Sortir la Côte d’Ivoire de la situation « kafkaïenne » qu’elle connaît depuis le 28 novembre 2010, par une résolution pacifique. Voilà la mission assignée au « Panel » des cinq chefs d’Etat qui se rendra en Côte d’Ivoire aux fins de produire, dans un délai d’un mois, « des décisions contraignantes pour les deux parties », Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Le pays, plongé dans un bicéphalisme, aborde un tournant crucial, ce mois de février. Conscients de ce qu’ils jouent leur va-tout, Ouattara et Gbagbo, à travers leurs collaborateurs, ont entrepris de miner le terrain et les esprits de leurs partisans. Au regard des déclarations qui sont faites et de l’atmosphère qui prévaut en ce moment en Côte d’Ivoire, l’on peut affirmer que ce « Panel » risque de se retrouver dans un véritable brouillard. Surtout que la compréhension de chaque camp de la mission dévolue au « panel » traduit
l’état d’esprit qui l’anime… Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Soro, Kacou Gervais, avant-hier, sur les antennes d’Onuci-Fm s’est voulu sans équivoque : « L’Union africaine a décidé d`envoyer un panel de chefs d’Etat pour s’enquérir de la situation et rechercher des solutions. Il s’agit simplement de se rendre à Abidjan pour voir dans quelle mesure M. Laurent Gbagbo peut consentir à laisser sa charge pour que M. Alassane Ouattara puisse gouverner tranquillement. Voilà ce que cela veut dire. Le Président Alassane Ouattara est le président élu de la République de Côte d’Ivoire. Tout cela a été reconnu par la Cedeao, l’Ua, l’Onu, l’Ue, etc. Et que M. Laurent Gbagbo comprenne ensuite qu’il ne peut plus faire de la résistance contre la volonté du peuple ». On se demande bien comment, une fois à Abidjan, l’Ua pourra revenir sur cette position. Mais, Alcide Djédjé, du gouvernement
Aké N’Gbo, a une compréhension diamétralement opposée à celle de Kacou Gervais. Ils « viendront, s’informer, évaluer et des propositions seront faites. Et il ne faut jamais oublier que le Panel fera des propositions à partir des discussions avec les parties. Donc les parties seront entendues, vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire au cours des élections et après les élections. Voilà donc la mission, l’agenda et le mandat du Panel », a-t-il dit. En reconnaissant, néanmoins, « que le recomptage des voix n’a pas été adopté au sommet de l’Ua », Alcide Djédjé estime « qu’il faut avoir à l’idée que celui qui veut, peut décider ce qu’il veut, mais nous, de notre côté, nous avons une mission. C’est de préserver notre Nation, notre souveraineté et notre Constitution. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté. C’est
de là que part la discussion ». Ce sera donc, la constitution de Côte d’Ivoire contre la reconnaissance de la victoire d’Ado par l’Ua. En l’état actuel de la situation, l’on ne peut jurer de rien. Mais, il reste évident que le décor d’un nouvel échec est planté. Dans un camp comme dans l’autre, des voix s’élèvent, soit pour récuser le Facilitateur Blaise Compaoré, soit pour s’interroger sur le bien-fondé de cette énième mission. Blé Goudé, leader des « jeunes patriotes » crie à l’entrée d’un loup, en la personne du président du Burkina Faso dans la bergerie de ce Panel de chefs d’Etat. Il est accusé de parti pris et pourrait brouiller les pistes dans ces négociations, du fait de sa partialité. « Nous récusons Blaise Compaoré comme membre du Panel des chefs d’Etat de l’Ua.. Il n’est pas le bienvenu en Côte d’Ivoire », a dit avant-hier Charles Blé Goudé au cours d’une conférence
de presse. A Ouagadougou, où il a rencontré Blaise Compaoré lundi dernier, Guillaume Soro, Premier ministre du président Alassane Ouattara, s`est dit "convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il dira non au panel des chefs d`Etat" de l`UA. "Il est allé trop loin pour reculer" et "c`est sûr (qu`il) opposera une fin de non-recevoir au panel", a ajouté M. Soro, prônant "une position de fermeté et de force légitime" à son encontre. Les Forces nouvelles, pour leur part, à travers Morou Ouattara, ne croient nullement à la réussite de cette mission. Elles souhaitent, ‘’l’utilisation de la force pour régler le cas Gbagbo ». La situation, on le voit, garde toute sa complexité et c’est en terrain miné qu’arrive le « Panel » dans les prochaines semaines.
Armand B. DEPEYLA
l’état d’esprit qui l’anime… Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Soro, Kacou Gervais, avant-hier, sur les antennes d’Onuci-Fm s’est voulu sans équivoque : « L’Union africaine a décidé d`envoyer un panel de chefs d’Etat pour s’enquérir de la situation et rechercher des solutions. Il s’agit simplement de se rendre à Abidjan pour voir dans quelle mesure M. Laurent Gbagbo peut consentir à laisser sa charge pour que M. Alassane Ouattara puisse gouverner tranquillement. Voilà ce que cela veut dire. Le Président Alassane Ouattara est le président élu de la République de Côte d’Ivoire. Tout cela a été reconnu par la Cedeao, l’Ua, l’Onu, l’Ue, etc. Et que M. Laurent Gbagbo comprenne ensuite qu’il ne peut plus faire de la résistance contre la volonté du peuple ». On se demande bien comment, une fois à Abidjan, l’Ua pourra revenir sur cette position. Mais, Alcide Djédjé, du gouvernement
Aké N’Gbo, a une compréhension diamétralement opposée à celle de Kacou Gervais. Ils « viendront, s’informer, évaluer et des propositions seront faites. Et il ne faut jamais oublier que le Panel fera des propositions à partir des discussions avec les parties. Donc les parties seront entendues, vont participer à la recherche de la vérité sur ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire au cours des élections et après les élections. Voilà donc la mission, l’agenda et le mandat du Panel », a-t-il dit. En reconnaissant, néanmoins, « que le recomptage des voix n’a pas été adopté au sommet de l’Ua », Alcide Djédjé estime « qu’il faut avoir à l’idée que celui qui veut, peut décider ce qu’il veut, mais nous, de notre côté, nous avons une mission. C’est de préserver notre Nation, notre souveraineté et notre Constitution. Donc, tout ce qui sera contraire à notre Constitution ne sera pas accepté. C’est
de là que part la discussion ». Ce sera donc, la constitution de Côte d’Ivoire contre la reconnaissance de la victoire d’Ado par l’Ua. En l’état actuel de la situation, l’on ne peut jurer de rien. Mais, il reste évident que le décor d’un nouvel échec est planté. Dans un camp comme dans l’autre, des voix s’élèvent, soit pour récuser le Facilitateur Blaise Compaoré, soit pour s’interroger sur le bien-fondé de cette énième mission. Blé Goudé, leader des « jeunes patriotes » crie à l’entrée d’un loup, en la personne du président du Burkina Faso dans la bergerie de ce Panel de chefs d’Etat. Il est accusé de parti pris et pourrait brouiller les pistes dans ces négociations, du fait de sa partialité. « Nous récusons Blaise Compaoré comme membre du Panel des chefs d’Etat de l’Ua.. Il n’est pas le bienvenu en Côte d’Ivoire », a dit avant-hier Charles Blé Goudé au cours d’une conférence
de presse. A Ouagadougou, où il a rencontré Blaise Compaoré lundi dernier, Guillaume Soro, Premier ministre du président Alassane Ouattara, s`est dit "convaincu que Gbagbo ne cèdera pas le pouvoir. Il dira non au panel des chefs d`Etat" de l`UA. "Il est allé trop loin pour reculer" et "c`est sûr (qu`il) opposera une fin de non-recevoir au panel", a ajouté M. Soro, prônant "une position de fermeté et de force légitime" à son encontre. Les Forces nouvelles, pour leur part, à travers Morou Ouattara, ne croient nullement à la réussite de cette mission. Elles souhaitent, ‘’l’utilisation de la force pour régler le cas Gbagbo ». La situation, on le voit, garde toute sa complexité et c’est en terrain miné qu’arrive le « Panel » dans les prochaines semaines.
Armand B. DEPEYLA
