rompre les phalanges, que dirons-nous lorsqu’ils viendront demander le départ du président Gbagbo? Comme on doit s’y attendre si nous refusons les conclusions du panel, alors l’Afrique entière considérera que nous ne respectons pas notre parole, d’aucuns parmi les nôtres diront que ce ne sera pas la première fois que les gens le diront mais est-ce une raison suffisante pour présenter chaque fois le même angle d’attaque à nos ennemis ? A contrario, si dès le départ on avait énergiquement exprimé notre désapprobation des tournures que les choses vont inévitablement prendre alors tout le monde y compris nos soutiens de l’Afrique australe nous comprendraient. Les présidents Zuma, Mugabe et Dos Santos ne se battront pas à notre place.
Je vais peut-être hurler à contre courant des nôtres mais je suis convaincu que ce qui se prépare n’augure rien de bon car vu les conditions et le canevas dans lequel le panel est censé évoluer point n’est besoin d’être Dieu pour savoir ce qui va se passer. Grande sera hélas notre déception dans quelques semaines et surtout pénible sera la frustration qui en résultera car on se rendra encore une fois compte des coups d’avance de la France sarkozienne.

Et hélas la réflexion encore blanche !

Au lendemain de l’Assemblée générale de l’Union africaine, force est de reconnaître la maestria avec laquelle la France a géré cette situation. D’abord, Sarkozy s’est doté d’une véritable équipe de stratèges qui travaillent de manière structurée. La coordination avec laquelle le Rdr et sa branche armée agissent depuis le début de cette crise sous la direction de l’Elysée me conforte dans ma position. Dans cette histoire, il y a un camp qui s’est doté de stratégistes et l’autre de tacticiens et c’est ce qui fait la différence. Une petite explication de texte avant de continuer :
La stratégie (source wikipédia) – du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire » – en Italien strategia est :
• l’art de coordonner l’action de l’ensemble des forces de la Nation (politiques, militaires, économiques, financières, morales… ) pour conduire une guerre, gérer une crise ou préserver la paix.
• et par extension, l’élaboration d’une politique, définie en fonction de ses forces et de ses faiblesses, compte tenu des menaces et des opportunités, dans d’autres domaines que celui de la défense, notamment dans les activités économiques (stratégie d’entreprise, stratégie commerciale, industrielle, financière, etc.) mais aussi dans des jeux complexes avec, par exemple, la stratégie échiquéenne. Dans la didactique on parle aussi des stratégies d’apprentissage et stratégies de communication.
En un mot comme en mille, on dira que la stratégie consiste à la définition d’actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit ensuite, au niveau opérationnel en plans d’actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d’évènements changeant fortement la situation.
Contrairement à la tactique dont l’enjeu est local et limité dans le temps (gagner une bataille), la stratégie a un objectif global et à plus long terme, c’est-à-dire gagner la guerre sous toutes ses formes (économique, communicationnelle, militaire).
Charles de Gaulle ne disait-il pas à bon escient : «La stratégie est de la compétence du gouvernement et de celle du haut-commandement des forces armées.»
Le fait même que nous n’ayons encore à aucun moment pris l’initiative d’une quelconque action dans cette crise et que nous passons tout notre temps à nous défendre face aux multiples actions du camp rebelle démontre aisément que nous n’avons pas fait appel à de véritables stratégistes. Ceux que nous pensons être des stratégistes dans notre camp (j’ai mal de le dire) ne sont en fait que des tacticiens, raison pour laquelle toutes les actions qu’ils mettent en œuvre ne le sont que dans le but de gagner les batailles que le camp adverse nous soumet. La seule possession d’un doctorat ne fait pas le stratégiste. La preuve, quand on ne se bat pas pour faire reconnaître la légitimité de la décision de notre Conseil constitutionnel, c’est pour faire face à la menace monétaire, puis à l’asphyxie financière qui pèse sur nous, aujourd’hui, on ne le voit pas encore mais dans un mois on se battra pour ne pas être mis sous tutelle par le pseudo panel des chefs d’Etat africain en attendant au mieux de nouvelles élections ou au pire la guerre pour l’installation militaire de Dramane Ouattara au pouvoir. A un moment donné, le camp adverse nous submergera tellement de batailles qu’on commencera à les perdre une à une parce qu’ayant découragé tous nos soutiens par notre absence de stratégie. Tout cela parce que nous avons choisi inconsciemment la tactique en lieu et place de la stratégie.

La stratégie élyséenne

Contrairement à ce que beaucoup de nous croyons la France grâce à ses études d’opportunités stratégiques savait pertinemment comment opérer pour ressortir victorieuse d’Addis-Abeba. Devant la montée en puissance des soutiens du président Gbagbo en Afrique australe et centrale lusophone, elle a d’abord poussé Idriss Deby a déclaré qu’il est favorable à une issue pacifique au règlement de la crise mais en prenant le soin de reconnaître que le chef rebelle a gagné l’élection. Ensuite, les stratégistes ont décidé de la mise sur pied d’un panel de chefs d’Etat sachant pertinemment que les pro-Gbagbo seraient minoritaires. Tout ceci en étroite collaboration avec l’Onu, la Cedeao, Raila Odinga le pseudo médiateur et Jean Ping le président de la commission de l’Ua. Ils savaient donc tous comment procéder avant même la tenue des assises. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle Sarkozy officiellement invité en tant que président du G8-G20 s’est permis de parler de la Côte d’Ivoire à la tribune de l’Ua. Ensuite, c’est l’Onu qui a plaidé pour le rejet des propositions du Président Gbagbo, mais surtout a donné le cadre de travail du panel des chefs d’Etat faisant ainsi écho aux déclarations tapageuses de Jean Ping. Le décor ainsi planté, le choix des chefs d’Etat devant constituer le panel ne fut qu’un jeu d’enfant. Résultat des courses trois voix (dont le président du panel) pour la France contre au maximum deux pour le Président Gbagbo. Lorsque des dissensions vont apparaître au sein du panel, les décisions seront soumises au vote et indubitablement les ennemis de la Côte d’Ivoire l’emporteront. Le Président Zuma qui est un démocrate se rangera donc à la décision de la majorité car il est dit que le panel parlera d’une seule voix. Le coup le plus remarquable de cette partie d’échec est tout simplement venu des stratégistes français qui ont encore une fois damé le pion aux tacticiens ivoiriens. Très simple. D’abord en demandant à Goodluck de refuser de se joindre au panel puis en y intégrant le Président Zuma on l’astreint d’office à la réserve, car ne pouvant officiellement être juge et partie et ce, pendant la durée de la mission. Pendant ce temps, Good Luck le va-t-en guerre qui a fait semblant de refuser pourra s’exprimer librement comme il le fait depuis le début pendant que notre soutien africain le plus important est mis sous l’éteignoir. Tout simplement époustouflant !!!!!!!
Pourquoi ne pas avoir fait admettre les Présidents Mugabe ou Dos Santos et permis au Président Zuma de continuer d’agir ouvertement en notre faveur, car étant celui dont la voix porte plus surtout que l’Afrique du Sud est membre du G20 qui se réunira bientôt.

Conclusion

Afin de faire échec dans les plus brefs délais au plan de déstabilisation mis en place par la France, il importe de créer une vraie équipe de stratégistes, d’experts ayant vraiment pratiqué la stratégie dans un environnement international, dans des institutions bancaires de préférence. Car ceux-ci ont eu, au travers de leurs expériences, à se frotter à d’autres experts de haut niveau. Aujourd’hui, il s’agit de mettre en face des stratégistes de Sarkozy des Ivoiriens qui les connaissent suffisamment pour les avoir soit côtoyés pendant longtemps soit affrontés sur différents sujets professionnels au cours de leurs expériences.
De jeunes Ivoiriens de ce niveau existent ici en Europe et sont prêts à travailler gratuitement pour le pays s’il le faut. Faudra-t-il encore qu’on les entende pour ne serait-ce que les associer à quelque tâche que ce fut, en étroite collaboration avec leurs frères d’Abidjan. Sinon seul, Dieu pourra nous conduire à la victoire tant la partie en face (le camp rebelle) a structuré sa manière d’agir.

J3A

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