Ils ont clos le débat sans qu’il ne soit ouvert. Les Refondateurs qui ont réclamé à cor et à cri un comité international pour résoudre la crise ivoirienne, ont une peur bleue du panel de chefs d’Etat mandaté par l’Union africaine pour faire des propositions concrètes de sortie de crise. Avant même que ce panel ne se mette au travail, le camp Gbagbo a déjà donné sa réponse aux propositions que les chefs d’Etat éventuellement seront amenés à faire. En effet, Alcide Djédjé, le prétendument ministre des Affaires étrangères du chef de l’Etat sortant, a été, on ne peut plus clair dans les colonnes d’un confrère de la place : « Toute proposition qui irait à l’encontre de la Constitution sera rejetée », a martelé l’ancien Ambassadeur de Côte d’Ivoire aux Nations unies. En dépit des oripeaux diplomatiques qu’il tente de lui donner, sa déclaration est révélatrice d’un sentiment de peur qui anime actuellement tout le clan. Peur de voir prendre fin, très bientôt, toutes les illusions de la coterie qui tente désespérément de confisquer le pouvoir. Ainsi, le clan Gbagbo prépare l’échec du panel et ses partisans à rejeter ses résolutions. Il évoque la nécessité du respect de la légalité constitutionnelle. Une vraie circonvolution politicienne pour occulter la mauvaise foi qui le caractérise depuis l’éclatement de la crise. Le panel ne saurait être contre la Constitution. En effet, en quoi une structure qui recherche des voix et moyens pour éviter un affrontement sanglant peut-elle être contre la constitution ? La Constitution est l’échappatoire tout trouvé pour le président sortant et ses affidés de se dérober à chaque fois qu’ils ont le dos au mur. En vérité, ce qui fait mal aux Refondateurs, c’est la reconnaissance par l’UA de la victoire sans ambigüité du président Ouattara à l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. Ils en éprouvent une aversion quasi-démentielle. Et ce, à telle enseigne que les envoyés de Gbagbo, une fois rentrés de leur villégiature d’Addis-Abeba, se sont lancés dans une grossière campagne de manipulation et d’intoxication. En tout état de cause, la messe est dite pour Gbagbo et sa coterie qui sont aux abois, nonobstant l’apparente sérénité qu’ils tentent d’afficher devant les caméras. Le panel est une porte de sortie que lui offrent la communauté internationale via son ami Jacob Zuma qui s’est battu pour lui éviter l’usage de la force légitime au lendemain du XVIe sommet de l’Union africaine. Ainsi saluant la mise en place du Panel, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines s’est voulu catégorique. « C’est l’Afrique entière qui diligente cette action. C’est le dernier appel à Laurent Gbagbo pour qu’il quitte le pouvoir avec dignité », a prévenu William Fitzgerald. En d’autres termes, « l’option de la force est toujours envisageable », a-t-il conclu.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté