Pour l'aider à gagner encore du temps face à ses adversaires et face à la communauté internationale qui le pressent de partir, le camp des partisans de Laurent Gbagbo a décidé d'user de tous les subterfuges possibles.
Avec la crise que connaît la Côte d'Ivoire depuis près de dix ans, l'opinion nationale et internationale découvre chaque jour, une face bien cachée du Front populaire ivoirien (Fpi) et de ses mouvements satellites. En plus du visage d'anarchistes jusque-là présenté aux Ivoiriens, les ''frontistes'' se présentent également comme de redoutables trotskystes. C'est le sens des formes de lutte variées qu'ils adoptent depuis le déclenchement de la crise post-électorale et surtout depuis le sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie). Chaque clan au sein du camp Gbagbo a décidé de mener sa guerre contre les options de résolution de cette crise. Car, alors que certains ont choisi de récuser vertement, l'un des émissaires de l'UA, le déclarant notamment persona non grata en Côte d'Ivoire, d'autres lui lancent plutôt un appel afin qu'il vienne s'expliquer sur sa gestion du dossier ivoirien, du temps où il était médiateur et qu'il est encore. « M. Compaoré est le bienvenu dans le panel des cinq chefs d'Etat mandatés par l'UA parce qu'avec lui dans le groupe, nous pourrons plus facilement évaluer le processus qui devait nous permettre de sortir de la crise à travers des élections justes et démocratiques. Il pourra enfin nous expliquer pourquoi les Forces nouvelles n'ont pas désarmé comme le prévoit l'Accord de Ouagadougou », avait soutenu, à Addis-Abeba, devant les caméras de la télévision ivoirienne William Attéby, député de Yopougon, considéré comme l'un des faucons de la ''Refondation''. « Blaise Compaoré va venir répondre de ses actes ici », s'était empressé d'ajouter Géneviève Bro Grébé, elle aussi invitée à faire les ''Off'' du sommet d'Addis-Abeba. Le lendemain de cette sortie, c'était à Charles Blé Goudé, prétendument leader de la jeunesse pro-Gbagbo, de reprendre par un autre bout, la chanson entonnée par les envoyés spéciaux de Laurent Gbagbo en Ethiopie. « Nous récusons Compaoré et il n'est pas le bienvenu en Côte d'Ivoire. Pour nous, Blaise Compaoré est égal à Alassane Ouattara et à Nicolas Sarkozy. Il est un danger pour la sous-région et toutes ses tentatives de résolution de conflits en Guinée et au Togo ont échoué (?) », avait-il repris, mardi dernier. Face à l'agitation du camp, Affi N'Guessan, président du Fpi a cru bon de donner aussi de la voix. Ainsi, mercredi dernier, s'est-il prononcé au cours d'une conférence de presse sur la question du panel de cinq chefs d'Etat constitué par l'UA. Tout en accusant Blaise Compaoré, président du Faso et membre du panel de trahison, M. Affi n'a pas moins pris le contre-pied de la thèse de Blé Goudé. « La présence du président du Faso au sein du groupe de panel ne devrait pas nous effaroucher, en tant que parti politique, car les Ivoiriens sont dans le vrai ; ils ont les textes et la réalité du terrain avec eux », s'est-il déclaré convaincu, ajoutant, selon des indiscrétions que la position de Blé Goudé n'est ni celle du Fpi, ni celle du gouvernement. Alors, son discordant, cacophonie, incompréhension voire mésentente ? Rien de tout cela. De toute évidence, les rôles ont été bien distribués. Et, même s'il ne faudrait pas écarter une guerre de positionnement en ces heures où s'approche la fin qui devrait ouvrir la voie du renouvellement, l'objectif poursuivi n'est guère différent : conduire le processus de règlement de la crise dans un enlisement, retarder au maximum la solution à la crise post-électorale pour faire gagner du temps à Laurent Gbagbo au palais présidentiel. Fondamentalement, rien n'oppose donc MM. Affi, Attéby ou Blé. En s'acharnant d'une manière ou d'une autre sur Blaise Compaoré, ils espèrent grignoter sur le délai d'un mois consenti par l'UA, à leur mentor qui pourrait sans doute le mettre à profit pour préparer sa contre-offensive au recours à la force contre lui, devenue, aujourd'hui, inévitable.
Marc Dossa
Avec la crise que connaît la Côte d'Ivoire depuis près de dix ans, l'opinion nationale et internationale découvre chaque jour, une face bien cachée du Front populaire ivoirien (Fpi) et de ses mouvements satellites. En plus du visage d'anarchistes jusque-là présenté aux Ivoiriens, les ''frontistes'' se présentent également comme de redoutables trotskystes. C'est le sens des formes de lutte variées qu'ils adoptent depuis le déclenchement de la crise post-électorale et surtout depuis le sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie). Chaque clan au sein du camp Gbagbo a décidé de mener sa guerre contre les options de résolution de cette crise. Car, alors que certains ont choisi de récuser vertement, l'un des émissaires de l'UA, le déclarant notamment persona non grata en Côte d'Ivoire, d'autres lui lancent plutôt un appel afin qu'il vienne s'expliquer sur sa gestion du dossier ivoirien, du temps où il était médiateur et qu'il est encore. « M. Compaoré est le bienvenu dans le panel des cinq chefs d'Etat mandatés par l'UA parce qu'avec lui dans le groupe, nous pourrons plus facilement évaluer le processus qui devait nous permettre de sortir de la crise à travers des élections justes et démocratiques. Il pourra enfin nous expliquer pourquoi les Forces nouvelles n'ont pas désarmé comme le prévoit l'Accord de Ouagadougou », avait soutenu, à Addis-Abeba, devant les caméras de la télévision ivoirienne William Attéby, député de Yopougon, considéré comme l'un des faucons de la ''Refondation''. « Blaise Compaoré va venir répondre de ses actes ici », s'était empressé d'ajouter Géneviève Bro Grébé, elle aussi invitée à faire les ''Off'' du sommet d'Addis-Abeba. Le lendemain de cette sortie, c'était à Charles Blé Goudé, prétendument leader de la jeunesse pro-Gbagbo, de reprendre par un autre bout, la chanson entonnée par les envoyés spéciaux de Laurent Gbagbo en Ethiopie. « Nous récusons Compaoré et il n'est pas le bienvenu en Côte d'Ivoire. Pour nous, Blaise Compaoré est égal à Alassane Ouattara et à Nicolas Sarkozy. Il est un danger pour la sous-région et toutes ses tentatives de résolution de conflits en Guinée et au Togo ont échoué (?) », avait-il repris, mardi dernier. Face à l'agitation du camp, Affi N'Guessan, président du Fpi a cru bon de donner aussi de la voix. Ainsi, mercredi dernier, s'est-il prononcé au cours d'une conférence de presse sur la question du panel de cinq chefs d'Etat constitué par l'UA. Tout en accusant Blaise Compaoré, président du Faso et membre du panel de trahison, M. Affi n'a pas moins pris le contre-pied de la thèse de Blé Goudé. « La présence du président du Faso au sein du groupe de panel ne devrait pas nous effaroucher, en tant que parti politique, car les Ivoiriens sont dans le vrai ; ils ont les textes et la réalité du terrain avec eux », s'est-il déclaré convaincu, ajoutant, selon des indiscrétions que la position de Blé Goudé n'est ni celle du Fpi, ni celle du gouvernement. Alors, son discordant, cacophonie, incompréhension voire mésentente ? Rien de tout cela. De toute évidence, les rôles ont été bien distribués. Et, même s'il ne faudrait pas écarter une guerre de positionnement en ces heures où s'approche la fin qui devrait ouvrir la voie du renouvellement, l'objectif poursuivi n'est guère différent : conduire le processus de règlement de la crise dans un enlisement, retarder au maximum la solution à la crise post-électorale pour faire gagner du temps à Laurent Gbagbo au palais présidentiel. Fondamentalement, rien n'oppose donc MM. Affi, Attéby ou Blé. En s'acharnant d'une manière ou d'une autre sur Blaise Compaoré, ils espèrent grignoter sur le délai d'un mois consenti par l'UA, à leur mentor qui pourrait sans doute le mettre à profit pour préparer sa contre-offensive au recours à la force contre lui, devenue, aujourd'hui, inévitable.
Marc Dossa