Le président sud-africain, Jacob Zuma, médiateur dans la crise post-électorale ivoirienne, s'est finalement laissé prendre à son double jeu. Mardi, à Abidjan, pour tenter de dénouer la crise avec ses pairs, son sous-ministre des Affaires étrangères s'est laissé aller à des confidences dérangeantes.
Derrière son manteau de médiateur dans la crise post-électorale, Jacob Zuma est résolument à la recherche de débouchés pour les entreprises sud-africaines. Et, pour le dignitaire zoulou qui s'est visiblement attaché les services de son prédécesseur, Thabo M'Beki, en qualité de conseiller pour les affaires ivoiriennes, il n'y a que Laurent Gbagbo pour offrir de nouveaux contrats juteux aux opérateurs économiques du pays de Nelson Mandela. Le chef de file du Front populaire ivoirien (Fpi) étant dans une posture délicate, MM Zuma et M'Beki se croient en capacité de réaliser de bonnes affaires avec lui. De source proche des services secrets sud-africains, M. Zuma verrait bien ses compatriotes investir dans les secteurs pétroliers et bancaires où le clan de Laurent Gbagbo joue en ce moment à fond, la carte de la nationalisation des établissements bancaires à capitaux français. Les concessions que les Sud-africains lorgnent seraient enrobés dans un combat panafricaniste. Et, pour parvenir à leurs fins, Jacob Zuma et Thabo M'Beki sont convenus de prendre le parti de Laurent Gbagbo, en jouant la carte du pourrissement de la situation, allant jusqu'à fournir des armes et des mercenaires au régime de Laurent Gbagbo. Selon une source digne de foi, le Sas Drakensberg, le navire sud-africain dépêché par Zuma, à Abidjan, n'avait seulement pour vocation d'évacuer le personnel de l'ambassade sud-africaine ou d'accompagner le successeur de M'Beki. Outre les équipements militaires, il avait à son bord, des mercenaires angolais. La sortie, lundi soir, du ministre sud-africain adjoint aux Affaires étrangères, Ibrahim Ibrahim, n'est donc pas fortuite. Battant en brèche, les conclusions du travail des experts de l'Union africaine qui avait posé comme canevas de travail aux chefs d'Etat du panel, la reconnaissance de la victoire d'Alassane Ouattara et un non-partage du pouvoir, Ibrahim Ibrahim a fait remarquer que la solution à la crise passerait soit par une reprise du vote, soit par un partage du pouvoir.
Son passé plaide en sa défaveur
En effet, dans l'esprit des deux autorités sud-africaines, avec la rigueur affichée par le nouveau président, Alassane Ouattara, il serait difficile pour les hommes d'affaires sud-africaines de remporter le moindre marché en Côte d'Ivoire. Sur conseil de l'Angolais Eduardo dos Santos, MM. Zuma et M'Beki s'investissent donc à fond dans l'opération de sauvetage du régime Gbagbo.
Son passé plaide en sa défaveur.
En la matière, Jacob Zuma n'est pas à sa première expérience. En 2005, alors qu'il attend son heure, en sa qualité de vice-président de la République, pour succéder à Thabo M'Beki, M. Zuma est empêtré dans une affaire sale. Il est soupçonné d'avoir influencé un commerce d'armes entre son pays et la société française Thalès. Il est même accusé d'avoir encaissé la rondelette somme de 104 millions au titre de sa commission. Alors qu'il n'en avait pas fini avec la justice pour cette question de pot-de-vin, le nom de l'actuel président de la nation arc-en-ciel est mêlé, le 6 décembre 2005, à une autre affaire de viol sur une jeune femme séropositive de trente-et-un ans. Là encore, il sera traîné devant les tribunaux de Johannesburg. Et, quand bien même, il sera relaxé par le juge Van der Merwe, Jacob Zuma n'en a pas moins été réprimandé pour son comportement sexuel, estimant qu'il était « totalement inacceptable » qu'un homme ait des relations sexuelles non protégées « avec une personne dont il sait qu'elle est séropositive ». A l'époque, M. M'Beki qui digérait mal que son dauphin putatif traîne autant de casseroles, a usé de toutes sortes de subterfuges pour déchoir M. Zuma de ses fonctions de vice-président de la République et de vice-président du parti au pouvoir, le Congrès national africain (Anc). Alors que l'ancien président sud-africaine a bouclé ses deux mandats ''constitutionnels'' à la tête de l'Anc, il tente d'en briguer un troisième, pour tenter de barrer la route du pouvoir à Zuma, indigne à ses yeux de prendre la tête de la puissante Afrique du Sud. C'est en partie grâce à la sollicitude de l'emblématique Nelson Mandela que M. Zuma se remet en selle. Mais, en dépit de sa brillante victoire aux primaires de l'Anc, Helen Zille, chef de l'opposition parlementaire de l'époque, ne manqua de faire cette remarque désobligeante : «ala victoire de Zuma est un jour sombre pour l'Anc et l'Afrique du Sud ». Une remarque qui prend, aujourd'hui, tout son sens dans le jeu trouble et trop intéressé de Jacob Zuma dans la crise ivoirienne. Le président sud-africain peut-il continuer de bénéficier de la confiance? Pas sûr, dans la mesure où il adhère à une tourbe.
Marc Dossa
Derrière son manteau de médiateur dans la crise post-électorale, Jacob Zuma est résolument à la recherche de débouchés pour les entreprises sud-africaines. Et, pour le dignitaire zoulou qui s'est visiblement attaché les services de son prédécesseur, Thabo M'Beki, en qualité de conseiller pour les affaires ivoiriennes, il n'y a que Laurent Gbagbo pour offrir de nouveaux contrats juteux aux opérateurs économiques du pays de Nelson Mandela. Le chef de file du Front populaire ivoirien (Fpi) étant dans une posture délicate, MM Zuma et M'Beki se croient en capacité de réaliser de bonnes affaires avec lui. De source proche des services secrets sud-africains, M. Zuma verrait bien ses compatriotes investir dans les secteurs pétroliers et bancaires où le clan de Laurent Gbagbo joue en ce moment à fond, la carte de la nationalisation des établissements bancaires à capitaux français. Les concessions que les Sud-africains lorgnent seraient enrobés dans un combat panafricaniste. Et, pour parvenir à leurs fins, Jacob Zuma et Thabo M'Beki sont convenus de prendre le parti de Laurent Gbagbo, en jouant la carte du pourrissement de la situation, allant jusqu'à fournir des armes et des mercenaires au régime de Laurent Gbagbo. Selon une source digne de foi, le Sas Drakensberg, le navire sud-africain dépêché par Zuma, à Abidjan, n'avait seulement pour vocation d'évacuer le personnel de l'ambassade sud-africaine ou d'accompagner le successeur de M'Beki. Outre les équipements militaires, il avait à son bord, des mercenaires angolais. La sortie, lundi soir, du ministre sud-africain adjoint aux Affaires étrangères, Ibrahim Ibrahim, n'est donc pas fortuite. Battant en brèche, les conclusions du travail des experts de l'Union africaine qui avait posé comme canevas de travail aux chefs d'Etat du panel, la reconnaissance de la victoire d'Alassane Ouattara et un non-partage du pouvoir, Ibrahim Ibrahim a fait remarquer que la solution à la crise passerait soit par une reprise du vote, soit par un partage du pouvoir.
Son passé plaide en sa défaveur
En effet, dans l'esprit des deux autorités sud-africaines, avec la rigueur affichée par le nouveau président, Alassane Ouattara, il serait difficile pour les hommes d'affaires sud-africaines de remporter le moindre marché en Côte d'Ivoire. Sur conseil de l'Angolais Eduardo dos Santos, MM. Zuma et M'Beki s'investissent donc à fond dans l'opération de sauvetage du régime Gbagbo.
Son passé plaide en sa défaveur.
En la matière, Jacob Zuma n'est pas à sa première expérience. En 2005, alors qu'il attend son heure, en sa qualité de vice-président de la République, pour succéder à Thabo M'Beki, M. Zuma est empêtré dans une affaire sale. Il est soupçonné d'avoir influencé un commerce d'armes entre son pays et la société française Thalès. Il est même accusé d'avoir encaissé la rondelette somme de 104 millions au titre de sa commission. Alors qu'il n'en avait pas fini avec la justice pour cette question de pot-de-vin, le nom de l'actuel président de la nation arc-en-ciel est mêlé, le 6 décembre 2005, à une autre affaire de viol sur une jeune femme séropositive de trente-et-un ans. Là encore, il sera traîné devant les tribunaux de Johannesburg. Et, quand bien même, il sera relaxé par le juge Van der Merwe, Jacob Zuma n'en a pas moins été réprimandé pour son comportement sexuel, estimant qu'il était « totalement inacceptable » qu'un homme ait des relations sexuelles non protégées « avec une personne dont il sait qu'elle est séropositive ». A l'époque, M. M'Beki qui digérait mal que son dauphin putatif traîne autant de casseroles, a usé de toutes sortes de subterfuges pour déchoir M. Zuma de ses fonctions de vice-président de la République et de vice-président du parti au pouvoir, le Congrès national africain (Anc). Alors que l'ancien président sud-africaine a bouclé ses deux mandats ''constitutionnels'' à la tête de l'Anc, il tente d'en briguer un troisième, pour tenter de barrer la route du pouvoir à Zuma, indigne à ses yeux de prendre la tête de la puissante Afrique du Sud. C'est en partie grâce à la sollicitude de l'emblématique Nelson Mandela que M. Zuma se remet en selle. Mais, en dépit de sa brillante victoire aux primaires de l'Anc, Helen Zille, chef de l'opposition parlementaire de l'époque, ne manqua de faire cette remarque désobligeante : «ala victoire de Zuma est un jour sombre pour l'Anc et l'Afrique du Sud ». Une remarque qui prend, aujourd'hui, tout son sens dans le jeu trouble et trop intéressé de Jacob Zuma dans la crise ivoirienne. Le président sud-africain peut-il continuer de bénéficier de la confiance? Pas sûr, dans la mesure où il adhère à une tourbe.
Marc Dossa