Le spectre de la mort plane sur tous les Ivoiriens, de quelque bord que ce soit, avec la résurgence de la violence à tous les niveaux. Enlèvements par-ci, exécutions par-là, viols, vols, meurtres, assassinats, etc., sont le lot quotidien des habitants de Côte d`Ivoire. Au moment-même où un comité d`experts dépêché par l`Union africaine s`apprête à fouler le sol ivoirien. Objectif, évaluer le processus électoral. Mais, son travail ne devra pas se limiter à l`aspect politique du problème. Car, chaque jour, les droits de l`Homme sont bafoués en Côte d`Ivoire, au point que les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis le début de la crise, ce sont au moins 300 personnes qui ont péri. Sans oublier celles portées disparues ou même détenues sans raison valable. Et le pire de tout ça, c`est que la plupart de ces crimes ont été commis nuitamment, alors que la Côte d`Ivoire était sous couvre-feu. Tout indique donc que ce sont les Forces de défense et de sécurité, loyales au président sortant, Laurent Gbagbo, qui en sont les premières responsables. En effet, durant toute la période du couvre-feu, il ne s`est passé un seul jour sans que des personnes n`aient été tuées ou enlevées, dans certaines communes de la capitale économique, notamment à Abobo, Koumassi, etc. Sous prétexte qu`on y cacherait des armes, des domiciles et même des sièges de partis politiques ont fait l`objet de perquisition, tard dans la nuit et sans mandat. Violant ainsi la Constitution ivoirienne, en son article 4 : « Le domicile est inviolable. Les atteintes ou restrictions ne peuvent y être apportées que par la loi ». Toutes ces perquisitions se sont soldées également par des morts (jeudi 2 décembre 2010 au QG de campagne d`Alassane Ouattara à Yopougon-Wassakara), des arrestations (attaque du siège du Parti démocratique de Côte d`Ivoire le 4 janvier 2011), et des dégâts matériels ; sans que des armes aient été trouvées à ces endroits-là. Mais, la seule découverte d`amulettes sur les victimes a suffi à les présenter comme des rebelles. Les ressortissants de la Cedeao ne sont pas non plus à l`abri. En effet, l`imminence d`une intervention armée de la force de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cedeao), l`Ecomog, irrite le camp Gbagbo qui n`a pas hésité à proférer des menaces contre ces ressortissants. Pas plus tard que jeudi, un homme d`origine burkinabé, pris pour un rebelle, a été brûlé vif à Bingerville par les jeunes de cette ville (in l`Intelligent d`Abidjan du vendredi 04 février 2011, ndlr). En fin de semaine dernière, deux journalistes d`une télévision privée basée à Bouaké ont été présentés par la télévision nationale comme des rebelles venus lancer l`assaut final contre le régime de l`ex-chef d`Etat. Les conflits inter-ethniques à l`intérieur du pays sont également les conséquences de la crise post-électorale en Côte d`Ivoire. Les faits en la matière sont légion qui relèvent de la délation ou de rumeurs. La Cour pénale internationale a déjà prévenu que ces crimes ne resteraient pas impunis. En plus de la recherche d`une solution politique à cette crise, l`Union africaine doit aussi avoir à cœur de sanctionner tous les auteurs des violations des droits de l`Homme, à commencer par les autorités politiques et militaires, pour que plus jamais cela ne se répète, ni en Côte d`Ivoire, ni ailleurs en Afrique. Que ce mois dont ils disposent pour donner les conclusions de leur travail consacre la fin des souffrances de tous les habitants de la Côte d`Ivoire.
Anne-Marie Eba
Anne-Marie Eba