Le Pays.bf - Quelles décisions « contraignantes » le panel des cinq chefs d’Etat dépêchés par l’Union africaine (UA) va-t-il imposer aux deux présidents sortant et entrant de Côte d’Ivoire ? Que peuvent-ils bien sortir de particulier de leur chapeau qui puisse mettre un terme à la crise ivoirienne, après ces nombreuses missions de « la dernière chance » enregistrées au fil des ans ? Selon sa feuille de route, le panel jouera la partie la plus délicate de sa mission à compter de ce lundi à Abidjan où la tension est redevenue vive ces derniers temps.
Avant leur arrivée à Abidjan, les présidents mauritanien, tanzanien, tchadien, sud-africain et burkinabè, ont d’abord séjourné à Nouakchott. Dans la capitale mauritanienne, la mission a échangé le week-end dernier autour des conclusions des travaux des experts. Les résultats se feront sentir durant la phase des pourparlers avec les deux protagonistes : Laurent Koudou Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. D’ici là, il faut craindre que le contexte de violence qui règne présentement dans la capitale économique ivoirienne, ne dégénère. Pour l’heure, cela ne présage rien de bon.
Le regain de tension est devenu perceptible avec la présence ces derniers jours à Abidan, de blindés légers des militaires français de l’opération Licorne. De même, dans plusieurs quartiers de la capitale ivoirienne, on a pu constater le déploiement des casques bleus de l’ONUCI. Mais pourquoi toutes ces sautes d’humeur et ces veillées d’armes maintenant chez les frères ivoiriens ? A l’évidence, cela traduit le souci des deux camps de mettre la pression sur le panel afin de préserver ce que l’un comme l’autre considère comme des acquis.
Du côté de l’ex-majorité présidentielle, on s’est cru en devoir de faire des démonstrations de force en instaurant un couvre-feu. Outre le monopole exercé sur les médias publics pour faire passer rien que sa version de l’analyse de la situation, elle s’organise pour endiguer le fléau des mécontents du camp des Houphouëtistes. Faisant alors la politique du deux poids deux mesures, le régime du Front populaire ivoirien (FPI) a opté de ne donner la parole et l’occupation du terrain par des marches-meetings qu’à ses seuls thuriféraires.
Ce qui contraste fortement avec les idéaux de la démocratie républicaine, qui font une large place au respect des libertés, notamment la libre expression des idées et des opinions. On comprend alors pourquoi le Premier ministre Guillaume Kibafori Soro a ouvertement appelé les partisans houphouëtistes à manifester leur mécontentement face aux dérives du pouvoir, et « à faire la révolution » comme les peuples tunisien et égyptien. Cela d’autant que lui n’attend rien du panel, l’UA ayant fait preuve de complaisance à l’égard de Gbagbo qui continue de narguer l’opinion internationale.
Si les conditions de sécurité venaient à se dégrader, que ferait donc le panel ? Retournera-t-il bivouaquer en Mauritanie, ou restera-t-il sur place pour finaliser le travail conformément à sa feuille de route ? La pression baissera-t-elle une fois que l’on saura quelles solutions de sortie de crise sont proposées aux deux camps ? Il faut l’espérer. Toujours est-il que la mission de l’UA amorce cette semaine un tournant décisif. Dans un camp comme dans l’autre, on semble résolu donc à jouer sa dernière carte.
Ainsi, Gbagbo et les siens ont plus que jamais embouché la trompette d’un nationalisme outré, stigmatisant l’intrusion de la communauté internationale dans les affaires d’un petit pays souverain. Ils espèrent ainsi faire oublier que c’est sur leur requête que l’espace national a été envahi, les forces rebelles bloquées dans leur progression et que la communauté internationale a entériné les mandats successifs du président Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire. Et ce, jusqu’au verdict des urnes, que l’on s’est plu à contester une fois l’échec confirmé. Dans le camp opposé, la situation n’en est pas moins périlleuse. On sent le chef du gouvernement ivoirien sorti des urnes très peu confiant par rapport aux « décisions contraignantes » devant sortir des conciliabules du panel.
A supposer que le panel impose un partage du pouvoir sous une forme inattendue. Que fera-t-on ? Ruer dans les brancards et rejeter les recommandations ? Tenter de « polir » le dossier pour ne pas faire des mécontents après toutes ces années de palabres ? Prendra-t-on le risque de cohabiter avec un partenaire coriace au risque de se mettre à dos les autres forces politiques de la coalition ? Dans le cas contraire donc, s’il y a insatisfaction, tournera-t-on le dos au sacro-saint principe de la paix si cher aux Houphouëtistes, pour chasser par les armes ceux qui passent pour des imposteurs ? En tout cas, le vin est tiré depuis ces dernières heures.
Il ne reste plus qu’à le boire jusqu’à la lie. Acteurs politiques ivoiriens et négociateurs du panel doivent savoir faire preuve de sagesse pour redonner à la Côte d’Ivoire et surtout a l’Afrique qui vote, des raisons d’espérer. Nul doute que les présidents Abdel Aziz, Kikwete, Débi, Zuma et Compaoré sont conscients qu’ils jouent dans cette énième médiation, leur crédibilité et celle de l’UA. Les Africains ont toujours fait valoir qu’il leur appartient de régler leurs problèmes, et en interne. C’est donc un euphémisme que de dire que le monde entier les observe. Les peuples africains, ouest- africains et celui ivoirien en particulier, devant juger de la qualité de leur médiation, ils n’ont pas le droit d’échouer.
Certes, on s’inquiète, on s’interroge, et, cela est bien légitime. Mais il ne faut surtout pas donner raison à ces pseudo-intellectuels qui psalmodient sans cesse des thèses loufoques. Ils savent si bien profiter des failles comme des largesses des gouvernants ! Mais, comme toujours, pour la plupart, ils savent aussi bien retourner la veste ou s’éclipser quand vient l’heure de construire une démocratie vraie : celle qui libère les énergies créatrices et aide l’Afrique à se débarrasser des scories qui l’engourdissent sur le chemin du progrès.
"Le Pays"
Avant leur arrivée à Abidjan, les présidents mauritanien, tanzanien, tchadien, sud-africain et burkinabè, ont d’abord séjourné à Nouakchott. Dans la capitale mauritanienne, la mission a échangé le week-end dernier autour des conclusions des travaux des experts. Les résultats se feront sentir durant la phase des pourparlers avec les deux protagonistes : Laurent Koudou Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara. D’ici là, il faut craindre que le contexte de violence qui règne présentement dans la capitale économique ivoirienne, ne dégénère. Pour l’heure, cela ne présage rien de bon.
Le regain de tension est devenu perceptible avec la présence ces derniers jours à Abidan, de blindés légers des militaires français de l’opération Licorne. De même, dans plusieurs quartiers de la capitale ivoirienne, on a pu constater le déploiement des casques bleus de l’ONUCI. Mais pourquoi toutes ces sautes d’humeur et ces veillées d’armes maintenant chez les frères ivoiriens ? A l’évidence, cela traduit le souci des deux camps de mettre la pression sur le panel afin de préserver ce que l’un comme l’autre considère comme des acquis.
Du côté de l’ex-majorité présidentielle, on s’est cru en devoir de faire des démonstrations de force en instaurant un couvre-feu. Outre le monopole exercé sur les médias publics pour faire passer rien que sa version de l’analyse de la situation, elle s’organise pour endiguer le fléau des mécontents du camp des Houphouëtistes. Faisant alors la politique du deux poids deux mesures, le régime du Front populaire ivoirien (FPI) a opté de ne donner la parole et l’occupation du terrain par des marches-meetings qu’à ses seuls thuriféraires.
Ce qui contraste fortement avec les idéaux de la démocratie républicaine, qui font une large place au respect des libertés, notamment la libre expression des idées et des opinions. On comprend alors pourquoi le Premier ministre Guillaume Kibafori Soro a ouvertement appelé les partisans houphouëtistes à manifester leur mécontentement face aux dérives du pouvoir, et « à faire la révolution » comme les peuples tunisien et égyptien. Cela d’autant que lui n’attend rien du panel, l’UA ayant fait preuve de complaisance à l’égard de Gbagbo qui continue de narguer l’opinion internationale.
Si les conditions de sécurité venaient à se dégrader, que ferait donc le panel ? Retournera-t-il bivouaquer en Mauritanie, ou restera-t-il sur place pour finaliser le travail conformément à sa feuille de route ? La pression baissera-t-elle une fois que l’on saura quelles solutions de sortie de crise sont proposées aux deux camps ? Il faut l’espérer. Toujours est-il que la mission de l’UA amorce cette semaine un tournant décisif. Dans un camp comme dans l’autre, on semble résolu donc à jouer sa dernière carte.
Ainsi, Gbagbo et les siens ont plus que jamais embouché la trompette d’un nationalisme outré, stigmatisant l’intrusion de la communauté internationale dans les affaires d’un petit pays souverain. Ils espèrent ainsi faire oublier que c’est sur leur requête que l’espace national a été envahi, les forces rebelles bloquées dans leur progression et que la communauté internationale a entériné les mandats successifs du président Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire. Et ce, jusqu’au verdict des urnes, que l’on s’est plu à contester une fois l’échec confirmé. Dans le camp opposé, la situation n’en est pas moins périlleuse. On sent le chef du gouvernement ivoirien sorti des urnes très peu confiant par rapport aux « décisions contraignantes » devant sortir des conciliabules du panel.
A supposer que le panel impose un partage du pouvoir sous une forme inattendue. Que fera-t-on ? Ruer dans les brancards et rejeter les recommandations ? Tenter de « polir » le dossier pour ne pas faire des mécontents après toutes ces années de palabres ? Prendra-t-on le risque de cohabiter avec un partenaire coriace au risque de se mettre à dos les autres forces politiques de la coalition ? Dans le cas contraire donc, s’il y a insatisfaction, tournera-t-on le dos au sacro-saint principe de la paix si cher aux Houphouëtistes, pour chasser par les armes ceux qui passent pour des imposteurs ? En tout cas, le vin est tiré depuis ces dernières heures.
Il ne reste plus qu’à le boire jusqu’à la lie. Acteurs politiques ivoiriens et négociateurs du panel doivent savoir faire preuve de sagesse pour redonner à la Côte d’Ivoire et surtout a l’Afrique qui vote, des raisons d’espérer. Nul doute que les présidents Abdel Aziz, Kikwete, Débi, Zuma et Compaoré sont conscients qu’ils jouent dans cette énième médiation, leur crédibilité et celle de l’UA. Les Africains ont toujours fait valoir qu’il leur appartient de régler leurs problèmes, et en interne. C’est donc un euphémisme que de dire que le monde entier les observe. Les peuples africains, ouest- africains et celui ivoirien en particulier, devant juger de la qualité de leur médiation, ils n’ont pas le droit d’échouer.
Certes, on s’inquiète, on s’interroge, et, cela est bien légitime. Mais il ne faut surtout pas donner raison à ces pseudo-intellectuels qui psalmodient sans cesse des thèses loufoques. Ils savent si bien profiter des failles comme des largesses des gouvernants ! Mais, comme toujours, pour la plupart, ils savent aussi bien retourner la veste ou s’éclipser quand vient l’heure de construire une démocratie vraie : celle qui libère les énergies créatrices et aide l’Afrique à se débarrasser des scories qui l’engourdissent sur le chemin du progrès.
"Le Pays"