L'avenir de la Côte d'Ivoire repose sur les épaules des cinq chefs d'Etat mandatés par l'Union africaine pour résoudre la crise ivoirienne. Ils doivent impérativement réussir la médiation dite de la dernière chance à eux confiée par la communauté internationale. Ce succès escompté à l'intervention du panel devrait épargner au pays un bain de sang dont les affrontements entre forces de l'ordre et civils sont le signe avant-coureur. L'Onu partage la même inquiétude, elle qui a tiré la sonnette d'alarme la veille de l'arrivée à Abidjan du panel. « Le clan Gbagbo a une longue tradition de mobilisation de miliciens et de foules très hostiles et armées qu'il tente actuellement de mobiliser. Chaque semaine, nous constatons des tentatives de mobilisation », a déclaré jeudi le commissaire Jean-Marie Bourry dans un entretien accordé au centre d'actualités de l'ONU. Il en a déduit que « tout prête à penser que nous sommes dans la préparation d'une guerre civile ». Hier, encore, l'institution internationale s'est inquiétée de la dégradation de la situation ivoirienne suite à la sévère répression de la protestation des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « L'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (Onuci) déplore vivement le niveau de violence atteint depuis quelques jours lors de manifestations organisées dans la ville d'Abidjan et sa banlieue », a écrit l'Onuci. Laquelle dénonce, par ailleurs, l'usage « disproportionné de la force » contre des civils. Le Rhdp a enregistré au moins vingt-deux morts en trois jours de protestation (samedi à lundi), selon sa cellule sociale que dirige le secrétaire général chargé de la mobilisation du Pdci, Maurice Kacou Guikahué. Mardi, ces manifestations se sont poursuivies, mais pas dans la même ferveur que les jours passés. Toutefois, il faut rappeler que le décompte macabre affiche plus de 500 personnes tuées dans la crise post-électorale. Ce bilan tient compte des forces de l'ordre tuées alors qu'ils tentaient de contrôler les marches et autres actions du Rhdp dans le cadre de l' “Opération pays-mort'' ou de “désobéissance civile''. Face à la flambée de la violence donc, l'Onuci espère se faire entendre des parties en conflit. Dans un communiqué qu'il a produit, mardi, elle les appelle à faire preuve de retenue. L'interpellation vaut pour, dit-elle, donner une chance aux efforts politiques et diplomatiques en cours au plus haut niveau pour trouver une issue pacifique à la crise post-électorale ivoirienne.
Bidi Ignace
Bidi Ignace