La jeunesse ivoirienne a organisé, hier, à la place de la République, un meeting pour récuser
la présence de Blaise Compaoré dans le panel des chefs d’Etat africain, devant venir évaluer la
situation post-électorale en Côte d’Ivoire.
Samedi 5 février 2011. Un vent d’harmattan souffle sur Abidjan, capitale économique de la Côte
d’Ivoire. A Treichville, les militants de La majorité présidentielle se préparent pour aller à la place de
la République. Afin d’assister à la grand-messe convoquée par Charles Blé Goudé. Alors ils se
donnent rendez-vous au Forum du thé club. Certains s’habillent aux couleurs nationales. D’autres
s’activent à envoyer la nourriture. «Il faut prendre beaucoup de calories. Parce que sur les lieux, ce ne serait pas de tout repos», lance Claudine N’Guessan, la marquise des lieux. La scène est la même dans les différentes communes d’Abidjan. Des uns marchent pour rejoindre le lieu de la
manifestation. Les autres empruntent des bus ou taxis. Siour le chemin, ils entonnent des chansons patriotiques du genre : «On a installé Gbagbo ; il est élu par les Ivoiriens. Personne ne pourra l’enlever, il est élu par les Ivoiriens» ; «Gbagbo n’aime pas palabre, liberté» ; «Respectez le pouvoir de Gbagbo». Sur le long des voies, pour les marcheurs, de vieilles personnes les encouragent en leur donnant de l’eau. Une manière pour elles de démontrer non seulement leur solidarité. Mais aussi leur dire qu’elles sont de cœur avec eux. Il faut dire que ce grand rassemblement de ce samedi a un seul objectif : récuser la présence de Blaise Compaoré dans le panel des chefs d’Etat africains. En effet, le dernier sommet de l’Union africaine a décidé d’envoyer ces chefs d’Etat en Côte d’Ivoire.
Afin d’évaluer le processus électoral. En tout cas, la capitale économique est aux couleurs nationales.
Personne ne veut rater l’événement. Vieux, jeunes et femmes se sont parés de leurs plus beaux
habits. Chants et danses rivalisent d’ardeur. C’est une ambiance de fête. La place de la République, devant servir à la grand-messe, est pleine comme un œuf. Des jeunes habillés dans des tee-shirts à l’effigie du chef de l’Etat. Sur les visages, on lit la joie et la sérénité. Ce qui fait dire à Alain Gbagou, militant du Front populaire ivoirien : «Nous sommes sereins comme une maison inachevée». Des jeunes et femmes, en provenance des quatre coins de la ville d’Abidjan, commencent à affluer. Ils arrivent par groupe. Chaque arrivée est une fête. On crie, on danse en chantant : «Depuis Cp1 on veut nous tuer, Gbagbo va nous sauver ; au revoir… au revoir, Compaoré s’en va, il n’y a plus de collabo ; hein… hein Compaoré a chaud». Comme s’ils s’étaient passé le mot. Et ils sont tous vêtus de tee-shirts aux couleurs nationales. Difficile de circuler. Plus de place. Les bâches dressées pour la circonstance sont insuffisantes pour accueillir le flot de personnes. Les plus malins préfèrent se percher sur les arbres jouxtant la place de la République. Le temps très ensoleillé n’enlève rien à l’ardeur de la foule. «Pluie ou soleil, on est là. Pour la Côte d’Ivoire, on est prêt à tout», soutient Ibrahim Ouattara, enseignant. Les différentes prestations des artistes mettent le baume au cœur des patriotes, qui ont fait nombreux, le déplacement. Dans cette ambiance des grands jours, il est difficile de dire combien étaient-ils les patriotes sur la place de la République. «C’est une mise en jambe. Et c’est la différence entre les autres et nous. Ils lancent des mots d’ordre de désobéissance civile, de villes mortes. Personne ne les suit. Ce meeting a été annoncé, il y a seulement trois jours.
C’est nous les maîtres de la rue. Ne mobilise pas qui veut», fait remarquer Jean-Claude Okoué, l’un
des organisateurs de la cérémonie. Et de poursuivre : «C’est un avant-goût de ce qui attend Blaise
Compaoré s’il met les pieds à Abidjan. C’est un signal fort que nous lui envoyons. En tout cas, on ne va pas le rater. Il a intérêt à rester chez lui sinon…». Sur les pancartes et autres banderoles, les messages sont clairs : «Blaise Compaoré persona non grata en Côte d’Ivoire ; Blaise, restez chez toi ; Blaise le collabo de Sarkozy; Blaise l’assassin de Sankara »…
Sale temps pour Blaise Compaoré et Ban Ki- moon
Les images de Blaise Compaoré et de Ban Ki-moon passent difficilement auprès des patriotes
ivoiriens. La majorité des personnes interrogées sont unanimes pour dire que ces deux personnalités sont à la base de la crise post-électorale qui secoue leur pays. Leur parler de ces deux personnalités, c’est leur parler du diable, donc de satan. Concernant le chef de l’Etat burkinabé, elles trouvent sa présence dans le panel comme une incongruité que l’Union africaine doit corriger. Dans la mesure où, ce dernier est partie prenante dans le conflit. «Nous le récusons. Parce qu’il n’est pas la solution mais le problème. Il doit répondre de ses actes de perfidie en Côte d’Ivoire. C’est un danger pour la sous-région. Nous ne pouvons accepter cela», soutient Martial Clotaire alias carrefour. Et de poursuivre : «Nous sommes venus démontrer aux yeux du monde entier que nous sommes déterminés à faire face à n’importe quel obstacle. Parce qu’on parle trop de venir installer Alassane Ouattara». Gislaine Aka, étudiante ne dit pas le contraire. Elle estime que si le panel arrive pour donner le pouvoir à l’opposition ivoirienne, ce n’est pas la peine qu’il fasse le déplacement d’Abidjan. «Nous n’avons rien contre le panel. C’est la présence d’un élément qui nous gêne. C’est Blaise Compaoré. En tout cas, il n’est pas le bienvenu en Côte d’Ivoire. On va voir où son avion va atterrir». Des personnes visiblement énervées contiennent difficilement leur colère. «Nous sommes fatigués des atermoiements de l’opposition ivoirienne et de leurs soutiens extérieurs», déclare Sékou Coulibaly, cadre dans une société de la place. Par ailleurs, les patriotes n’apprécient pas du tout les dernières déclarations du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. En effet, celui-ci soutient qu’il est injuste et grave de procéder à un recomptage des voix. Pis, il estime que la mission du panel des chefs d’Etat est de faire en sorte qu’Alassane Ouattara puisse s’installer au pouvoir. «Ce monsieur ne veut pas qu’on découvre son mensonge en Côte d’Ivoire. Il a peur que la vérité éclate au grand jour. Parce qu’il a menti à tout le monde», expliquent-ils en chœur. Et d’ajouter : «S’il n’a pas de cadavre dans le placard qu’il laisse le panel travailler dans la transparence». Il faut dire qu’un fait a frappé plus d’une personne. A la fin de la cérémonie, la place de la République est devenue propre. Tous les sachets d’eau et de sandwich ont été ramassés en un temps record. C’est du jamais vu. C’est l’œuvre des jeunes patriotes volontaires. Chapeau. La nouvelle Côte d’Ivoire est en marche
Yacouba Gbané
yacou06336510@yahoo.fr
la présence de Blaise Compaoré dans le panel des chefs d’Etat africain, devant venir évaluer la
situation post-électorale en Côte d’Ivoire.
Samedi 5 février 2011. Un vent d’harmattan souffle sur Abidjan, capitale économique de la Côte
d’Ivoire. A Treichville, les militants de La majorité présidentielle se préparent pour aller à la place de
la République. Afin d’assister à la grand-messe convoquée par Charles Blé Goudé. Alors ils se
donnent rendez-vous au Forum du thé club. Certains s’habillent aux couleurs nationales. D’autres
s’activent à envoyer la nourriture. «Il faut prendre beaucoup de calories. Parce que sur les lieux, ce ne serait pas de tout repos», lance Claudine N’Guessan, la marquise des lieux. La scène est la même dans les différentes communes d’Abidjan. Des uns marchent pour rejoindre le lieu de la
manifestation. Les autres empruntent des bus ou taxis. Siour le chemin, ils entonnent des chansons patriotiques du genre : «On a installé Gbagbo ; il est élu par les Ivoiriens. Personne ne pourra l’enlever, il est élu par les Ivoiriens» ; «Gbagbo n’aime pas palabre, liberté» ; «Respectez le pouvoir de Gbagbo». Sur le long des voies, pour les marcheurs, de vieilles personnes les encouragent en leur donnant de l’eau. Une manière pour elles de démontrer non seulement leur solidarité. Mais aussi leur dire qu’elles sont de cœur avec eux. Il faut dire que ce grand rassemblement de ce samedi a un seul objectif : récuser la présence de Blaise Compaoré dans le panel des chefs d’Etat africains. En effet, le dernier sommet de l’Union africaine a décidé d’envoyer ces chefs d’Etat en Côte d’Ivoire.
Afin d’évaluer le processus électoral. En tout cas, la capitale économique est aux couleurs nationales.
Personne ne veut rater l’événement. Vieux, jeunes et femmes se sont parés de leurs plus beaux
habits. Chants et danses rivalisent d’ardeur. C’est une ambiance de fête. La place de la République, devant servir à la grand-messe, est pleine comme un œuf. Des jeunes habillés dans des tee-shirts à l’effigie du chef de l’Etat. Sur les visages, on lit la joie et la sérénité. Ce qui fait dire à Alain Gbagou, militant du Front populaire ivoirien : «Nous sommes sereins comme une maison inachevée». Des jeunes et femmes, en provenance des quatre coins de la ville d’Abidjan, commencent à affluer. Ils arrivent par groupe. Chaque arrivée est une fête. On crie, on danse en chantant : «Depuis Cp1 on veut nous tuer, Gbagbo va nous sauver ; au revoir… au revoir, Compaoré s’en va, il n’y a plus de collabo ; hein… hein Compaoré a chaud». Comme s’ils s’étaient passé le mot. Et ils sont tous vêtus de tee-shirts aux couleurs nationales. Difficile de circuler. Plus de place. Les bâches dressées pour la circonstance sont insuffisantes pour accueillir le flot de personnes. Les plus malins préfèrent se percher sur les arbres jouxtant la place de la République. Le temps très ensoleillé n’enlève rien à l’ardeur de la foule. «Pluie ou soleil, on est là. Pour la Côte d’Ivoire, on est prêt à tout», soutient Ibrahim Ouattara, enseignant. Les différentes prestations des artistes mettent le baume au cœur des patriotes, qui ont fait nombreux, le déplacement. Dans cette ambiance des grands jours, il est difficile de dire combien étaient-ils les patriotes sur la place de la République. «C’est une mise en jambe. Et c’est la différence entre les autres et nous. Ils lancent des mots d’ordre de désobéissance civile, de villes mortes. Personne ne les suit. Ce meeting a été annoncé, il y a seulement trois jours.
C’est nous les maîtres de la rue. Ne mobilise pas qui veut», fait remarquer Jean-Claude Okoué, l’un
des organisateurs de la cérémonie. Et de poursuivre : «C’est un avant-goût de ce qui attend Blaise
Compaoré s’il met les pieds à Abidjan. C’est un signal fort que nous lui envoyons. En tout cas, on ne va pas le rater. Il a intérêt à rester chez lui sinon…». Sur les pancartes et autres banderoles, les messages sont clairs : «Blaise Compaoré persona non grata en Côte d’Ivoire ; Blaise, restez chez toi ; Blaise le collabo de Sarkozy; Blaise l’assassin de Sankara »…
Sale temps pour Blaise Compaoré et Ban Ki- moon
Les images de Blaise Compaoré et de Ban Ki-moon passent difficilement auprès des patriotes
ivoiriens. La majorité des personnes interrogées sont unanimes pour dire que ces deux personnalités sont à la base de la crise post-électorale qui secoue leur pays. Leur parler de ces deux personnalités, c’est leur parler du diable, donc de satan. Concernant le chef de l’Etat burkinabé, elles trouvent sa présence dans le panel comme une incongruité que l’Union africaine doit corriger. Dans la mesure où, ce dernier est partie prenante dans le conflit. «Nous le récusons. Parce qu’il n’est pas la solution mais le problème. Il doit répondre de ses actes de perfidie en Côte d’Ivoire. C’est un danger pour la sous-région. Nous ne pouvons accepter cela», soutient Martial Clotaire alias carrefour. Et de poursuivre : «Nous sommes venus démontrer aux yeux du monde entier que nous sommes déterminés à faire face à n’importe quel obstacle. Parce qu’on parle trop de venir installer Alassane Ouattara». Gislaine Aka, étudiante ne dit pas le contraire. Elle estime que si le panel arrive pour donner le pouvoir à l’opposition ivoirienne, ce n’est pas la peine qu’il fasse le déplacement d’Abidjan. «Nous n’avons rien contre le panel. C’est la présence d’un élément qui nous gêne. C’est Blaise Compaoré. En tout cas, il n’est pas le bienvenu en Côte d’Ivoire. On va voir où son avion va atterrir». Des personnes visiblement énervées contiennent difficilement leur colère. «Nous sommes fatigués des atermoiements de l’opposition ivoirienne et de leurs soutiens extérieurs», déclare Sékou Coulibaly, cadre dans une société de la place. Par ailleurs, les patriotes n’apprécient pas du tout les dernières déclarations du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. En effet, celui-ci soutient qu’il est injuste et grave de procéder à un recomptage des voix. Pis, il estime que la mission du panel des chefs d’Etat est de faire en sorte qu’Alassane Ouattara puisse s’installer au pouvoir. «Ce monsieur ne veut pas qu’on découvre son mensonge en Côte d’Ivoire. Il a peur que la vérité éclate au grand jour. Parce qu’il a menti à tout le monde», expliquent-ils en chœur. Et d’ajouter : «S’il n’a pas de cadavre dans le placard qu’il laisse le panel travailler dans la transparence». Il faut dire qu’un fait a frappé plus d’une personne. A la fin de la cérémonie, la place de la République est devenue propre. Tous les sachets d’eau et de sandwich ont été ramassés en un temps record. C’est du jamais vu. C’est l’œuvre des jeunes patriotes volontaires. Chapeau. La nouvelle Côte d’Ivoire est en marche
Yacouba Gbané
yacou06336510@yahoo.fr
