En sollicitant l`intervention de l`Union africaine dans le dossier ivoirien, Laurent Gbagbo savait pertinemment l`objectif qu`il poursuivait. Il ne s`agissait ni plus ni moins que de tenter de gagner du temps, notamment en opposant l`UA à la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cedeao). Grâce au président sud-africain, Jacob Zuma, l`ancien chef de l`Etat n`est pas loin d`atteindre une partie de cet objectif. Car, dans le cadre de la mission du panel qu`elle a mis en place, l`UA n`a rien trouvé à redire sur les menaces qui pesaient sur le président burkinabé, Blaise Compaoré qui représente la Cedeao dans le panel. Les menaces du camp Gbagbo contre M. Compaoré n`ont pas ému les autres membres du panel qui ont fait le déplacement. « La Commission de la Cedeao s`est inquiétée de voir que le panel a malgré tout décidé d`effectuer immédiatement la visite, sans la participation d`un membre important, dont les contributions au processus de paix en Côte d`Ivoire sont inestimables et qui mérite de meilleures appréciations et davantage de respect », a vertement critiqué la Commission de la Cedeao. Le second croc-en-jambes que l`UA a décidé de faire à l`organisation sous-régionale ouest-africaine, ce sont ses tergiversations étalées lors de son séjour à Abidjan. Alors qu`ils ont dûment mandaté, du 6 au 10 février, des experts pour évaluer le processus électoral ivoirien, Jacob Zuma et ses pairs se sont laissés aller à une énième évaluation de l`élection présidentielle ivoirienne. Une telle démarche est d`autant plus embarrassante d`autant que la Cedeao aussi bien que l`UA ont dépêché des observateurs pour superviser les deux tours du scrutin présidentiel. Mais, ce qui apparaît agaçant tant pour les Ivoiriens que pour la Cedeao, c`est que, pendant que l`UA continue de tergiverser, les populations continuent de mourir en cascade, au grand bonheur des frontistes dont l`arrivée et le départ du pouvoir, auront été suffisamment arrosés du sang de leurs compatriotes.
Marc Dossa
Marc Dossa